VENEZ LES BENIS DE MON PERE Mt 25/31-45
Un roi, c’est celui qui a le pouvoir de décision. Dans l’Antiquité, il avait à la fois le pouvoir législatif et exécutif. Le thème de la royauté divine signifie qu’il n’y a aucun pouvoir supérieur à celui de Dieu. Mais la bible nous montre le Créateur confier l’univers à l’homme : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez la » Dieu se dessaisit donc de son pouvoir en faveur de l’homme. Mais ce dernier va se trouver affronté à bien des forces qui le dépassent, à commencer par celles qui commandent les phénomènes naturels. Il faudra qu’il apprenne à les connaître, les désarmer, les utiliser. Nous sommes encore loin de compte ! Mais affirmer que Dieu est le roi de la création revient à dire que nous ne sommes quand même pas abandonnés par lui, qu’Il est là, à l’œuvre avec nous, même si nous n’avons pas fini de déchiffrer le mystère de sa Royauté.
Parler du Christ Roi est un pléonasme. « Christ » signifie « celui qui a reçu l’onction », celle par laquelle on sacrait les rois, comme il nous est dit de David.
Il est vrai que à l’époque où l’on s’est mis à parler beaucoup du Christ Roi jusqu’à instituer une fête pour ce titre, les intentions n’étaient sans doute pas complètement religieuses. C’était l’époque où l’on rejetait un pouvoir clérical qui voulait régenter trop de choses parce que l’on ne distinguait pas bien Dieu et César. Mais la royauté du Christ ne se limite pas à ce point de vue.
Nous pouvons nous demander : sur qui et sur quoi le Christ règne-t-il ?
Lire la suite : Christ-Roi 2020 - Homélie et Prière universelle
Une parabole archiconnue ! On l‘interprète souvent dans le but de développer nos qualités, oubliant que Jésus n’est pas venu seulement pour nous donner des leçons de développement personnel, mais d’abord pour nous faire connaître le Père.
Quelques remarques pour commencer :
Le maître en donnant son argent à ses employés ne leur donne aucune consigne au sujet de son emploi. Il ne leur dit même pas de le faire fructifier. Ils auront à le découvrir d’eux-mêmes. C’est comme dans le Décalogue quand après nous avoir dit d’aimer, il ne nous est pas dit comment. Il indique seulement ce qu’il ne faut pas faire.
Aimer ne peut pas être commandé de l’extérieur,
cela doit venir de l’intérieur.
(Dans les confessions d’autrefois : je n’ai pas tué, pas volé, je ne vois pas ce que j’aurai pu faire de mal…Il aurait fallu entendre : j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’avais soif.. etc).
La valeur de nos vies ne se mesure pas seulement au bien que nous avons fait, mais aussi à celui que nous n’avons pas fait. Ce qui condamne le riche, c’est de ne pas avoir regardé Lazare affamé devant sa porte.
Mais là n’est pas le plus important dans cette parabole.
Ces jeunes filles nous représentent tous. Nous sommes tous invités à des noces.
Les lampes allumées disent notre vigilance, l’intensité de notre désir, le sens profond que nous donnons à notre vie.
C’est justement ce qui est mis à l’épreuve par la durée de l’attente et par la nuit. Dans notre monde marqué par tant de catastrophes, d’incertitudes, de crises diverses, il est facile de se décourager, d’oublier de mettre l’huile nécessaire pour entretenir la flamme. Il en faut une bonne réserve pour ne pas perdre cœur et ne pas se laisser entraîner par ce qui fait recette , du côté du pouvoir ou de l’argent, en vivant ce que l’instant peut procurer de plaisir immédiat. L’évangile nous dit que nous allons vers des noces, mais ce n’est pas la joie des noces que la crise nous promet.
Non seulement l’époux tarde à venir, mais il fait nuit. On ne le voit pas, on entend seulement un cri dans la nuit qui nous annonce son arrivée.