IL PRIT AVEC LUI PIERRE JACQUES ET JEAN
Pour la première fois, Jésus vient de déclarer clairement à ses disciples qu’il devra être rejeté, tué, puis ressusciter trois jours après. Pierre a réagi vivement et il s’est fait rabrouer de la même façon par Jésus. Cette réaction de Pierre n’est elle pas celle de bien des chrétiens quand ils découvrent réellement ce que fut la passion du Christ ? Sans compter que même si ce n’est pas de façon aussi tragique, le même sort nous est finalement promis.
C’est alors qu’il prend avec lui Pierre Jacques et Jean et les conduit sur une « haute montagne ». Ces trois disciples seront aussi appelés à l’accompagner à Gethsémani avant de devenir les piliers de l’Église. Les voici sur cette montagne et Jésus est alors enveloppé d’une lumière étincelante qui préfigure sa résurrection, ce qui vient au terme de toute l’Écriture. Moïse et Élie, la « loi et les prophètes », sont là, témoins de ce qu’ils ont annoncé et qui va s’accomplir. Ils évoquent tout le cheminement passé de l’humanité vers la lumière, alors que les trois disciples en sont l’avenir. L’illustration parfaite du
« Christ hier, aujourd’hui et toujours »
L’Esprit conduit Jésus au désert. Pendant 40 jours il va revivre l’épreuve vécue par son peuple pendant 40 ans. Difficile de vivre au désert : Jésus va connaître la faim, la soif, comme nous la tentation de chercher la sécurité du pain quotidien par l’accumulation des richesses, l’illusion du pouvoir et de la toute-puissance dans la famille, le pays, l’entreprise, la tentation des « moyens courts ». Tout part de la faim avec les trois tentations fondamentales du pouvoir économique, religieux et politique.
C’est d’ailleurs ce que le peuple lui demande, qu’il fasse des miracles, prenne la tête du peuple pour rétablir la souveraineté d’Israël.
Mais Jésus n’a utilisé sa puissance
que pour guérir, nourrir, changer les cœurs.
ON VOUS A DIT, MOI JE VOUS DIS
Voici des mots bien simples, mais des formules étonnantes, qui heurtent, à moins de les entendre distraitement : tout un programme, une conception de la vie en contradiction avec notre comportement habituel. « On vous a dit, moi je vous dis » ; Jésus nous demande de sortir de l’esprit du monde, il énonce une loi nouvelle.
Tout n’est pas à prendre au pied de la lettre. Ainsi après avoir déclaré qu’il fallait tendre la joue gauche quand on vous frappe sur la joue droite, Jésus lui-même dans la Passion n’agit pas ainsi. Il ne tend pas l’autre joue, mais il demande : «Pourquoi me frappes-tu?» Remarquons qu'il ne se met pas en colère et ne cherche pas à se venger, il renvoie le garde à lui-même, l'invitant à s'interroger sur son comportement.
Dans notre évangile, il va plus loin : il nous demande de nous soumettre à la volonté de l'autre, même si cette volonté est mauvaise. Lui-même acceptera de donner sa chair et son sang, et nous demandera de faire la même chose en mémoire de lui. Ne pensons pas tout de suite au martyre : combien de parents sont amenés à se soumettre aux choix imprévus de leurs enfants devenant adultes ? Et les époux entre eux ?
À chaque instant nous sommes invités, d'une façon ou d'une autre, à donner notre vie, le plus souvent par petits morceaux, en attendant le don ultime et définitif.