Lundi 28 décembre 2020 à Jouarre
Il y a 4 jours, nous fêtions sa naissance : c’était Noël. Pour tellement de monde, avec ce virus, ça a été une fête d’anniversaire bien particulière cette année. Ce n’était pas comme d’habitude, c’était comme si nous étions invités à nous déshabituer pour vivre du nouveau.
En tout cas, c’était vendredi : Dieu est venu naître parmi nous. Ou plutôt, Dieu a cherché à naitre en nous. Ou mieux encore, Dieu cherche à naitre en nous.
Parce que pour Dieu, le Seigneur de la Vie, le Seigneur de toute vie, le plus dur n’est sans doute pas de vivre, mais de naitre. A peine après avoir respiré pour la première fois, le voilà partit en périple en Égypte. Décidément pour Dieu, le Seigneur de la Vie, le plus dur n’est sans doute pas de vivre, mais de naitre. De naître en nous, en nos cœurs.
Et il se peut aussi que le grand problème de notre vie ne soit pas d’abord de vivre, mais de naître !
Paul vient de découvrir un mystère, caché jusque-là dit-il. C’est ce que nous venons d’entendre de sa lettre aux Ephésiens. En réalité l’entrée des païens dans l’héritage d’Israël n’aurait pas du être une nouveauté pour lui. Cela avait été déjà annoncé par les prophètes et par certains psaumes. Seulement cette perspective demeurait une sorte de mythe, abstrait, comme l’avènement d’un grand soir.
Pour Paul cela se produit maintenant, dans l’événement de la naissance de Jésus Christ. Matthieu, avec l’épisode des Mages, raconte au fond la même chose, mais il montre comment cela se réalise dans la naissance de Jésus. Bien sûr la réconciliation du juif et du païen, ces frères ennemis, est en route dès le commencement, mais elle apparaît maintenant en pleine lumière. Elle est « manifestée », selon le sens du mot épiphanie.
Il nous reste à la faire vivre par les décisions de notre volonté.
La parfaite réconciliation des hommes est pour la fin des temps.
L’histoire est faite de nos conflits et de nos efforts pour les surmonter.
La bonne nouvelle, c’est de savoir que nous pouvons en venir à bout.
Lire la suite : TN - Epiphanie 2021 - Homélie et Prière universelle
Mardi 29 décembre 2020 à Jouarre
« C’est bientôt la fin de l’année mais depuis son début, je vous regarde »,
dit Dieu.
Au début, vous vous embrassiez, parfois même vous dansiez - pas au bal masqué, au bal tout court ! La distanciation sociale, puis la distanciation physique, sont devenues votre quotidien. Mais comme dit mon ami François, à Rome, ces distanciations ne pourront pas durer sans éroder l’humanité[1], sans éroder votre tradition bénédictine qui m’est si chère : l’hospitalité, elle fait tellement partie de vous. Combien de temps encore dureront ces distanciations ? Je ne sais pas – dit Dieu.
Mais l’avenir reste à écrire ensemble, car je vais continuer à tout vivre avec vous.
Depuis le début de l’année, je vous vois et surtout je vous admire tellement vous avez d’attentions les uns pour les autres, et en particulier en cette année étonnante : un covid qui n’en finit pas et qui repousse les écritures de mémoires, l’urgence sanitaire, l’urgence attentat, les secousses économiques qui vont avec tout ça. Il vous en ait tombé pas mal sur la tête cette année, sans parler de ce que chacun porte personnellement comme un combat contre un cancer, une relation qui casse, une histoire dont l’héritage est si difficile à assumer, une épouse ou une sœur qui est décédée... Vraiment cette année, si vous en aviez, vous aviez de quoi finir tous les Lexomils de vos armoires de salle de bains ou d’infirmerie de monastère.
Depuis le début de l’année, dit Dieu, je vous regarde :