Deux cortèges vont se croiser. L’un va vers la vie, l’autre vers la mort.
A la tête du premier Jésus, suivi par toute une foule. Habituellement, c’est la foule qui vient à lui, pour l’écouter, se faire guérir. Ils vont vers une ville, Naïm. En face vient un autre cortège, funèbre celui là. Tous les cortèges funèbres ne le sont pas au même titre. Celui-ci soulève l’émotion. Cette femme qui porte son enfant en terre a tout perdu. Elle est veuve et son fils était son seul enfant. La païenne de la première lecture est logée à la même enseigne, l’évidence pour elles c’est la victoire de la mort sur la vie.
Que se passe-t-il quand la source de la vie rencontre la mort aux portes de la ville ?
Nous avons eu récemment assez de morts tragiques en ville ou aux portes de la ville pour ne pas considérer cela comme une pure hypothèse. Le Seigneur la voit. Il est pris par la douleur de cette femme, douleur qui le prend aux entrailles. Peut-être voit-il en elle la douleur de Marie, sa propre mère. C’est semble-t-il la première fois qu’il sent monter en lui cette émotion profonde. La femme ne lui demande rien. Que peut-elle attendre ? Que peut-elle croire, si ce n’est à la réalité présente qui l’accable. Dans une situation semblable le centurion avait laissé jaillir sa foi : « Seigneur je crois, augmente ma foi… »
Mais cette femme pleure et cela suffit : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés, ils riront ! ». C’était une promesse, encore jamais réalisée. « Ne pleure pas ! » Jésus va l’accomplir. Il s’avance vers le cercueil, imposant l’arrêt au cortège. « Jeune homme, je te le dis, éveille-toi ! » Puissance d’une parole qui vient traverser la mort et rendre la vie en ce jeune qui se redresse et se met à parler. Jésus ne le rend pas à sa mère. A la lettre il lui donne un fils, signe d’une nouvelle naissance, préfiguration de la résurrection. Jésus sera lui-même le premier né à s’éveiller au terme de l’histoire.
Tous alors, nous dit saint Marc, sont saisis de crainte « Un grand prophète a visité son peuple ! » Sa renommée se répand alors partout, suscitant à la fois l’enthousiasme mais aussi les doutes et les refus. Nous venons d’apprendre à la fois l’humanité de Jésus, sa profonde communion à nos souffrances, mais aussi toute la puissance de résurrection qui l’anime.
Ce combat contre la mort, nous avons à le mener chacun à notre place avec l’esprit de force et d’espérance qui nous est donné.
Seigneur apprends-nous à combattre sans souci des blessures.
M...A...I...
Marcher... Autrement... Intériorité...
M… Marcher
Ou plutôt cheminer, pèleriner.
Simon Derache nous a fait la joie de passer par Jouarre alors qu’il suivait, pas à pas et cœur à cœur, le chemin tracé par St Colomban. Il nous a partagé un peu de son parcours où, heure après heure - dans la prière, la nature, les rencontres – il vit une superbe aventure humaine. Rien qu’à voir son visage rayonnant et son sourire plein de bonté, on ne peut en douter… En savoir plus
Pour nous, c’est une nouvelle occasion de replonger dans les racines de l’implantation monastique à Jouarre et de percevoir encore toute la mission d’évangélisation vécue au long des siècles. Quelle fidélité créatrice pour aujourd’hui ?
Comme la plupart de nos fêtes, celle d’aujourd’hui a une longue histoire. Les premiers siècles ne l’ont pas connue, mais en tout temps, nous avons été invités à reprendre conscience de ce qui se passe lorsque nous célébrons l’Eucharistie. Il s’agit d’un sacrement, un acte du Christ qui, dans l’Église, par des paroles et des gestes nous rend présents à ce qu’il a accompli lors de son passage de ce monde à son Père. Il emporte avec lui et fait passer en Dieu notre vie actuelle et notre avenir. Eucharistie signifie « action de grâce », c’est à dire reconnaissance pour tout ce que Dieu a fait pour nous, de ce qu’il fait au jour le jour.
Que fait-il ?
Il nous fait exister
et prend en charge nos désirs comme nos fautes,
pour nous faire accéder à sa propre vie.
«De même qu’envoyé par le Père qui est vivant, moi je vis par le Père, de même celui qui me mange vivra par moi » dit-il dans saint Jean. Vivre par quelqu’un, c’est avoir ses pensées, son cœur, pris par lui, c’est être passionné, avoir un but dans la vie. Comme le ressort est ce qui fait mouvoir une montre, la passion est ce qui nous fait vivre. Ceux qui vivaient avec Jésus, qui le voyaient l’écoutaient, savaient qu’il était passionné. Il le disait : « Il faut que le monde le sache : j’aime le Père... »
Nous revivons ce dernier repas de Jésus où il donne le sens de tout ce qui va se passer : « Prenez et mangez… prenez et buvez.. » Comprenons que le Saint Sacrement n’est pas d’abord les hosties que nous conservons dans nos tabernacles, mais notre participation dans la foi au dernier repas de Jésus. La « réserve » n’est là que pour permettre aux absents, en particulier aux malades, de participer à nos célébrations. Nous y avons trop peu recours. Je suis toujours surpris de constater qu’une seule personne parmi vous va porter la communion aux malades ou aux personnes âgées. …
L’Eucharistie n’est pas seulement là pour nous donner la présence du Christ. Elle le fait, mais cette présence est aussi action, don de la chair et du sang, donc de la vie. Elle ne doit pas passer au second plan. L’adoration du Saint Sacrement n’a de sens qu’en relation avec la Messe et ce qu’elle entraine.
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