« Tu es le Messie », dit Pierre à Jésus. Que veut-il dire ? Messie, veut dire l’homme imprégné de l’onction divine. Le mot onction est une allusion au rite du sacre royal : le prêtre versait de l’huile sur la tête du futur roi. Pourquoi de l’huile ? Parce qu’elle était censée fortifier et passait pour pénétrer les matières les plus dures. Quand la Bible parle du Messie à venir, elle évoque un personnage détenteur d’une autorité qui surpasse toutes les autres : il a un programme : restaurer la justice, établir la vérité dans un monde plein d’erreurs et de mensonges. A Pilate qui lui demande s’il est roi. Jésus répond : « Tu l’as dit, je suis roi, je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » Jean 18/37. Notons le mot « témoignage ». Il ne vient pas imposer la justice par la violence, mais simplement en se comportant selon cette justice et cette vérité. Ainsi
la liberté des hommes,
cette liberté qui les fait ressembler à Dieu,
sera respectée.
Entendre l’évangile, l’écouter, ce n’est pas écouter n’importe quelle lecture, mais c’est accueillir une parole de révélation, que nous ignorons ou que nous connaissons mal, parole mystérieuse qui s’offre à nous conduire vers plus de lumière.
« Commencement » c’est le premier mot de l’évangile de Marc, tout comme celui de toute la bible. « Une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur ! »
Tendre l’oreille, faire un pas,
non pas seul,
mais en compagnie de tous ceux que l’on présente à Jésus, sourds, aveugles, muets, possédés
car Jésus a voulu avoir en eux comme en nous des témoins irrécusables,
tout comme l’aveugle-né qui déclarait : « j’étais aveugle, et j’y vois ! »
Si chaque dimanche, l’Église nous lit l’Écriture, ce n’est pas simplement pour nous rafraîchir la mémoire, nous livrer un récit plus ou moins nouveau, c’est d’abord pour nous inviter à faire l’expérience de la rencontre de ce Jésus qui vient à nous .
Tous les textes de ce dimanche disent comment Dieu travaille à libérer l’homme de lui-même, y compris en nous donnant une loi. L’absence de loi, tout comme son oubli, conduisent inévitablement au conflit. Même la société animale a ses lois
Mais il y a l’excès inverse, celui du légalisme, de l’excès des lois, du scrupule : le problème de ceux qui passent leur temps à s’occuper des autres.
L’évangile nous montre Jésus en conflit avec un groupe de pharisiens qui reprochent à ses disciples de se mettre à table sans se laver les mains, ce qui n’est certes pas un mal, surtout si l’on mange avec les mains au même plat. Mais ils oublient que le plus grave n’est pas de ne pas respecter les coutumes des anciens, mais de méconnaître ce qui rend l’homme impur :
« Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ».
Le plus important n’est pas de se laver les mains, mais le cœur. Ils cherchent surtout à être bien vu des hommes, mais ils ne se privent pas de penser et de dire tout le mal qu’ils peuvent leur faire, médisances, calomnies de toutes sortes. En réalité, ils s’en prennent à Jésus dont la liberté par rapport à la Loi les scandalise.