On a l’impression que ça recommence comme avant. Les filets sont vides. Puis cet appel venant du rivage : « les enfants avez-vous quelque chose à manger ? »
Comme c’est curieux.
A chaque fois que Jésus entre en relation avec nous,
il ne dit pas : « Je t’apporte la vérité, la tranquillité, une bonne place »,
mais « j’ai faim, j’ai soif comme à la samaritaine…De quoi discutiez vous tout en marchant, aux deux hommes sur la route d’Emmaüs…Asseyez vous, reposez vous un peu, à ceux qui reviennent de mission. C’est maintenant qu’il nous rejoint. C’est ce qui l’intéresse, ce que nous vivons maintenant.
Face à la question de Jésus, les disciples ne sont pas bien fiers. Non, ils n’ont rien, ni nourriture ni poisson. Peut être n’ont-ils pas su s’y prendre ? Il fallait jeter le filet de l’autre côté. L’homme sur le rivage le leur demande. Et c’est le miracle, les 153 gros poissons, Jean a tout de suite compris : « c’est le Seigneur !». Pierre se jette à l’eau, et le dialogue s’engage...
« Pauvre saint Thomas ! ». Le refrain est bien connu. Il est devenu comme le symbole du doute. Tant de tableaux, dont certains chefs d’œuvre, nous le montrent plaçant les doigts dans les plaies du Christ : un esprit fort, contraint de se rendre à l’évidence et de s’incliner.
Or sa difficulté de croire n’est pas celle d’un personnage unique. C’est aussi celle des disciples eux-mêmes, montrant qu’ils n’ont pas affaire à une supercherie, mais à une réalité qui les dépasse.
Leur histoire n’est-elle pas la nôtre ?
N’avons-nous pas mille difficultés à croire, d’autant plus que, dans notre monde sécularisé, les supports religieux ont largement disparu. Il ne suffit pas de l’incendie de Notre Dame pour donner la foi, même s’il donne à réfléchir. Nous sommes confrontés en Occident à une crise de la foi sans précédent, celle de l’athéisme des foules. On a justement fait remarquer que cet athéisme n’est pas né dans les pays musulmans ou de religions bouddhistes ou hindoues, mais dans les pays chrétiens. Un phénomène étonnant.
A nous de nous souvenir que le christianisme n’est pas une religion comme les autres.
On s’attendait, un matin de Pâques, à une présence triomphante, sans équivoque : Dieu dans l’éblouissement d’une victoire.
Mais non !
Le tombeau vide,
« il n’est plus ici »,
quatre mots pour annoncer le plus grand événement de l’histoire !
L’expérience pascale commence par le constat d’un vide..
Marie se demandant qui allait rouler la pierre... Elle courait vers le tombeau. La voici prise à revers, invitée à comprendre l’absence apparente comme l’envers de la présence.