Tout au long de notre lecture de Saint Jean, nous revenons souvent sur cette question posée à Jésus par Jean et André lors de leur première rencontre, sur les bords du Jourdain : « Où demeures-tu ?», c’est à dire « D’où viens-tu ? »
Lui n’a jamais cessé de les introduire peu à peu dans son intimité, dans ce secret qu’il voulait leur faire partager, à la fois ce qu’il est pour eux et ce qu’il n’a jamais cessé d’être, le fils bien aimé du Père. Eux n’ont jamais cessé de s’interroger à son sujet, en hésitant à le reconnaître, en butant sur des paroles ou des comportements qu’ils ne comprenaient pas.
Maintenant ils ont la réponse. Ils viennent de lui dire :
« Enfin tu parles clair. Nous voyons maintenant que tu sais tout, pas n’est besoin qu’on t’interroge.
Cette fois nous croyons que tu es sorti de Dieu »
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Reconnaître Dieu pour ce qu’il est, c’est toujours une tâche qui rencontre en nous bien des obstacles.
A la fin de son évangile, St Matthieu nous présente Jésus comme l’Emmanuel, Dieu avec nous, St Luc lui, déclare de façon assez surprenante :
« Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils revinrent à Jérusalem en grande joie »
Ne plus pouvoir entendre, voir, toucher quelqu’un que l’on aime, c’est une dure épreuve. Comment expliquer cette joie dont parle St Luc ?
Il arrive souvent qu’un sentiment nouveau apparaisse, la certitude d’une nouvelle présence de l’absent. Au souvenir du passé, l’on comprend mieux des attitudes, des paroles, le sens profond d’une vie. On s’engage alors à poursuivre une œuvre, à prolonger un engagement. C’est une approche très humaine de ce qu’ont vécu les apôtres après l’Ascension et la Pentecôte. Jésus les a quittés, mais soudain il est là, plus visible, plus réel que jamais. Disparu à leurs yeux, ils entrent dans un ordre de réalité jusque là inconnu.
Ils peuvent alors partir dans le monde dire que Dieu est avec nous jusqu’à la fin des temps.
Essayons d’approfondir un peu…
Je voudrais seulement essayer de commenter trois mots : commandement, demeurer et aimer.
Ces paroles de Jésus sont parmi les dernières qu’il est donné aux apôtres d’entendre, son testament, des paroles d’une exceptionnelle gravité. Mais l’on est surpris d’entendre que le dernier mot soit celui de commandement, une consigne, un ordre, un mot que nous n’aimons pas beaucoup.
L’aboutissement de notre foi serait-il une éthique, une morale, une façon de vivre ? Le mot est employé dix fois dans le chapitre. Pourquoi ?
Sans doute en référence aux commandements de la Loi pour faire apparaître ce qui en est l’âme, l’amour dont elle est issue. Elle n’a de sens que si nous aimons les commandements. Ainsi les conduites selon l’amour sont multiples. Elles sont l’effet de la réalité invisible qui nous habite, l’Esprit qui nous permet de donner sens à ce que nous vivons. L’Esprit est en nous comme la sève dans le cep et les sarments. Il est en nous présence du Père et du Fils, donc de cette relation d’accueil et de don qui fonde tout ce qui vit. Dieu demeure ainsi en nous et nous demeurons en lui dans la mesure où nous reconnaissons cette présence en nous. Rien ne se passe sans notre liberté. Il s’agit de faire notre demeure dans cet amour dont nous sommes aimés..