À voir autour de nous, comme une couronne, les montagnes qui dormaient, plus noires qu’est noir un mouton noir, à voir, cette nuit-là, le ciel et les planètes, Mars et Vénus et Jupiter, et les Perséides tombant en pluie d’argent, et les étoiles par myriades et les galaxies et la couronne immense de la Voie lactée d’un bout de la Terre à l’autre — à voir tout cela, cette nuit-là, dans le Haut-Atlas marocain, alors que nous avions vingt ans et que nous étions de pleins de rêves et d’idéaux et d’orgueil, alors que nous nous prenions alternativement plusieurs fois par jour pour très nobles ou très misérables mais de toute façon très importants — à voir cette indicible splendeur, cette nuit-là, nous nous sommes demandé :
qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que tu penses à lui ?
Que sommes-nous dans cet univers,
tandis que la Terre cingle dans l’espace,
tout en tournant autour du Soleil, à la vitesse de 700 000 km/h,
et nous poussière sur ce vaisseau ?
Que sommes-nous devant Dieu
si l’œuvre de Dieu est aussi grande, aussi belle,
aussi incommensurable à notre petitesse ?
Dieu lui-même répond : nous sommes un peu moindres que lui. Nous sommes à peine moindres que lui.
A la Pentecôte, ceux qui sont à Jérusalem viennent de tous les coins du monde connu. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous. Ils ont entendu parler de résurrection. Quand ils entendent Pierre et les autres chanter les merveilles de Dieu et proclamer la Bonne Nouvelle ils sont rejoints dans ce coin d’eux-mêmes qui aspire à autre chose, qui attend qu’enfin advienne un monde nouveau. Et le miracle se produit.
Ils comprennent et se comprennent. C’est l’étonnement : « comment se fait-il que chacun de nous entende ces Galiléens dans sa langue maternelle ? ». La vérité se révèle.
Nous savons qu’il y a bien des manières de l’approcher
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Grâce à cet évangile de Jean, nous venons de voir et d’entendre Jésus prier. Ce n’est pas la première fois. Souvenez-vous, à plusieurs reprises ses disciples l’ont vu prier la nuit, souvent à l’écart, au point qu’ils ont osé lui demander un jour : « Apprends-nous à prier ! » Il leur a enseigné le Notre Père. Ils l’ont entendu dire : « Je te rends grâce ô Père d’avoir caché ces choses aux sages et aux puissants et de les avoir révélées aux tout petits ! » La prière faisait partie de sa vie, mais cette fois c’est autre chose.
L’heure est grave, nous sommes à quelques instants de la trahison, de l’arrestation. La violence et la mort rodent. Mais l’heure ruisselle d’amour.
« Ayant aimé les siens qui étaient dans ce monde, il les aima jusqu’au bout »…
« …pour qu’ils ne fassent qu’un comme toi en moi et moi en toi et que le monde croie»