Plusieurs images nous viennent celle du berger, mais aussi celle de la porte étroite de Mt 7, celle qui conduit à la vie, passage obligé par les portes de la mort. En bon berger, Jésus a franchi ces portes de l’enclos qui nous retenait pour partager notre vie, nos servitudes, nos joies et nos peines. Puis il est sorti le premier pour nous conduire vers les verts pâturages de la liberté.
Il n’y a pas d’autre porte que celle de Pâques,
de la mort et de la résurrection du Christ.
Ceux qui veulent faire le mur ne sont que des voleurs qui cherchent à prendre notre vie en nous enrôlant vers d’autres enclos.
Une fois sortis, nous sommes invités à ne pas oublier l’enclos et à y revenir, non par peur, mais pour nous y comporter à la façon de Jésus, en travaillant à la libération de nos frères. La libération des captifs nous y pensons souvent à propos des otages, mais il faut aussi y travailler autour de nous en commençant par nous-mêmes.
Je suis la porte des brebis
Jésus se présente comme le berger, mais il se dit aussi la porte, c’est à dire que c’est par lui que nous passons à la vie. L’image corrige celle du berger que le troupeau n’a qu’à suivre, il nous donne la force de passer par des étapes difficiles, d’un monde à l’autre, il va jusqu’à donner sa vie pour nous. Donner sa vie, c’est à dire qu’il nous fait vivre, penser, aimer, vouloir. Nos actions sont bien les nôtres, mais aussi les siennes, puisque comme dit St Pierre, nous devenons participants de la nature divine.
Ils l’ont vu sur la route d’Emmaüs, marché avec lui, partagé le pain, leurs cœurs sont encore tout brûlants de cette rencontre, et ils ont obéi quand il leur a dit : « Allez trouver mes frères… ». Les frères écoutent, mais ils ont du mal à croire, à comprendre, tout comme nous peut-être.
Et voici que Jésus est là, au milieu d’eux avec ses mots à lui, qui disent la proximité, mais auxquels il ajoute la distance. Il doit partir pour rejoindre le Père. Jésus va disparaître à leurs yeux pour leur préparer une place « Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous » (Jn 14/20)
Il y a à la fois distance et intériorité réciproques.
Dieu est là, il fait en nous sa demeure, mais nous avons à ratifier sa présence par un accord, un mouvement, par l’engagement de notre liberté. Cet accord dépend de notre foi, d’une relation consciente et vivante avec Dieu.
N’allons pas croire que Jésus passe à travers les portes. Si ses disciples le voient tout à coup dans la pièce où ils étaient enfermés, c’est qu’il était déjà là, d’une présence invisible, mais non moins vraie. Peu à peu ils se souviendront de ce qu’il leur avait dit lors de leur dernier repas : « Moi en eux et Toi, le Père en moi, pour qu’ils soient parfaitement un » Jn 17/20.
Le Christ se trouve partout où nous sommes. Les portes sont fermées, non pour permettre d’entrer, mais pour que nous puissions sortir « Je vous envoie » dit Jésus. Il a dit qu’il ferait des croyants réunis sa demeure. Donc là où se trouve le disciple se trouve le Christ. C’est chacun de nous qui devient sa demeure, chacun de nous dans la mesure où il est comme Lui, tourné vers le Père et vers les autres.
Et Thomas, si proche de nous, patron des mauvais croyants que nous sommes, il n’était pas là quand Jésus est apparu. Deux d’entre eux sont repartis vers leur village, eux sont restés, peut être avec le secret espoir que quelque chose va se passer. Lui Thomas, ne les a pas abandonnés, puisque « huit jours plus tard » il est avec eux. Huit jours pendant lesquels ils ont pu parler des événements, essayer de comprendre, de croire, de se souvenir de telle ou telle parole de Jésus, de l’Écriture. Huit jours après c’est le signe qu’après les six jours de la création et le septième consacré au repos de Dieu, voici le jour d’une ère nouvelle, d’une nouvelle création.