TRINITÉ
“A quoi vous servent de hautes discussions sur la Trinité si vous venez à manquer d’humilité et à déplaire ainsi à la Trinité”
Imitation 1.1
Avouons-le, le dogme de la Trinité est peut-être, dans la foi chrétienne, celui qui est le plus difficile à admettre. Aussi bien juifs que musulmans, avec lesquels nous partageons la foi en un Dieu unique, ne comprennent pas pourquoi les chrétiens ont imaginé une chose pareille. Hérétiques pour les juifs, associateurs pour les musulmans, beaucoup refusent de nous reconnaître comme eux fils d’Abraham.
En ceci il ne s’agit pas de théorie, mais d’expérience, celle des disciples de Jésus qui, avec lui, ont appris à nommer Dieu le Père,(Ps 89/27) tout en le découvrant lui, Jésus, comme l’Envoyé du Père, image parfaite du Père, en même temps qu’il leur promettait la venue d’un Autre lui-même, présent dès l’origine, mais capable de défendre sa mémoire et d’assurer à tout jamais, sous une autre forme, sa visibilité.
C’est bien de la vie avec Jésus que naît la conviction que Dieu est l’unité des trois. A partir de cette Trinité manifestée en ce monde, on s’est mis à réfléchir et à exprimer cela en des formules qui ne font pas nécessairement appel à l’intervention de Dieu dans l’histoire. Il en est ainsi de toute formule qui donne comme une sorte de conclusion sans détailler le chemin par lequel on y parvient.
Ce dimanche tombe entre deux élections importantes pour les Français. On peut être content ou non des résultats, déplorer des discours, des attitudes, des projets qui ne nous honorent pas, mais ne doit-on pas reconnaître ce qui, dans le suffrage universel provoque l’homme à élargir ses horizons ? C’est comme si un peuple tout entier était à s’occuper des affaires de l’État, à regarder plus loin que le bout de son champ, à être participant de la vie des autres, du bien de la société.
Regardez de plus près, me diront certains, ce qui motive chacun, c’est son ambition, la défense de ses petits intérêts individuels. Peut-être ! Mais n’y a-t- il pas en l’homme ce petit coin de lui qui se laisse toucher par la misère du malade, du chômeur, de l’exclu, ce lieu qui ne supporte pas l’injustice et se montre capable d’être mobilisé par de grandes causes et plus encore par des témoins de la vérité, de la liberté qui osent et se risquent. A la Pentecôte, ceux qui sont à Jérusalem viennent de tout le monde connu. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous. Quand ils entendent Pierre et les autres chanter les merveilles de Dieu et proclamer la Bonne Nouvelle ils sont rejoints dans ce coin d’eux-mêmes qui aspire à autre chose, à la venue d’un monde nouveau. Et le miracle se produit.
Ils comprennent et se comprennent.
C’est l’étonnement : « comment se fait-il que chacun de nous entende ces Galiléens dans sa langue maternelle ? ».
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Tout au long de notre lecture de Saint Jean, nous revenons souvent sur cette question posée à Jésus par Jean et André lors de leur première rencontre, sur les bords du Jourdain : « Où demeures-tu ?», c’est à dire « D’où viens-tu ? »
Lui n’a jamais cessé de les introduire peu à peu dans son intimité, dans ce secret qu’il voulait leur faire partager, à la fois ce qu’il est pour eux et ce qu’il n’a jamais cessé d’être, le fils bien aimé du Père. Eux n’ont jamais cessé de s’interroger à son sujet, en hésitant à le reconnaître, en butant sur des paroles ou des comportements qu’ils ne comprenaient pas.
Maintenant ils ont la réponse. Ils viennent de lui dire :
« Enfin tu parles clair. Nous voyons maintenant que tu sais tout, pas n’est besoin qu’on t’interroge.
Cette fois nous croyons que tu es sorti de Dieu »
16/30
Reconnaître Dieu pour ce qu’il est, c’est toujours une tâche qui rencontre en nous bien des obstacles.