Nous avons à prendre au sérieux la gratuité du don de Dieu. Ce n’est pas en raison de nos mérites, ni de nos bonnes pensées que Dieu vient nous combler, mais parce qu’il nous aime.
Il y faut cependant un déplacement de notre part, celui du fils retournant vers son père. De quoi s’agit-il ? Simplement de notre confiance, de notre abandon, de notre foi en cet amour qui nous fait exister, nous enveloppe, qui est inscrit au plus profond de nous-mêmes.
Le père ne peut rien pour le fils tant que le fils ne se tourne pas vers lui.
Dieu ne peut nous donner notre bonheur sans notre assentiment,
un assentiment qui ne se donne pas toujours par des raisons très louables. Nous voyons que le fils prodigue ne décide pas de retourner vers son père par amour. Rien de noble dans son raisonnement. Simplement il a faim et il n’a plus d’argent.
Il est facile de transposer : les excès, les idoles auxquels nous nous livrons sans toujours en avoir bien conscience, consomment nos richesses intérieures et extérieures et nous laissent vides et affamés. Déçus en fin de compte. C’est les mains vides que nous retournons vers notre vérité d’hommes, notre dignité de fils. Dieu nous attend.
Non, les voyageurs de l’avion qui vient de s’écraser, les victimes d’un terroriste, celles des accidents de la route ne sont pas plus pêcheurs que les victimes de tremblements de terre ou de bombardements. La mort est toujours là, brutale, inopinée, ou au terme d’une longue maladie. La cécité de l’aveugle-né dans saint Jean n’était due ni à ses propres péchés ni à ceux de ses parents.
L’idée de malheur lié au péché et à une punition divine est aussi vieille que l’humanité.
La Bible la prend en charge et lui fait subir un traitement qui ne portera ses fruits que lors de la mort et de la résurrection du Christ. Là nous apprenons que Dieu laisse crucifier Jésus, que les armées d’anges ne bougent pas. Nous avons du mal à nous défaire de l’idée d’un Dieu interventionniste, soit pour punir ou pour tirer d’affaire. Ce Dieu n’est pas le nôtre, le Dieu de Jésus Christ. Il est avec nous certes, l’Emmanuel, mais d’abord pour partager ce que nous avons à traverser et pour donner à toute chose une issue de vie et de gloire. Serviteur, il se met entre nos mains afin de pouvoir nous prendre entre les siennes.
Mais alors que signifie la formule inquiétante : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous ? »
A nouveau nous voici sur une montagne, avec Moïse qui avait reçu la Loi sur l’Horeb. Il en était redescendu environné de lumière au point d’avoir du cacher son visage. Élie aussi est là. Il avait reçu sa mission en ce même lieu. Il est le prophète type.
La Loi avec Moïse, les prophètes avec Élie, c’est toute l’ancienne Alliance qui accueille Jésus transfiguré. Il est Lui, la nouvelle et éternelle Alliance, celle de l’unité entre l’humanité et la divinité. A la fin du récit, il est seul, car tout le passé se résume en lui. Il est la nouvelle Loi. Avec lui il ne s’agit plus seulement d’un texte, mais d’une personne vivante, cet homme en qui resplendit la gloire de Dieu. Il s’agit de le voir et de l’écouter, de le suivre aussi.
Où ?