On peut être légitimement surpris, un jour de Noël, de ne pas entendre le récit de la Nativité. Seuls Matthieu et Luc nous le donnent. Une seule allusion dans les épitres. Un silence étonnant mais qui nous montre que la première prédication chrétienne ne tournait pas autour de Noël, mais de Pâques. Ce qui est étonnant c’est le Christ mort et ressuscité, c’est seulement. après que l’on se demandera :
« Ce Christ d’où vient-il ? »
Même s’ils sont placés au début des évangiles, ces récits ne sont pas un début. C’est la fin de l’histoire de Jésus qui pose la question de son commencement, ce que Jean va faire de façon magistrale dans ce prologue.
Dans la première lecture, nous avons vu le prophète Isaïe annoncer au roi Acaz la naissance d’un enfant alors que sa femme était jusque là stérile. Matthieu reprend cette prophétie en la modifiant.
Avec lui la « jeune femme » d’Isaïe devient une « vierge »
et le nom « Dieu avec nous » (Emmanuel) devient « le Seigneur sauve » (Jésus).
Ainsi la prophétie se trouve prononcée au temps d’Acaz et accomplie, c’est-à-dire vérifiée, portée à un terme qui la dépasse, avec Joseph. Ainsi ce qui se passe dans le « purement humain », l’énoncé d’une parole, recèle déjà une présence active de Dieu qui ne se révélera et n’atteindra son sommet que lorsque l’homme et Dieu ne feront plus qu’un.
De même par le baptême nous sommes déjà enfants de Dieu, mais ce que nous serons par l’accomplissement de cette seconde naissance n’a pas encore été manifesté. Ainsi l’Avent ne concerne pas seulement le Christ, mais notre propre marche vers notre ultime venue au monde par laquelle nous lui deviendrons semblables 1 Jn 3/2
Dans notre évangile deux questions d’identité : « Qui est Jésus ? Qui est Jean Baptiste ? »
Étonnante la question de Jean. Au chapitre 3 du même évangile on l’a vu baptiser Jésus et il a entendu la voix venue du ciel le déclarer Fils bien aimé. Mais il fait encore partie de l’Ancienne alliance. La nouvelle alliance qu’il annonce garde encore pour lui son secret. Il en reste à l’attente d’un messianisme temporel, au triomphe social et politique attendu par son peuple.
Or le voici en prison, victime de la cruauté d’Hérode. Est-ce cela le Royaume de Dieu annoncé ? Pourtant au fond de lui la foi demeure. Il ne fermera pas les yeux sur l’adultère d’Hérode, jusqu’à en mourir. Et c’est à Jésus qu’il envoie des messager pour savoir s’il est celui qui doit venir ou s’il faut en attendre un autre. Écoutons bien la réponse du Christ : il n’annonce pas un triomphe politique ou militaire, mais il révèle que Dieu est tout entier miséricorde, en alliance avec toutes les victimes du mal qui empoisonne le monde. La Croix est à l’horizon.