Mère Aguilberte... Faremoutiers... Unité... :
Trois mots liés les uns aux autres et qui ont tissé notre mois de janvier
Mère Aguilberte
Femme au caractère exceptionnel, elle avait guidé la communauté sur son chemin de 1966 à 1995.
Années ô combien fortes dans la vie de l’Église, du monachisme et de la société. Nous lui en étions très reconnaissantes… et nous n’étions pas les seules !
Le jour de ses obsèques, de très nombreuses communautés sont venues témoigner de tout ce que Mère Aguilberte leur avait apporté de soutien, d’élan, de joie, de sagesse… et elles n’étaient pas les seules !
Que de proches de sa famille ou de jotranciens ont eux aussi témoigné de la vitalité de sa foi et de son amour.
Merci à chacun !
Il y a dans les deux lectures que nous venons d’ entendre une unité profonde. Nous sommes passés du récit de la célébration de l’eucharistie dans l’une des premières communautés chrétiennes pour remonter à ce qui en était la source, le soir du jeudi saint, ce grand acte de Jésus Serviteur offrant sa vie pour le salut du monde. Il pose un acte de serviteur en commençant par laver les pieds de ses apôtres.. On passe de l’un à l’autre quasiment sans transition, au cœur de la grande prière de Jésus, prière sacerdotale de consécration :
« Consacre les dans la vérité. Ta parole est vérité. Pour eux je me consacre moi-même pour qu’ils soient eux aussi consacrés en vérité » Jn 17
Cette unité, elle est en Jésus lui-même. Aucune duplicité en lui. Il parle vrai et il agit vrai. Chacun d’entre nous est créé à son image et ressemblance et nous ne devons pas nous étonner de trouver cette unité en celle qui nous rassemble aujourd’hui. Elle apparaissait dans la continuité de sa vie. N’est elle pas passé presque sans transition de sa vie sur terre à celle du ciel ? Vous êtes nombreuses a retenir que quelques heures avant sa mort elle prenait son repas avec tout le monde, la veille elle était à l’atelier.
Il y a quelques jours j’ai remarqué moi-même en allant la voir qu’elle avait cessé d’écrire, les deux grands cahiers de ses contes étaient fermés. Quelques jours après elle les remettait à quelqu’un de sa famille. Peu à peu, en bonne maîtresse d’école qu’elle était elle rangeait ses affaires après la dernière classe, paisiblement, sachant où elle allait, sans dramatiser.
Comment pouvait-elle garder cette paix ? Il me semble qu’elle avait deux ressources.
La première c’était son sourire, qui ne la quittait guère. Elle s’en servait en premier lieu pour lutter contre sa surdité. Comment en vouloir à quelqu’un qui ne vous comprend pas mais qui vous répond par un large sourire? Un sourire malicieux qui accompagnait des questions sérieuses comme celle-ci : « Dans l’histoire d’Eric, j’ai écrit que son petit chien faisait sa prière avec lui : ai-je le droit de dire cela ? »
Mais elle avait une autre ressource, d’un autre ordre, le volcan qu’elle portait en elle-même.
En cela nous savons bien qu’elle s’identifiait à « son » île . Mais c’était surtout le feu de cette passion qui l’avait poussée un beau jour, vers la fin de la guerre, à frapper à la porte du monastère où il lui sera donné d’unir, là aussi, vie contemplative et vie de service auprès des enfants de l’école.
« Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde à son Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin… »
En donnant sa vie à Dieu, sœur Prisca a aimé jusqu’à la fin, les enfants de l’école devenus grands, ses sœurs. Deo gratias !
« Ô mon ile, la Réunion
En toi, tout est nuance et variété, fleur du paradis de Dieu
Ta devise : « je fleurirai partout où je serai porté »
Chante la vie et l’espérance ;
Elle annonce la résurrection
Ô mon ile la Réunion
Symbole de l‘Eglise notre Mère, en toi, races, peuples et nations
Trouvent un même langage
Ecoute la voix de ton Pasteur
Faire-part
Le mardi 31 janvier 2017,
en la fête de Saint Jean Bosco,
éducateur de la jeunesse,
Sœur Prisca,
Geneviève Rivière,
s’en est allée auprès du Seigneur
à qui elle a donné
toute sa vie.
Née en Bourgogne le 12 février 1921,
elle allait avoir 96 ans,
et était dans la 72ème année de sa profession.
Son père, combattant de la Grande Guerre, originaire de l’Ile de la Réunion
lui avait légué un tempérament de feu : « Moi, j’ai un volcan à l’intérieur » disait-elle !
Oblate, c’est avec cet enthousiasme qu’elle dirigea l’ « École Sainte Marie »,
adjointe au monastère, laissant d’inoubliables souvenirs à de nombreux jeunes,
de Jouarre ou d’ailleurs, qui ont bénéficié de sa pédagogie.
La catéchèse aussi la passionnait, et les traits simples et sûrs
de ses dessins pour les petits faisaient merveille.
A partir de 1968, lors du développement de l’hospitalité monastique,
la petite école ayant été fermée, Sœur Prisca se dévoua à l’accueil des prêtres
à l’Aumônerie avec une générosité et une discrète attention que tous lui reconnaissaient.
Elle exerçait en même temps ses talents à l’atelier de céramique,
où elle avait une maîtrise parfaite de l’émaillage au pinceau.
Elle s’est d’ailleurs rendue quotidiennement à l’atelier presque jusqu’à son dernier jour.
Elle aimait les recherches historiques sur la vie monastique,
et compilait des quantités de documents qu’elle recopiait de son écriture fine et régulière.
Les fêtes communautaires la trouvaient toujours prête à « monter sur les planches » !
Sa fougue ardente n’était pas sans lui jouer des tours et fragiliser parfois son équilibre,
mais il suffisait alors de faire appel à sa créativité
pour que la paix et le sourire lui reviennent.
Les professionnels de santé qui l’ont approchée depuis qu’elle résidait à l’Infirmerie
ont été marqués par son attention affectueuse à chacun
qui témoignait de sa longue vie de combat spirituel et de sa Foi.
Avec nous, rendez grâce et priez pour elle !
Obsèques à l’Abbaye Notre Dame de Jouarre (77640) le samedi 4 février à 14h30
Il est souvent question d’évangélisation de nos jours, y compris de nouvelle évangélisation, il y a quelques années.
Se souvenir que l’on n’a jamais cessé d’évangéliser :
Les moines irlandais qui ont évangélisé notre région aux temps mérovingiens : St Colomban St Fiacre, St Faron, Ste Telchilde, etc
Marie de l’Incarnation qui part au Canada avec les Ursulines au 17ème s.
Les Franciscaines de Marie qui partent en Chine au début du siècle dernier. Elles partaient alors en sachant ne plus jamais revenir en France, etc, etc
L’évangélisation est dans la nature même de l’Eglise : « Malheur à moi si je n’évangélise pas ! », disait saint Paul. Mais l’on peut s’interroger : Que cherchons nous dans l’évangélisation ?