Homélie de St Jean Chrysostome sur l’Évangile de St Matthieu
Et un lépreux venant à lui l’adorait en lui disant: Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir (2). Et Jésus «étendant la main le toucha en lui disant: Je le veux, soyez guéri. Et aussitôt sa lèpre fut guérie (3). » Cet homme fait preuve de beaucoup de sagesse et de foi en approchant de Jésus-Christ. Il ne va point inconsidérément interrompre son discours. Il ne fend point la foule pour venir avec précipitation jusqu’au Sauveur. Il attend paisiblement une occasion favorable, et lorsqu’il le voit descendre, il s’approche de lui, non d’une manière indifférente, mais avec une humilité profonde. Il se prosterne à ses pieds, comme le marque un autre évangéliste, avec un respect qui montrait quelle foi sincère il avait, et quelle grande idée il se faisait de Jésus-Christ. Il ne lui dit point: Si vous priez Dieu pour moi; mais: « Si vous le voulez, vous pouvez me guérir. » Il ne dit pas non plus: « Seigneur, guérissez-moi : » mais il lui laisse tout entre les mains; il le rend maître absolu de sa guérison, et il rend témoignage à sa toute-puissance. Mais, dira-t-on, si l’opinion du lépreux était une opinion erronée ?... —Alors il eût fallu détruire l’opinion, et reprendre et redresser celui qui l’avait. Or est-ce que Jésus-Christ l’a fait? Point du tout; au contraire il confirme et corrobore ce qu’a dit cet homme, C’est pourquoi il ne dit pas simplement: soyez guéri, mais: « Je le veux, soyez guéri, de sorte que le dogme de la toute-puissance et de la divinité de Jésus-Christ ne repose plus seulement sur l’opinion d’un homme quelconque, mais sur l’affirmation même de Jésus-Christ. Les apôtres ne parlaient pas de la sorte, et ne s’attribuaient pas ainsi cette puissance dans les miracles qu’ils faisaient. Car voyant les hommes surpris et étonnés des prodiges qu’ils faisaient en leur présence, ils leur disaient : « Pourquoi nous regardez-vous avec admiration, comme si c’était nous qui par notre « propre puissance eussions fait marcher cet homme?» (Act. III, 12.) Mais le Seigneur, lui, que dit-il, lui qui parlait d’ordinaire si humblement de lui-même, et dont le langage était infiniment au-dessous de sa gloire; que dit-il, pour établir le dogme de sa divinité, devant toute cette multitude qui le regarde avec stupéfaction? « Je le veux, soyez guéri. »
En quelques lignes St Marc nous transporte en trois lieux différents, de la synagogue, le lieu le plus officiel, à la maison de Pierre et André, puis à la porte de cette maison, avant de s’engager, la nuit, dans un lieu désert. En chaque lieu apparait de la nouveauté.
Dans la maison, la belle-mère est malade. On en parle à Jésus qui transgresse la Loi, un jour de sabbat, en lui prenant la main et en la faisant se lever. Elle se mit à les servir. Ce verbe n’était apparu qu’une fois, pour les anges qui servaient Jésus dans le désert. Ici les anges restent au ciel, une femme les remplace. Elle devient dans la Tradition la première figure du service dans l’Église où nous voyons s’échanger des services mutuels, Nous avons vu St Paul les évoquer dans la seconde lecture quand il dit « je me suis fait le serviteur de tous » Vivre des relations de réciprocité, c’est édifier une communauté.
Une première remarque : quand il s’agit de la Parole de Dieu il est parfois question de la proclamer et d’autres fois, de l’enseigner. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Proclamer, c’est faire advenir ici et maintenant. On proclame un événement qui vient de se passer. Enseigner, c’est ajouter des commentaires, des interprétations. Cela donnera d’ailleurs naissance par la suite à des ministères différents, apôtres et docteurs (un journaliste proclame, un professeur enseigne).
Ici, il nous est dit que Jésus enseignait avec autorité. Sa parole est neuve, on n’a jamais enseigné comme lui. Elle accomplit ce qu’elle dit. Elle ouvre un avenir, elle éclaire, elle « rabroue » le vent et la tempête, elle dérange aussi le démon tapi au cœur de l’un des assistants. Établi dans la contradiction, il invective Jésus pour lui dire qu’il refuse toute relation : « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » C’est vrai entre Dieu et le mal il y a contradiction. C’est bien pourquoi St Marc montre que là où Jésus parle l’esprit mauvais s’enfuit.
Attention cependant à bien comprendre l’action de Jésus :