Avouons-le, le dogme de la Trinité est peut-être, dans la foi chrétienne, celui qui est le plus difficile à admettre. Aussi bien juifs que musulmans, avec lesquels nous partageons la foi en un Dieu unique, ne comprennent pas pourquoi les chrétiens ont imaginé une chose pareille. Hérétiques pour les juifs, associateurs pour les musulmans, ils refusent de nous reconnaître comme eux fils d’Abraham.
En ceci il ne s’agit pas de théorie, mais d’expérience, celle des disciples de Jésus qui, avec lui, ont appris à nommer Dieu le Père, (Ps 89/27) tout en le découvrant lui, Jésus, comme l’Envoyé du Père, image parfaite du Père, en même temps qu’il leur promettait la venue d’un Autre lui-même, présent dès l’origine, mais capable de défendre sa mémoire et d’assurer à tout jamais, sous une autre forme, sa visibilité.
C’est bien de la vie avec Jésus que naît la conviction que Dieu est l’unité des trois.
A la Pentecôte, ceux qui sont à Jérusalem viennent de tous les coins du monde connu. Ils ne sont ni meilleurs ni pires que nous. Ils ont entendu parler de résurrection. Quand ils entendent Pierre et les autres chanter les merveilles de Dieu et proclamer la Bonne Nouvelle ils sont rejoints dans ce coin d’eux-mêmes qui aspire à autre chose, qui attend qu’enfin advienne un monde nouveau. Et le miracle se produit.
Ils comprennent et se comprennent. C’est l’étonnement : « comment se fait-il que chacun de nous entende ces Galiléens dans sa langue maternelle ? ». La vérité se révèle.
Nous savons qu’il y a bien des manières de l’approcher.
A l’heure de quitter ses amis, Jésus ne leur parle plus en paraboles, il ne leur dévoile plus progressivement qui Il est à partir de signes, comme la multiplication des pains, la guérison d’un aveugle, la résurrection de Lazare, il leur parle directement du Père en s’adressant à Lui.
Il nous est peut-être arrivé de découvrir un jour chez quelqu’un que nous connaissons bien, un proche que nous aimons, ce qui est en quelque sorte le secret de sa personnalité, ce qu’il n’avait jamais dit à personne. Il le fait en nous le confiant dans un dialogue, ou en l’écrivant.
C’est ce qui se passe pour les apôtres. Jésus leur confie le secret dont il est porteur, la mission qu’il a reçue, ce qui le fait vivre, parler, agir.
Il le fera ensuite, non plus en paroles, mais en nous aimant jusqu’au bout, en donnant sa vie.
Retenons la dernière parole, celle qui donne sens à l’ensemble. :
« Pour eux, je me consacre moi-même afin qu’ils soient eux aussi consacrés en vérité »