Même si vous n’avez jamais fait de montagne vous savez qu’il n’y a aucune commune mesure entre ce que vous voyez au pied d’un glacier lors de la marche d’approche et au centre de ce même glacier, perdu que vous êtes alors dans une vaste étendue blanche...
Les béatitudes sont toujours liées à la montagne. Pourquoi ? Parce que selon le livre de l’Exode, Moïse avait reçu la Loi dans la solitude de la montagne, puis il était redescendu dans la plaine pour la communiquer au peuple. La montagne apparait comme le lieu de la transcendance divine.
Chez Luc cette transcendance se fait proximité, mais c’est toujours bien Dieu qui parle, par Moïse ou par les apôtres. Remarquons toutefois que Moïse est porteur d’une Loi alors que les apôtres annoncent une bonne nouvelle... D’un côté la récompense promise à la perfection morale, de l’autre la compensation aux malheurs qui frappent les hommes. Dieu n’a pas changé d’idée, mais il fallait que nous prenons conscience de notre péché avant de découvrir que c’est par grâce que nous sommes sauvés.
Luc insiste sur le « maintenant », la fin du maintenant de l’épreuve, celle des maux est au futur. La joie annoncée ne peut nous atteindre que par la foi et l’espérance qui nous permettent d’utiliser ce que nous avons à supporter pour accéder à la loi de l’amour : aimer quand même. Il est possible d’être heureux alors qu’on est en proie à la faim et aux larmes. Cela parait invraisemblable et c’est pourquoi Jésus vient nous le révéler. La bonne nouvelle a du mal à passer (quatre fois chez Luc, huit fois chez Matthieu). La foi exige de franchir les apparences. Ce n’est ni la vie ni la mort qui peuvent nous séparer du Christ.
Ils lavaient leurs filets, comme des travailleurs soigneux de leurs instruments de travail. Ce que Jésus disait ne semblait pas les préoccuper... Ils étaient fatigués après une nuit sans rien prendre. Des pêcheurs comme nous en voyons à leur retour de pêche. C’est à l’un d’entre eux que Jésus va demander un service : monter dans sa barque et s’écarter un peu du rivage pour pouvoir parler plus commodément à la foule, un petit service, de ceux que l’on ne peut pas refuser.
Simon et les autres ignorent encore ce qui les attend. Ils sont de ceux que Jésus appelle et choisit, non pas des spécialistes de la religion, des savants de l’Écriture. Ils sont à mettre du côté de la veuve et du lépreux de dimanche dernier, de David, le dernier auquel on ne pensait pas, tiré de derrière ses brebis pour devenir le berger de son peuple. Souvenons nous de la centième brebis plus importante que les 99 autres.. Ceux qui deviendront les colonnes de l’Église ne seront pas les notables d’Israël.
Et voici que Jésus demande à Simon et ses compagnons d’aller au large et de refaire ce qu’ils ont fait sans succès toute la nuit : jeter les filets. Simon accepte de faire ce qu’il considère comme inutile, ridicule. Il connaît son métier ! Et le voici témoin du prodige, les filets remplis au risque de craquer, l’appel à ceux qui sont restés pour leur venir en aide.
Jamais ils n’avaient vu cela, comme le signe qu’ils ont atteint les limites de leur métier qu’ils vont devoir dépasser. C’est l’entrée dans un autre monde !
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Mettons-nous un instant à la place des gens de Nazareth, réunis comme chaque samedi dans leur synagogue, comme nous le faisons ici chaque dimanche. L’un d’eux, qu’ils connaissent bien, un dénommé Jésus, est invité à faire la lecture comme nous le faisons ici. Quelqu’un qui sait lire. Il vient de lire un passage du prophète Isaïe, rend le livre au servant, s’assied, et observe un temps de silence.
Tout le monde réfléchit à partir de ce texte bien connu depuis au moins cinq siècles, écrit lors d’une période douloureuse, après l’exil, où il fallait reconstruire sur des bases plus solides qu’autrefois. On attendait, un peu comme chez tous les peuples en situation difficile, quelqu’un qui viendrait remettre les choses en ordre. On l’attendait comme un sauveur, un messie. Certains profitaient même de cette attente pour se présenter comme le messie. D’autres se demandaient pourquoi il mettait tant de temps à venir.
Alors survient l’événement, quand Jésus déclare brusquement :
« ce que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui que cela se réalise »,
autrement dit : « ce Messie c’est moi. ».
C’est la stupéfaction. Que vont-ils comprendre alors ?