Paul vient de découvrir un mystère, caché jusque-là dit-il. C’est ce que nous venons d’entendre de sa lettre aux Ephésiens. En réalité l’entrée des païens dans l’héritage d’Israël n’aurait pas du être une nouveauté pour lui. Cela avait été déjà annoncé par les prophètes et par certains psaumes. Seulement cette perspective demeurait une sorte de mythe, abstrait, comme l’avènement d’un grand soir.
Pour Paul cela se produit maintenant, dans l’événement de la naissance de Jésus Christ. Matthieu, avec l’épisode des Mages, raconte au fond la même chose, mais il montre comment cela se réalise dans la naissance de Jésus. Bien sûr la réconciliation du juif et du païen, ces frères ennemis, est en route dès le commencement, mais elle apparaît maintenant en pleine lumière. Elle est « manifestée », selon le sens du mot épiphanie.
Il nous reste à la faire vivre par les décisions de notre volonté.
La parfaite réconciliation des hommes est pour la fin des temps.
L’histoire est faite de nos conflits et de nos efforts pour les surmonter.
La bonne nouvelle, c’est de savoir que nous pouvons en venir à bout.
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Mardi 29 décembre 2020 à Jouarre
« C’est bientôt la fin de l’année mais depuis son début, je vous regarde »,
dit Dieu.
Au début, vous vous embrassiez, parfois même vous dansiez - pas au bal masqué, au bal tout court ! La distanciation sociale, puis la distanciation physique, sont devenues votre quotidien. Mais comme dit mon ami François, à Rome, ces distanciations ne pourront pas durer sans éroder l’humanité[1], sans éroder votre tradition bénédictine qui m’est si chère : l’hospitalité, elle fait tellement partie de vous. Combien de temps encore dureront ces distanciations ? Je ne sais pas – dit Dieu.
Mais l’avenir reste à écrire ensemble, car je vais continuer à tout vivre avec vous.
Depuis le début de l’année, je vous vois et surtout je vous admire tellement vous avez d’attentions les uns pour les autres, et en particulier en cette année étonnante : un covid qui n’en finit pas et qui repousse les écritures de mémoires, l’urgence sanitaire, l’urgence attentat, les secousses économiques qui vont avec tout ça. Il vous en ait tombé pas mal sur la tête cette année, sans parler de ce que chacun porte personnellement comme un combat contre un cancer, une relation qui casse, une histoire dont l’héritage est si difficile à assumer, une épouse ou une sœur qui est décédée... Vraiment cette année, si vous en aviez, vous aviez de quoi finir tous les Lexomils de vos armoires de salle de bains ou d’infirmerie de monastère.
Depuis le début de l’année, dit Dieu, je vous regarde :
Aucune hésitation chez les bergers. Ils croient l’ange, comme Marie et Élisabeth avant eux. Ils discutent un moment entre eux, pour se confirmer ce qu’ils viennent d’entendre et ils décident de partir en hâte, comme Marie quand elle se rendit chez Elisabeth.
L’ange leur avait parlé du sauveur. Ils découvrent une famille semblable aux autres avec le bébé couché dans la mangeoire. Rien d’extraordinaire, tout est simple et naturel à part le signe de la mangeoire qu’ils peuvent constater de leurs yeux. L’ayant vu ils expriment leur foi, sans hésiter, non pas en chantant le Magnificat ou en prophétisant, mais en répétant la parole de l’ange :
cet enfant est le Sauveur, le Christ Seigneur.
Tous s’étonnent, même Marie, qui conserve ces paroles et les considère dans son cœur. Elle rassemble ce que disent les gens même si ce sont des gens peu considérés. Elle est ainsi la figure du chrétien qui retourne ces éléments de la tradition en les laissant mûrir.
Les bergers eux, sont transformés. Ils repartent louant et glorifiant Dieu pour tout ce qu’ils avaient vu et entendu. Désormais l’armée céleste peut rester dans ses quartiers célestes puisqu’ils en prennent le relais sur la terre. De fait ils n’interviennent plus.
Nous venons de prononcer le mot de tradition. C’est traditionnel, au sens d’habituel de formuler des vœux au 1er janvier. Les bergers, en disant ce qu’ils avaient vu et entendu vont bien plus loin en nous invitant à communier au cœur de notre foi : Il vous est né un Sauveur, pour les siècles des siècles. Imitons les bergers !
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