Nous venons d’entendre Jean Baptiste déclarer à deux reprises en parlant de Jésus : « Je ne le connaissais pas ». Surprenant ! Il était quand même son cousin, n’avait-il pas tressailli dans le sein de sa mère à son approche ? Dans bien des familles nous nous connaissons parfois fort mal, mais l’ignorance dont parle Jean est bien réelle, c’est même celle dont nous souffrons tous.
Comment connaître le Dieu tout-puissant
sans être disposé, poussé préparé à cette rencontre ?
C’est précisément ce qui se passe lorsque l’Esprit Saint descend sur Jésus, tout comme sur Pierre, Jacques et Jean au jour du Thabor, sur Paul à l’entrée de Damas, sur tel ou telle d’entre nous le jour où sa vie a basculé.
« j’ai vu l’Esprit Saint descendre du ciel sur lui »
Il y a bien des figures du baptême dans la Bible. Il y a d’abord le chapitre 1 de la Gen. où nous voyons l’abîme primordial, masse d’eau sans rivage, figurer le néant. Nous pouvons pressentir que notre baptême comportera un aspect de création : avec lui surgira une réalité qui n’était pas encore là.
Avec le déluge nous apprenons que le péché, c’est à dire le refus de grandir à l’image de Dieu, provoque le retour au néant initial. De fait nous ne pouvons être autres qu’images de Dieu…Cependant, ce néant est en quelque sorte traversé par une humanité nouvelle surgie à la sortie des eaux. Voici maintenant la traversée de la mer rouge et du Jourdain : passage de l’esclavage à la liberté, création d’un peuple nouveau sur une terre nouvelle. « l’ancien a disparu, un être nouveau est là » dit St Paul. Nous sommes alors dans le thème omniprésent dans le nouveau testament de la création nouvelle dans le Christ.
A priori nous pourrions penser que Jésus n’avait aucune raison de se soumettre au baptême de Jean. Il n’a pas besoin de se laver, de traverser les eaux mortelles, de renaître dans un baptême pratiqué pour la rémission des péchés. En lui il n’y a pas de division entre les hommes et Dieu.
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Paul vient de nous le dire, dans la seconde lecture : « Tel est le mystère caché depuis le commencement : Nous sommes tous appelés à ne former qu’un seul corps, aussi différents que nous soyons. » Tout a commencé dans la différence, pour nous rappeler qu’aucun d’entre nous, juif ou païen, homme ou femme, surdoué ou débile, ne peut se prendre pour l’universel, pour Dieu.
Nous avons besoin
de l’autre, des autres,
pour exister en plénitude.
C’est pourquoi Gen l nous montre Dieu créant de la différence, le jour et la nuit, le sec et l’humide, les espèces. L’être humain est créé homme et femme et c’est leur union qui met au monde l’homme image du divin.
L’épisode des Mages annonce la convergence de tous les étrangers vers l’homme nouveau qui vient de naître. Les Mages sont aux antipodes d’Israël, prêtres de l’Iran ancien, lettrés, astrologues, souvent moqués dans la Bible. Ils n’ont rien à voir avec les juifs. Leur venue indique que les hommes les plus éloignés du peuple élu, les participants de toutes les cultures finiront par converger vers cet enfant nouveau, comme si l’évangile de Matthieu commençait en nous mettant en présence de la fin des temps.
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