Nous n’apprécions pas beaucoup d’être comparés à un troupeau. Ce côté grégaire semble nous confondre dans l’anonymat avec les moutons de Panurge en fond de tableau. Or Jésus inverse cette image : le bon berger connaît chacune de ses brebis et l’appelle par son nom. Il la connaît comme lui-même connaît le Père. Elle n’est pas pour lui un objet standard, interchangeable, mais une personnalité singulière. Et c’est pour cela qu’il n’abandonne pas la brebis blessée, malade ou perdue, qu’il s’agisse de détresse physique, mentale ou morale.
Chacun est unique pour le Dieu Un et personne ne doit être perdu.
C’est une relation personnelle que Dieu établit avec nous en Jésus Christ, relation inconcevable si elle n’est pas libre.
Tout au long de l’Écriture, nous voyons Dieu solliciter la liberté de l’homme
Homélie
Dans cette lumière de Pâques, il y a cinquante ans, sr Claire s’est engagée à suivre Jésus Christ. Ce que les premiers témoins, hommes et femmes, ont pu vivre alors, elle l’a vécu à son tour en se mettant à l’école du Ressuscité. Jésus venait de se manifester aux Onze et à leurs amis, alors qu’ils partageaient les événements qu’ils venaient de vivre comme le faisaient les deux compagnons sur le chemin d’Emmaüs.
Une parole familière, qui éveille la mémoire « paix à vous », bonjour, la salutation des soixante douze aux maisons qui les accueillaient, la paix messianique, parole familière qui invitait à entrer dans le don de Dieu Comme les disciples elle partageait sa foi au sein d’un groupe d’étudiants. Jésus se tient au milieu d’eux. Désormais il se rend présent dans la communauté des disciples qui échangent leur expérience du Dieu vivant.
Jésus se donne à reconnaître : « voyez mes mains et mes pieds », de manière de plus en plus réaliste. Luc veut prévenir les réactions de ceux pour lesquels l’humanité de Dieu est complètement impensable. Luc multiplie les images en contraste : Jésus vient de disparaître mystérieusement à la vue des disciples d’Emmaüs, peu après il est au milieu des onze. Il ne vit plus dans un corps soumis à l’espace et au temps, mais en même temps il invite ses disciples à le toucher, il mange en leur présence. Il est donc bien vivant dans son corps, éveillé dans la mort, mais transfiguré.
La réaction des disciples est inattendue : ils ne croient pas encore à cause de la joie. Elle les saisit lorsqu’ils se rendent compte qu’ils sont en présence de Jésus et non pas d’un fantôme, mais leur joie ne leur permet pas encore de le reconnaître dans sa nouvelle réalité et de voir ce que cela signifie pour eux. L’écoute de la Parole est nécessaire et Jésus une nouvelle fois les ouvre à l’intelligence des Écritures. Prends et lis !
Et Claire est entrée ici dans cette « école où l’on apprend le service du Seigneur » L’Esprit lui a alors rappelé les paroles qu’il lui avait déjà dites. Il fallait que la Loi de Moïse, les prophètes et les psaumes s’accomplissent en lui. Il n’exercerait pas sa royauté par la force et la contrainte, au contraire. Mais Jésus annonce aussi l’avenir. Désormais, c’est en son Nom que les Onze et leurs compagnons proclameront la conversion pour le pardon des péchés. C’est à ce titre que sr Claire devra assumer l’accueil et la formation des oblats du monastère, ceux et celles qui s’engagent à vivre l’esprit bénédictin dans leur condition de vie séculière. Ceux qui aujourd’hui l’entourent de leur reconnaissance et de leur amitié.
Preces
L'évangile du jour
Il y avait un homme, un pharisien nommé Nicodème ; c’était un notable parmi les Juifs.
Il vint trouver Jésus pendant la nuit. Il lui dit :
« Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne,
car personne ne peut accomplir les signes que toi, tu accomplis,
si Dieu n’est pas avec lui. »
Jésus lui répondit :
« Amen, amen, je te le dis :
à moins de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume de Dieu. »
Nicodème lui répliqua :
« Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ?
Peut-il entrer une deuxième fois dans le sein de sa mère et renaître ? »
Jésus répondit :
« Amen, amen, je te le dis :
personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ce qui est né de la chair est chair ;
ce qui est né de l’Esprit est esprit.
Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut.
Le vent souffle où il veut :
tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va.
Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. »