Jésus est Maître en toutes choses. Maître, non seulement celui qui sait pour lui, mais celui qui apprend, qui éveille le goût du savoir. Ceux qui ont quelque expérience en ce domaine, quel qu’il soit, disent bien que le second aspect est plus difficile que le premier. Il y avait, au temps de Jésus, des écoles de prière, comme il y en a toujours aujourd’hui qui ont plus ou moins de succès. Il y avait celle de Jean Baptiste, tout un groupe de disciples dont il est plusieurs fois question dans l’évangile. On y apprenait sans doute moins des formules de prière que des méthodes.
Jésus devait surprendre en ce domaine, en premier lieu par sa manière à lui de prier, parfois insolite, la nuit, avant le lever du jour. C’est en le voyant prier ainsi, seul à l’écart, que les disciples en viennent à lui demander de leur apprendre à prier.. Il a éveillé leur désir. En réponse il les fait entrer dans son intimité avec le Père, celui qui donne la vie, révèle aux petits les choses du Royaume.
Il y a des moments où, comme Marthe, nous sommes débordés par le travail, les occupations,... Nous avons alors du mal à comprendre que les autres ne viennent pas nous aider. On peut râler intérieurement, mais ça peut aussi éclater.
Thérèse d’Avila, qui avait une bonne expérience de ce genre de problèmes dans les communautés, remarque que Marthe aurait pu discrètement confier à sa sœur son embarras, mais c’est à Jésus qu’elle s’adresse : « cela ne te fait rien de ne pas faire attention à ce que je fais, et de donner toute la place à Marie ? »
Il y a des inégalités dans le travail, des travaux matériels sous estimés, de la pénibilité, des travaux dangereux, cela nous le savons bien. Toute l’agitation autour de la loi sur le travail nous en a rappelé récemment l’importance. Mais il s’agit ici de bien autre chose, de la relation à celui qui nous parle, de la réalité d’une rencontre.
Jésus a en face de lui un légiste, un homme de loi, qui lui demande conseil pour être vraiment en règle avec la loi, la loi telle qu’il la connait, telle qu’il l’entend. Jésus lui répond dans le même registre législatif : La Loi ? Tu la connais ; que dit-elle ? Il répond en disant ce qu’il sait par cœur, mais le voici pris à contre pied. Avait-il jamais réfléchi au fondement même de la loi, à la clef de voute qui tient tout l’édifice, à l’amour de Dieu et du prochain ?
Le voici confronté à un autre savoir, bien au-delà du juridique. Ce qu’il attendait en venant à Jésus, ce n’était pas une réponse de ce genre, mais tout simplement s’il devait considérer un samaritain, juif lui aussi, mais de sang mêlé et de religion pas très orthodoxe, comme l’un des siens. Retenons déjà l’importance pour nous, quand nous lisons l’Écriture, de bien voir, comme dans la Loi, ce qui en est la source, celui qui nous parle, dans quel but, avec en mémoire des paroles comme celles-ci :
« ces signes vous ont été rapportés pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » Jn 20/31,
ou bien :
« ces paroles sont esprit et vie… » Jn 6/63, etc…
Jésus va répondre, mais à sa manière habituelle,, si étroitement liée à sa propre culture, par une parabole, une sorte de miroir qui va lui permettre de se reconnaitre. La parabole qui suit nous la connaissons bien. A priori cet étranger ne fait pas partie des prochains. Il y a quinze jours l’évangile nous disait que les samaritains refusaient l’hospitalité à Jésus sous prétexte qu’il allait à Jérusalem. Pourtant c’est l’un d’eux qui vient au secours d’un homme qui fait visiblement partie de la tribu de Juda. Il va surmonter tout ce qui l’en sépare pour s’approcher, se faire proche de ce blessé.