Il y a en nous une force qui nous pousse à nous préférer à tous les autres, à prendre le pouvoir, à dominer, au sein de nos familles, dans notre milieu professionnel, au sommet de l’Etat : « tous les royaumes de la terre je te les donnerai… ». L’ambition est un tyran démoniaque que beaucoup considèrent comme une vertu. Tout nous pousse à attirer l’attention et à susciter l’admiration pour nos exploits : « Si tu es le Fils de Dieu comme tu l’as entendu lors de ton baptême, jette toi en bas du sommet du temple ». Certes Jésus fera des miracles, mais ce ne sera jamais pour sa notoriété. Il imposera le silence aux bénéficiaires.
Satan interprète l’Écriture, Gen 3, a contrario, mais Jésus lui répond par trois citations du Deutéronome. Parole de Dieu Jésus se soumet à la Parole, il obéit « Il s’est anéanti lui-même se faisant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix » Phil 2/8. Il va donc à l’encontre de nos réactions spontanées, les nôtres et peut-être les siennes, du fait que l’évangile situe ces scènes au début de la vie publique, alors que commence l’annonce du Royaume de Dieu et l’invitation à y entrer. Plusieurs ont leur idée à ce sujet.
Une petite parabole. Elle interdit de juger les autres. Nous avons tous rencontré des gens qui aiment bien donner des conseils : « Si j’étais toi, si j’étais à ta place, je ferais ceci ou cela… » On nous le demande parfois. Il y en a dont c’est la fonction, le métier, leur rôle dans la société.. Certains en conduisent d’autres sur les chemins de Dieu. L’évangile lui-même nous y invite : « si ton frère vient à pêcher, va le trouver et reprends le seul à seul… » Vous connaissez la suite dans Mt 18/15. On trouve ici l’écho d’une véritable procédure pour aider quelqu’un à y voir clair, sans juger trop vite.
Celui qui aide l’autre sur ce chemin ne s’imagine pas qu’il est devenu aussi grand que le Maître et encore moins qu’il lui est supérieur. Un long temps de maturation est nécessaire au cours duquel le disciple laisse pénétrer en lui la manière de parler et d’agir de son Seigneur. Sinon il sera comme un aveugle qui prétendrait conduire un autre aveugle.
Quand un accompagnateur, un conseiller, un ami devient-il aveugle ? Quand il cesse d’accompagner, de cheminer avec et se met en position de surplomb, dans l’attitude de celui qui sait, qui juge et condamne.
« Comme vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites pour eux de même »
Ce verset, porte un nom, signe de son importance : la règle d’or. A qui s’adresse Jésus ? A toute une foule de gens venus de Judée et de Jérusalem, du littoral de Tyr et de Sidon, pour l’écouter et se faire guérir de leurs maladies ; des gens de toutes sortes, pas seulement des juifs. Une parole de portée universelle, valable pour tout homme.
Les paroles qui viennent ensuite signalent les réformes les plus indispensables de nos jugements et de nos attitudes. La loi du talion autrefois marquait déjà un grand progrès dans tout un cycle de vengeance.
Mais il est possible d’aller plus loin.
« Donne à qui te demande », c’est bien, mais ce n’est pas à mettre en pratique immédiatement et dans tous les cas. Nous savons qu’il y a des occasions où il ne faut pas donner parce que cela encouragerait de mauvaises habitudes.
Jésus veut éveiller notre conscience :
« Pourquoi refuses-tu de donner ?
As-tu peur de ne pas être remboursé ?
N’est-ce pas le moment de te défaire de ton trésor ?
Et l’on peut faire encore un pas de plus :
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