Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs nous voici à mi-chemin de notre montée vers Pâques. Et l’évangile qui nous est proposé est rempli de symbolismes ; surtout l’histoire qui nous est racontée se termine par une confession de foi collective qui marque l’adhésion des interlocuteurs du Christ à son message un peu comme le scrutin que vont faire tout à l’heure les catéchumènes de Noisy- Gournay qui nous ont fait la gentillesse de leur visite. Pour nourrir notre méditation, je voudrais m’arrêter sur le mot « ADORER » qui, dans le dialogue entre la samaritaine et Jésus, revient 8 fois sous différentes formes.
Bien avant, rappelons que la rencontre se déroule dans la périphérie d’une ville appelée Sykar. Le lieu est chargé d’histoire car, en cet endroit, Jacob, le Père d’Israël y avait acquis un terrain qu’il a légué à son fils Joseph. Bien plus, Jacob y avait creusé un puits. Géographiquement, nous sommes en plein désert, et le puits dans un tel endroit sert de point de rencontre ; c’est un lieu de socialisation ; quelque fois, on vient y faire du commerce, et également on peut y tisser de nouveaux liens sociaux pouvant aboutir au mariage. Par exemple, auprès d’un puits, Abraham a rencontré sa femme Rébecca, la mère d’Isaac ; auprès d’un puits, Jacob est tombé amoureux de Rachel.
Homélie du P. Désiré
Dimanche dernier, à travers l’histoire de nos premiers parents au jardin d’Eden, le livre de la Genèse nous a permis de voir que l’homme a un cœur soupçonneux à l’égard de son créateur et ne croit pas en l’amour inconditionnel de Dieu. Contrairement à Adam et Ève, ce deuxième dimanche du Carême, la liturgie nous fait méditer sur l’histoire d’Abraham, le croyant. C’est donc l’occasion, pour ceux qui auraient pris un mauvais départ et même pour ceux qui se sont bien fixés leurs objectifs du Carême, d’apprendre du patriarche qui « eut foi dans le SEIGNEUR et le SEIGNEUR estima qu'il était juste. » (Gn 15, 6).
Le récit qui est soumis à notre méditation est une histoire de vocation. Le Seigneur Dieu dit : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. » (Gn 12, 1). Si Dieu appelle Abram, c’est certainement pour son bonheur : « je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction » (Gn 12, 2). L’appel personnel de Dieu adressé à Abraham va recevoir une réponse tout aussi personnelle, responsable et confiante de notre père dans la foi : « Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit » (Gn 12, 4). Le départ d’Abram, vers cet inconnu dont il ne saurait prévoir ce qui adviendra, n’est justifié que par sa seule confiance en Dieu : sa foi. Alors, en cette deuxième semaine du Carême, l’histoire du Patriarche nous invite aussi à la confiance.
Frères et sœurs, qui n’a jamais expérimenté la présence de Dieu dans sa vie ? Tous d’une manière ou d’une autre nous l’avons expérimenté et l’expérimentons. Comme le monde de la Bible, nous savons que Dieu prend soin de l’homme, le guide et parfois le sauve. Mais alors, comment répondre de la présence du mal dans le monde ? Comment comprendre qu’au sein même d’une famille des voies se lèvent de temps en temps ou que dans une communauté, des confrères ou des consœurs ne s’entendent pas et parfois s’étripent au point de ne plus pouvoir travailler ensemble ? Comment expliquer toutes les guerres qui produisent de nombreuses morts dans le monde ? Comment expliquer les calamités comme le tremblement de terre qui vient de produire en Syrie et en Turquie ? Bref, pourquoi il y a le mal dans le monde alors même que nous affirmons que Dieu est bon et bienveillant ?
Eh bien ! C’est à cette question que la tentation d’Adam et Ève, encore appelée la parabole du Jardin d’Eden de la première lecture, et la tentation de Jésus au désert de l’évangile viennent répondre.