Dimanche dernier, une assemblée diocésaine a eu lieu à Meaux pour la proclamation des orientations pastorales des prochaines années. Certains parmi vous y étaient probablement. Il y a eu un moment d’émotion très forte quand l’évêque, au début de la messe a prononcé une demande de pardon pour l’Eglise, y compris notre Eglise diocésaine, en ces temps difficiles. Qui n’a pas hurlé avec les loups, dit comme tout le monde, pour ne pas se désolidariser du groupe qui vous protège, pour ne pas avoir d’histoires ?
Regardons ce qui fait mal. Quand nous parlons de « péché » pensons d’abord à ce qui fait du mal à quelqu’un, à ce qui le blesse ou l’exclut. A ce sujet, il faut prendre très au sérieux la seconde lecture. Quand Jésus dit : « celui qui entraînera la chute d’un de ces petits qui croit en moi », on doit comprendre : « celui qui fera perdre la foi en moi à l’un de ces petits, faibles dans leur foi ». Le péché, tel que Jacques le présente est meurtrier à trois points de vue : il lèse, dans son droit à vivre, une personne humaine et par là il est meurtrier, il détruit, en celui qui le commet, l’image de Dieu qui fait vivre, il incite la victime à ne plus croire à la bonté de Dieu et à rejeter le Christ de qui nous nous réclamons. En Église ou individuellement, portant le nom du Christ, nous le compromettons par tout ce que nous faisons. Tout comportement de ce genre induit les autres en tentation de ne plus croire.
Tout péché est donc tout à la fois
contre soi-même, contre le prochain et contre Dieu.
Tout cela qui est très vrai est bien douloureux. N’oublions quand même pas qu’évangile signifie « bonne nouvelle ».
Nos trois lectures s’accordent. La seconde décrit avec vigueur les conséquences désastreuses de la volonté de domination : un univers sans paix et sans justice, régi par l’idolâtrie du pouvoir, génératrice de violence. Une violence qui s’exerce avec un acharnement particulier contre les messagers de paix. Ne prétendent-ils pas que la vérité de l’homme réside dans la décision de servir ? La première lecture décrit de façon saisissante l’hostilité des partisans de la puissance envers celui qui proclame la justice, la douceur, la patience.. Fidèle à son message il ne peut pas répondre par la violence aux coups qu’on lui porte. Tout cela est si proche des récits de la Passion. Pas de doute, nous sommes ici devant le drame central de l’humanité. Nous le retrouvons dans tous les conflits qui déchirent notre monde.
Si nous relisons l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons que les disciples sont pris dans le mensonge du culte de la grandeur. C’est un tableau saisissant. Nous voyons sur le vif comment Jésus ne se contente pas dans son enseignement de commenter un texte. Il part de la vie, de ce qui se passe sous nos yeux.
« Tu es le Messie », dit Pierre à Jésus. Que veut-il dire ? Messie, veut dire l’homme imprégné de l’onction divine. Le mot onction est une allusion au rite du sacre royal : le prêtre versait de l’huile sur la tête du futur roi. Pourquoi de l’huile ? Parce qu’elle était censée fortifier et passait pour pénétrer les matières les plus dures. Quand la Bible parle du Messie à venir, elle évoque un personnage détenteur d’une autorité qui surpasse toutes les autres : il a un programme : restaurer la justice, établir la vérité dans un monde plein d’erreurs et de mensonges. A Pilate qui lui demande s’il est roi. Jésus répond : « Tu l’as dit, je suis roi, je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » Jean 18/37. Notons le mot « témoignage ». Il ne vient pas imposer la justice par la violence, mais simplement en se comportant selon cette justice et cette vérité. Ainsi
la liberté des hommes,
cette liberté qui les fait ressembler à Dieu,
sera respectée.