En ces dimanches du temps pascal, nous revivons ce que les premiers disciples ont vécu au lendemain de la résurrection, l’événement qui bouleversait leur vie.
Les trois lectures que nous venons d’entendre nous en parlent.
La première, le discours de Pierre, reprend ce que Jésus dit aux disciples d’Emmaüs, quand après les avoir rejoints et écoutés, il les invite à relire ce qu’ils savaient peut-être par cœur, mais qu’ils n’avaient jamais compris, comment ces paroles d’Isaïe et des psaumes parlaient de ce qui venait de se passer.
Il est un point d’une grande importance que Pierre met en évidence. Nous entendons souvent dire que Dieu veut que le Christ meure sur la Croix pour payer nos dettes envers lui et subir le châtiment que nous méritons. Or ce n’est pas ce que dit Pierre : « Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens ». Attention aux mots.
N’allons pas croire que Jésus passe à travers les portes. Si ses disciples le voient tout à coup dans la pièce où ils étaient enfermés, c’est qu’il était déjà là, d’une présence invisible, mais universelle. Peu à peu ils se souviendront de ce qu’il leur avait dit lors de leur dernier repas : « Moi en eux et Toi, le Père en moi, pour qu’ils soient parfaitement un » Jn 17/20. Le Christ se trouve partout où nous sommes. Les portes sont fermées, non pour permettre d’entrer, mais pour que nous puissions sortir « Je vous envoie » dit Jésus. Il a dit qu’il ferait des croyants réunis sa demeure. Donc là où se trouve le disciple se trouve le Christ. C’est chacun de nous qui devient sa demeure, chacun de nous dans la mesure où il est comme Lui, tourné vers le Père et vers les autres.
Aucun d’eux n’y avait pensé. Où alors ils se sont dit : c’est à un autre de le faire. C’est bon pour les esclaves.Voici que Jésus le fait. St Jean décrit la scène avec une grande solennité, quasi liturgique, à l’étonnement des disciples.
Pourquoi Jésus agit-il ainsi ?
Pour leur donner une leçon, leur inculquer l’esprit de service ? La réponse semble aller de soi, puisque lui-même déclare :
Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez faire de même car je vous ai donné l’exemple
Mais cette interprétation est trop moralisante et pédagogique. Jésus n’est pas venu pour cela. Assez de sages l’ont fait, dans l’histoire même du peuple. Suivre Jésus ne veut pas dire l’imiter dans des actes extérieurs, mais vivre en lui et par lui, se laisser guider par son esprit. Nous devons aller plus au fond des choses.
Comment Dieu nous apparaît-il en Jésus Christ ? La réponse est dans le premier verset : « Ayant aimé les siens qui étaient dans ce monde, il les aima jusqu’au bout… », ce à quoi il ajoute l’action de laver les pieds des disciples . Il se révèle comme l’amour, mais pas n’importe lequel, un amour sans commune mesure avec ce que nous entendons par là, un amour qui prend la forme du service humble et humiliant. Dieu qui s’abaisse. L’incarnation est l’humilité fondamentale. Dieu qui s’anéantit lui-même en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes.
C’est dans ce néant que jaillit la seconde création, celle de l’homme debout, tourné vers Dieu
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