Il y a dans ce que nous venons d’entendre toute l’histoire de l’humanité, une humanité aveugle, la nôtre. Jean la raconte à partir d’une remarque assez fréquente dans son évangile : « Jésus passait ». Notre Dieu n’est pas un personnage installé, insensible, immobile. Il passe et nous fait tourner nos regards à l’avance vers le grand passage de Pâques, celui du baptême.
Jean campe dans cette scène toutes les attitudes que les hommes vont prendre par rapport à Jésus :
- celui qui se sait aveugle et qui n’aspire qu’à la guérison. Il accèdera à la lumière par la foi.
- il y a ceux qui se désintéressent de la guérison parce qu’ils ne veulent pas d’histoires. « Tu veux devenir chrétien ? c’est ton affaire ». C’est le grand nombre des indifférents.
- Il y a ceux qui se croient lucides alors qu’ils ne font qu’utiliser leur savoir pour renforcer leur aveuglement.
- Il y a ceux qui croient pouvoir juger le mendiant guéri et le jettent dehors, lui et Jésus. Ils resteront dans leur cécité définitive.
Les frontières de la France ne sont plus guère contestées. Il n’en est pas de même pour bien des nations dont l’unité est fragilisée par des divisions entre des clans, des tribus, ou par des frontières mal établies. Il en fut ainsi pour Israël. Le royaume de David éclata à la mort de son fils Salomon. Dix tribus sur les douze se séparèrent pour former le royaume du nord, en Samarie. Les juifs à proprement parler ne sont plus que les membres de la tribu de Juda et ceux de la tribu de Lévi qui se tiennent autour de Jérusalem. La Galilée est au nord de la Samarie, ce qui explique l’hostilité entre juifs et samaritains. Jésus va annoncer une réconciliation, que nous voyons s’opérer à la fin de cet évangile. Il met de côté la question de savoir s’il faut adorer à Jérusalem ou sur le mont Garizim où se dressait le temple rival des samaritains.
Dieu est partout, là où il agit.
Le lieu de l’adoration c’est celui de la rencontre de Jésus Christ,
ce puits auprès duquel, fatigué, il vient demander à boire à une femme.
IL PRIT AVEC LUI PIERRE JACQUES ET JEAN
Pour la première fois, Jésus vient de déclarer clairement à ses disciples qu’il devra être rejeté, tué, puis ressusciter trois jours après. Pierre a réagi vivement et il s’est fait rabrouer de la même façon par Jésus. Cette réaction de Pierre n’est elle pas celle de bien des chrétiens quand ils découvrent réellement ce que fut la passion du Christ ? Sans compter que même si ce n’est pas de façon aussi tragique, le même sort nous est finalement promis.
C’est alors qu’il prend avec lui Pierre Jacques et Jean et les conduit sur une « haute montagne ». Ces trois disciples seront aussi appelés à l’accompagner à Gethsémani avant de devenir les piliers de l’Église. Les voici sur cette montagne et Jésus est alors enveloppé d’une lumière étincelante qui préfigure sa résurrection, ce qui vient au terme de toute l’Écriture. Moïse et Élie, la « loi et les prophètes », sont là, témoins de ce qu’ils ont annoncé et qui va s’accomplir. Ils évoquent tout le cheminement passé de l’humanité vers la lumière, alors que les trois disciples en sont l’avenir. L’illustration parfaite du
« Christ hier, aujourd’hui et toujours »