L’Esprit conduit Jésus au désert. Pendant 40 jours il va revivre l’épreuve vécue par son peuple pendant 40 ans. Difficile de vivre au désert : Jésus va connaître la faim, la soif, comme nous la tentation de chercher la sécurité du pain quotidien par l’accumulation des richesses, l’illusion du pouvoir et de la toute-puissance dans la famille, le pays, l’entreprise, la tentation des « moyens courts ». Tout part de la faim avec les trois tentations fondamentales du pouvoir économique, religieux et politique.
C’est d’ailleurs ce que le peuple lui demande, qu’il fasse des miracles, prenne la tête du peuple pour rétablir la souveraineté d’Israël.
Mais Jésus n’a utilisé sa puissance
que pour guérir, nourrir, changer les cœurs.
ON VOUS A DIT, MOI JE VOUS DIS
Voici des mots bien simples, mais des formules étonnantes, qui heurtent, à moins de les entendre distraitement : tout un programme, une conception de la vie en contradiction avec notre comportement habituel. « On vous a dit, moi je vous dis » ; Jésus nous demande de sortir de l’esprit du monde, il énonce une loi nouvelle.
Tout n’est pas à prendre au pied de la lettre. Ainsi après avoir déclaré qu’il fallait tendre la joue gauche quand on vous frappe sur la joue droite, Jésus lui-même dans la Passion n’agit pas ainsi. Il ne tend pas l’autre joue, mais il demande : «Pourquoi me frappes-tu?» Remarquons qu'il ne se met pas en colère et ne cherche pas à se venger, il renvoie le garde à lui-même, l'invitant à s'interroger sur son comportement.
Dans notre évangile, il va plus loin : il nous demande de nous soumettre à la volonté de l'autre, même si cette volonté est mauvaise. Lui-même acceptera de donner sa chair et son sang, et nous demandera de faire la même chose en mémoire de lui. Ne pensons pas tout de suite au martyre : combien de parents sont amenés à se soumettre aux choix imprévus de leurs enfants devenant adultes ? Et les époux entre eux ?
À chaque instant nous sommes invités, d'une façon ou d'une autre, à donner notre vie, le plus souvent par petits morceaux, en attendant le don ultime et définitif.
Stabilité !
La stabilité dans le monastère est inséparable de cet autre vœu que nous faisons au jour de notre profession : la conversion. Et l'évènement de ce 2 janvier est un bel exemple de cette alliance entre stabilité et conversion... et obéissance aussi ! Nous avons en effet vécu un "changement d'emplois". Et dans le concret, ca veut dire quoi ? Ca veut dire que chacune s'est préparée à transmettre le service qu'elle rendait, le lieu où elle travaillait, à une autre ; que chacune s'est aussi préparée à découvrir là où désormais on compte sur elle ! Belle occasion de (re)prendre conscience de tout ce que l'on reçoit les unes des autres, d'en rendre grâce... et de poursuivre le chemin de conversion tout en restant dans la même maison !
Les semaines à venir vous permettront de découvrir les sœurs qui désormais vous répondent au téléphone, vous accueillent à la liturgie, vous préparent les livrets des offices, vous fabriquent ou vous vendent confitures et santons, vous servent à la salle St Benoit ou vous souhaitent la bienvenue ! Belles découvertes !