Si vous montez jusqu’au deuxième étage de la tour de Jouarre, vous y découvrez quelques versets de la Bible offerts à votre lecture. Si vous prenez le temps de les lire, de les méditer, vous y trouverez peut-être le secret de ce qui se vit dans un monastère : la Parole de Dieu, non seulement lue avec les yeux, mais touchant le cœur, faisant revivre une Parole que vous connaissez peut-être depuis longtemps, mais qui prend tout à coup une intensité nouvelle.
Auparavant, au premier étage de la tour, vous aurez admiré la belle statue du Christ aux liens, une image qui dit tant de choses. C’est sa Parole que vous aurez lue, celle que nous venons d’entendre aujourd’hui. Nous venons d’entendre le récit de deux lectures publiques de cette Parole, l’une à Jérusalem, au retour de l’Exil par le scribe Esdras, l’autre par Jésus à Nazareth.
Ce que nous venons d’entendre se passe au cours d’un mariage. La première lecture nous le laissait pressentir. Isaïe nous invitait à penser aux noces de Dieu avec son peuple et, à travers ce peuple, avec toute l’humanité.
Nous sommes au début de l’évangile de Jean, avec un récit d’initiation. Pour la première fois chez Jean, Marie entre en scène, comme médiatrice. Elle établit la relation entre la situation et son Fils, mobilise les acteurs, puis s’efface pour ne plus apparaître, chez le même évangéliste, qu’au pied de la Croix.
On a dit que ce jour là elle a mis son fils au monde, non plus comme un enfant à Bethléem, mais comme un homme avant de donner naissance au pied de la Croix au disciple, le nouveau corps unique dont parle la seconde lecture.
Puis elle s’efface dans la contemplation de Celui qui se révèle. Dans cette démarche, elle visite les trois sens du verbe « assister » : elle se substitue, elle contribue, elle est présente, elle est un modèle pour nous.
Il y a bien des figures du baptême dans la Bible.
Il y a d’abord la première page où nous voyons l’abîme primordial, masse d’eau sans rivage, figurer le néant. Nous pouvons pressentir que notre baptême comportera un aspect de création : avec lui surgira une réalité qui n’était pas encore là.
Avec le déluge nous apprenons que le péché, c’est à dire le refus de se construire à l’image de Dieu, provoque le retour au néant initial. De fait nous ne pouvons être autres qu’images de Dieu…Cependant, ce néant est en quelque sorte traversé et une humanité nouvelle surgit à la sortie des eaux. Voici maintenant la traversée de la mer rouge et du Jourdain : passage de l’esclavage à la liberté, création d’un peuple nouveau sur une terre nouvelle. « L’ancien a disparu, un être nouveau est là » dit St Paul. Nous sommes alors dans le thème omniprésent dans le nouveau testament de la création nouvelle dans le Christ.
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