« L’heure » n’est pas encore venue. Elle approche. Jésus le sait, et il éprouve à la fois désir, angoisse et crainte. Nous imaginons trop souvent un Dieu imperturbable, une sorte de sphinx, à l’abri de toute émotion. Tel n’est pas le Dieu de Jésus Christ. Nous le voyons en proie à une vive émotion quand il apprend la mort de Jean Baptiste, ou quand il se heurte à l’incrédulité de ses compatriotes. Il tressaille de joie sous l’action de l’Esprit Saint, s’émerveille de la foi du centurion ou de la chananéenne. Aujourd’hui nous le voyons bouleversé d’une émotion profonde. Devant le cadavre de son ami Lazare, il pleure.
Jésus n’a pas triché avec son humanité. Ce n’était pas une sorte de vêtement d’emprunt, extérieur à lui-même. Il partage avec nous les mêmes sentiments, les mêmes douleurs et c’est nous qui le faisons passer par là. Certains s’imaginent que s’ils avaient la foi, ils n’auraient pas peur de souffrir ou de mourir. Ils n’ont jamais lu l’évangile.
Il y a dans ce que nous venons d’entendre toute l’histoire de l’humanité, une humanité aveugle, la nôtre. Jean la raconte à partir d’une remarque assez fréquente dans son évangile : « Jésus passait ».
Notre Dieu n’est pas un personnage installé, insensible, immobile. Il passe et nous fait tourner nos regards à l’avance vers le grand passage de Pâques, celui du baptême.
Jean campe dans cette scène toutes les attitudes que les hommes vont prendre par rapport à Jésus :
Les frontières de la France ne sont plus guère contestées. Il n’en est pas de même pour bien des nations dont l’unité est fragilisée par des divisions entre des clans, des tribus, ou par des frontières mal établies. Il en fut ainsi pour Israël. Le royaume de David éclata à la mort de son fils Salomon. Dix tribus sur les douze se séparèrent pour former le royaume du nord, en Samarie. Les juifs à proprement parler ne sont plus que les membres de la tribu de Juda et ceux de la tribu de Lévi qui se tiennent autour de Jérusalem. La Galilée est au nord de la Samarie, ce qui explique l’hostilité entre juifs et samaritains.
Jésus va annoncer une réconciliation, que nous voyons s’opérer à la fin de cet évangile. Il met de côté la question de savoir s’il faut adorer à Jérusalem ou sur le mont Garizim où se dressait le temple rival des samaritains. Dieu est partout, là où il agit. Le lieu de l’adoration c’est celui de la rencontre de Jésus Christ, ce puits auprès duquel, fatigué, il vient demander à boire à une femme.