En quelques lignes St Marc nous transporte en trois lieux différents, de la synagogue, le lieu le plus officiel, à la maison de Pierre et André, puis à la porte de cette maison, avant de s’engager, la nuit, dans un lieu désert. En chaque lieu apparait de la nouveauté.
Dans la maison, la belle-mère est malade. On en parle à Jésus qui transgresse la Loi, un jour de sabbat, en lui prenant la main et en la faisant se lever. Elle se mit à les servir. Ce verbe n’était apparu qu’une fois, pour les anges qui servaient Jésus dans le désert. Ici les anges restent au ciel, une femme les remplace. Elle devient dans la Tradition la première figure du service dans l’Église où nous voyons s’échanger des services mutuels, Nous avons vu St Paul les évoquer dans la seconde lecture quand il dit « je me suis fait le serviteur de tous » Vivre des relations de réciprocité, c’est édifier une communauté.
Une première remarque : quand il s’agit de la Parole de Dieu il est parfois question de la proclamer et d’autres fois, de l’enseigner. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Proclamer, c’est faire advenir ici et maintenant. On proclame un événement qui vient de se passer. Enseigner, c’est ajouter des commentaires, des interprétations. Cela donnera d’ailleurs naissance par la suite à des ministères différents, apôtres et docteurs (un journaliste proclame, un professeur enseigne).
Ici, il nous est dit que Jésus enseignait avec autorité. Sa parole est neuve, on n’a jamais enseigné comme lui. Elle accomplit ce qu’elle dit. Elle ouvre un avenir, elle éclaire, elle « rabroue » le vent et la tempête, elle dérange aussi le démon tapi au cœur de l’un des assistants. Établi dans la contradiction, il invective Jésus pour lui dire qu’il refuse toute relation : « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » C’est vrai entre Dieu et le mal il y a contradiction. C’est bien pourquoi St Marc montre que là où Jésus parle l’esprit mauvais s’enfuit.
Attention cependant à bien comprendre l’action de Jésus :
J’entends souvent dire : « Ce n’est pas possible maintenant, la situation n’est pas mûre, les conditions nécessaires ne sont pas encore remplies… Il faut attendre, faire preuve de patience.. » C’est souvent vrai, ce sont mes propres alibis surtout devant une décision difficile à prendre. La plupart du temps, ça n’arrange rien, en particulier s’il s’agit du médecin ou du dentiste. La situation ne fait que se dégrader. Avec l’âge surtout les décisions deviennent de plus en plus difficiles. Pour le médecin, si je tarde trop, le mal risque d’être mortel.
Jésus nous en avertit souvent : « Ne tardez pas à mettre de l’huile dans votre lampe ». A certaines heures, les événements se précipitent. Pensez aux jeunes filles sages et aux insensées. C’est le sens des deux premières lectures que nous venons d’entendre « Aussitôt les gens de Ninive crurent à Jonas » et Paul qui déclare aux Corinthiens : « Frères, je dois vous le dire, le temps est limité et le monde tel que vous le voyez est en train de passer »
Nous savons bien que par ailleurs toute l’Écriture nous parle du temps de Dieu, un temps long, celui des périodes de préparation, de maturation, mais il y a aussi des moments d’accélération de l’histoire, lorsque Jésus appelle les apôtres, Le mot clé, c’est alors « aussitôt » !