Jésus vient de nous parler de ce qui va se passer. Il le fait en terme de glorification, un mot qui n’a pas tout à fait le même sens dans l’Écriture que dans notre langage habituel, où il évoque surtout la renommée. Dans la Bible il est associé à l’idée de poids, de ce qui a valeur en lui-même, et non seulement dans les apparences. Quand on parle de la gloire de Dieu, il s’agit de Dieu lui-même, en tant qu’il se manifeste. La révélation essentielle de l’évangile est que cette gloire est tout entière présente en Jésus. La gloire de Dieu est « sur sa face » dira saint Paul. Lui rendre gloire, c’est croire en lui, lui faire une confiance absolue.
Dieu va glorifier son Fils, qui jusqu’alors a été ignoré, contesté, pris pour un autre. La question de son identité parcourt tout l’évangile de Jean. Maintenant, il va être révélé, proclamé. Élevé de terre il attirera à lui tous les hommes. Tous les hommes, y compris ces étrangers qui sont justement là, comme les Mages, désireux de le voir. Ce qu’ils savent de lui tient à ce qu’ils ont entendu, un homme qui parle vrai, proche de tous, capable de guérir. Mais ils veulent se rendre compte par eux-mêmes. Ils sentent sans doute qu’en Jésus quelque chose leur échappe. Ce qui leur échappe est encore à venir et pourtant bel et bien là, en face d’eux. « L’heure est venue ». Le terme maintenant revient trois fois.
Avec saint Jean aujourd’hui, nous sommes au seuil de la vie publique de Jésus. Voici qu’un pharisien vient le trouver, de nuit, pour lui parler personnellement, tout comme le scribe dont il était question vendredi dernier. C’est déjà une première invitation à ne pas mettre tout le monde sous la même étiquette. Tous ne s’alignent pas forcément sur l’opinion commune.
Jésus lui parle d’une nouvelle vie,
avec une nouvelle naissance,
ce qui suppose de quitter l’ancienne.
Il ne reste plus grand chose du Temple de Jérusalem : un mur contre lequel viennent pleurer les juifs. Dans les interstices des pierres, le Pape Jean Paul II y a glissé quelques mots. Des archéologues font des fouilles pour retrouver les fondations situées sous la grande mosquée, un lieu permanent de conflits, faute d’entendre la parole de Jésus : « Détruisez ce temple et en trois jours, je le relèverai ». Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps. Dès la fin de l’époque prophétique, avec Jérémie, Ézéchiel, tout un courant de pensée parlait déjà d’un temple spirituel, en réaction cotre l’attachement excessif au Temple de pierre.
Jésus, comme les prophètes n’en professe pas moins un grand respect pour l’édifice matériel et c’est la raison de ce geste prophétique consistant à chasser les marchands. On le lui reproche au cours de son procès et même quand il agonise sur la croix.
Or le Temple a perdu sa fonction de signe de la présence divine. C’est désormais le Corps de Jésus qui joue ce rôle. Nous venons de l’entendre :
« Il parlait du temple de son Corps »