Dimanche dernier, nous avons appris comment, sur la route de Césarée, Jésus avait donné un nouveau nom, Pierre, à l’un des Douze, Simon fils de Jonas, non sans raison. Celui-ci venait de le nommer Christ Fils de Dieu. Or il ne pouvait pas le faire de lui-même en vérité. Seul Dieu le Père pouvait le faire, car lui seul connait le Fils. Le Père avait donc parlé en lui.
Pour Pierre, cette identité nouvelle était celle de la pierre angulaire à partir de laquelle on peut construire solidement avec d’autres pierres vivantes formant le Corps du Christ.
Désormais lui et ses amis savent d’où vient Jésus. Il vient du Père, de Dieu lui-même. Il va leur dire où il va, à Jérusalem.
Pour Pierre, c’est impossible. Partout ailleurs, même chez les samaritains, les cananéens, mais pas à Jérusalem où les scribes et les pharisiens ont décrété sa mort. Pierre s’oppose vigoureusement, mais il s’attire une réponse tout aussi cinglante : « Arrière ! Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute. Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ! » A lui qui venait de parler au nom du Père !…
A pieds, sur la route, on réfléchit et l’on se pose bien des questions. C’était le cas pour Jésus et ses amis ce jour-là sur le chemin de Jérusalem. Celle que pose Jésus n’est pas n’importe laquelle. Elle revient sans cesse : « Le Fils de l’homme, qui est-il au dire des gens ? ». Les réponses ne tardent pas : « Jean Baptiste ? Élie, Jérémie, l’un des prophètes ? » Cela pour l’opinion publique ne suffit pas, même d’avoir nourri 5000 hommes. Ils attendent du spectaculaire, un changement de régime.
Cette question de l’identité de Jésus revient même lorsqu’il est sur la Croix : « Si tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, descends de la croix ! ». Fils du Dieu vivant, Pierre s’exprimant au nom de ses compagnons, venait de le déclarer sur la route de Jérusalem. Jésus venait d’annoncer qu’ils y allaient et qu’il devait y mourir, ce que Pierre refuse.
LA CANANEENNE Matt 14/21-28 20ème dim T.O
On a du mal à comprendre le comportement de Jésus au début de cet évangile, lointain, opposant un refus à une demande tellement compréhensible, lui qui a déclaré : « Laissez venir à moi les petits enfants », qui vient de nourrir la foule… Que se passe-t-il ? Il est vrai que nous sommes en territoire païen, cette terre des phéniciens où Jésus ne s’est pas encore trop risqué. S’il cherchait la discrétion, c’est manqué avec cette femme qui arrive en criant : « Prends pitié de moi Seigneur Fils de David ! » Elle s’adresse à lui comme à un thaumaturge : « Ma fille est tourmentée par un démon ! ». Les apôtres ont vu le danger et poussent Jésus à la renvoyer : « Elle nous casse les oreilles !
Mais voici que cette histoire prend un tour assez extraordinaire qui va montrer sa foi. Quelle foi ! C’est une femme on ne peut plus étrangère, elle est d’une tribu hostile aux Juifs.
Malgré les rebuffades,
elle est tenace et persiste
dans sa demande de guérir sa fille.
Elle défie l’étroitesse d’une tradition
qui limitait la miséricorde de Dieu à quelques choisis,
et elle en est généreusement récompensée