Le moment est venu, Jésus vient de prendre la décision d’aller à Jérusalem. Il décide résolument de faire route vers la ville où il mourra. Le texte grec dit que Jésus « durcit sa face » comme pour le serviteur d’Isaïe qui avait rendu sa face dure comme un silex face aux outrages qui l’accablaient. A travers cette épreuve le Père accomplit « l’enlèvement de son Fils », le prenant dans la gloire. Luc aime ces contraires, comme à Noël quand la naissance de Jésus dans le dénuement le plus complet est le signe de la royauté et de la gloire.
Jérusalem ! Le diable y avait conduit Jésus et l’avait quitté jusqu’au moment fixé. Ce temps est désormais tout proche. Pour atteindre la capitale de la Judée, Jésus doit traverser la Samarie, une région peu accueillante. Devant le refus de les accueillir les disciples plus ou moins adeptes de la violence, Jacques et Jean, proposent rien moins que de mettre le feu au village. Jésus les rabroue vivement comme lorsque Pierre l’avait déclaré prématurément « Christ Fils du Dieu vivant ». Dans les deux cas, ils ne comprennent pas qui Il est vraiment.
Trois rencontres vont permettre de faire la vérité.
Avouons-le, la fête du Saint Sacrement évoque d’abord pour nous l’adoration, les processions, les ostensoirs, mais l’évangile de ce jour nous parle surtout de nourriture.
Le repas, la nourriture tiennent une grande place dans la Bible. C’est un besoin élémentaire de l’homme. Dès le livre de la Genèse, il est question de manger ou non le fruit de l’arbre. Ensuite, dans les autres livres, la question est omniprésente. Dans le Lévitique le repas doit obéir à un certain rituel, à des règles complexes.
Il est vrai que dans la nourriture il y a toute notre relation à la nature et au travail. Nous le disons dans la prière de l’offertoire :
« Tu es béni ô Père, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes,
nous te le présentons, il deviendra le pain de la vie ».
Tout s’y trouve : la nature, le travail, la vie dans sa fragilité, appelée à devenir vie éternelle. Cette dernière nous est d’ailleurs souvent présentée sous l’image d’un repas de noces.
La nourriture, le repas est aussi un élément important de la vie sociale. On se sert au même plat, on partage ce qu’il y a. En mangeant le même pain, nous devenons compagnons. Mais il faut aussi reconnaître que l’on ne mange pas avec n’importe qui. Le repas, signe de communion, peut être aussi hélas ! signe d’exclusion. Jésus sera justement accusé de partager la table des publicains, et l’on sait tous les conflits qui marquèrent à ce propos, la vie de la première communauté chrétienne. Ils sont loin d’être résolus.
C’est le fond de tableau de la multiplication des pains.
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À voir autour de nous, comme une couronne, les montagnes qui dormaient, plus noires qu’est noir un mouton noir, à voir, cette nuit-là, le ciel et les planètes, Mars et Vénus et Jupiter, et les Perséides tombant en pluie d’argent, et les étoiles par myriades et les galaxies et la couronne immense de la Voie lactée d’un bout de la Terre à l’autre — à voir tout cela, cette nuit-là, dans le Haut-Atlas marocain, alors que nous avions vingt ans et que nous étions de pleins de rêves et d’idéaux et d’orgueil, alors que nous nous prenions alternativement plusieurs fois par jour pour très nobles ou très misérables mais de toute façon très importants — à voir cette indicible splendeur, cette nuit-là, nous nous sommes demandé :
qu’est-ce que l’homme, Seigneur, pour que tu penses à lui ?
Que sommes-nous dans cet univers,
tandis que la Terre cingle dans l’espace,
tout en tournant autour du Soleil, à la vitesse de 700 000 km/h,
et nous poussière sur ce vaisseau ?
Que sommes-nous devant Dieu
si l’œuvre de Dieu est aussi grande, aussi belle,
aussi incommensurable à notre petitesse ?
Dieu lui-même répond : nous sommes un peu moindres que lui. Nous sommes à peine moindres que lui.