Au début de son évangile, Luc déclarait : « Il m’a paru bon, à moi aussi, après m’être soigneusement informé de tout à partir des origines, d’en écrire pour toi un récit ordonné, très honorable Théophile, afin que tu puisses constater la solidité des enseignements que tu as reçus » 1/1-4. C’est ce qu’il fait dans l’énumération que nous venons d’entendre. C’est bref, précis, cela suffit. Il suggère aussi que les événements qu’il raconte ne se sont pas déroulés dans un coin perdu de l’univers, mais qu’ils concernent le monde entier.
Contraste saisissant, la Parole de Dieu, celle qui fait exister l’univers n’est adressée à aucun de ces potentats qui le gouvernent, mais au fils de Zacharie, dont on ignore les titres, même pas s’il est prêtre comme son père.
Ce début de l’évangile ressemble beaucoup à ce que nous entendons chaque matin quand nous prenons notre petit déjeuner ou lorsque nous déplions notre journal.
Ce langage est emprunté à un genre littéraire qui ne date pas d’aujourd’hui, car il s’est développé en gros entre les années 150 av. J.C et 100 après, dans la littérature juive, une façon de parler de choses que l’on ignore. Celui qui parle est un visionnaire qui prétend avoir une connaissance secrète du passé, du présent et de l’avenir, et surtout de la fin des temps. Il abonde en images, en symboles, parfois terrifiants pour exprimer le combat ultime entre Dieu et les armées de Satan.
Sans avoir à y recourir, nous pouvons exprimer la même chose en parlant du réchauffement de la planète, trous dans la couche d’ozone, la crise qui s’installait, de la PMA, de la guerre, la vraie, celle qui écrase les populations, les jette sur les routes de l’exode. Ce sont toujours les petits peuples qui en font les frais : Syrie, Palestine, Yémen, Sahraouis, Afghanistan, combien d’autres...
Dans les apocalypses, tout est décidé d’avance.
Mais il n’en va pas de même dans l’évangile
qui insiste fortement sur la liberté de l’homme
dans son rapport à l’histoire et à son accomplissement.
Un roi, c’est celui qui a le pouvoir de décision. Dans l’Antiquité, il avait à la fois le pouvoir législatif et exécutif. Le thème de la royauté divine signifie qu’il n’y a aucun pouvoir supérieur à celui de Dieu. Mais la bible nous montre le Créateur confier l’univers à l’homme : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez la » Dieu se dessaisit donc de son pouvoir en faveur de l’homme. Mais ce dernier va se trouver affronté à bien des forces qui le dépassent, à commencer par celles qui commandent les phénomènes naturels. Il faudra qu’il apprenne à les connaître, les désarmer, les utiliser. Nous sommes encore loin de compte ! Affirmer que Dieu est le roi de la création revient à dire que nous ne sommes quand même pas abandonnés par lui, mais qu’Il est là, à l’œuvre avec nous, même si nous n’avons pas fini de déchiffrer le mystère de sa Royauté.
Parler du Christ Roi est un pléonasme. « Christ » signifie « celui qui a reçu l’onction », celle par laquelle on sacrait les rois, comme il nous est dit de David. Il est vrai que à l’époque où l’on s’est mis à parler beaucoup du Christ Roi jusqu’à instituer une fête pour ce titre, les intentions n’étaient sans doute pas complètement religieuses. C’était l’époque où l’on rejetait un pouvoir clérical qui voulait régenter trop de choses parce que l’on ne distinguait pas bien Dieu et César. Mais la royauté du Christ ne se limite pas à ce point de vue.
Nous pouvons nous demander : sur qui et sur quoi le Christ règne-t-il ?
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