La Loi avec Moïse, les prophètes avec Élie, c’est toute l’ancienne Alliance qui accueille Jésus transfiguré. Il est Lui, la nouvelle et éternelle Alliance, celle de l’unité entre l’humanité et la Dieu. A la fin du récit, il est seul, car tout le passé se résume en lui. Il est la nouvelle Loi. Avec lui il ne s’agit plus seulement d’un texte, mais d’une personne vivante, cet homme en qui resplendit la gloire de Dieu. Il s’agit de le voir et de l’écouter, de le suivre aussi.
Le suivre où ? C’est la question que les apôtres ne cessent de lui poser.
LA TENTATION Marc 1/12-15
Aujourd’hui, Jésus est conduit au désert. Le Tentateur s’approche, c’est lui qui a l’initiative. On serait tenté de dire : bien sûr Jésus va triompher. Mais rien n’est joué d’avance. Le Fils n’est pas à l’abri, parce qu’il est devenu l’un de nous, partageant en tout la condition humaine.
Les tentations du Christ le rapprochent beaucoup de ses amis, les disciples, du simple croyant qui s’efforce d’être fidèle à son Dieu. Il n’y aurait pas de tentation si le Tentateur était vaincu d’avance. Il s’efforce d’attaquer des points sensibles et de pousser ses avantages.
Ne le voyons surtout pas comme un personnage aux pieds fourchus, au visage grimaçant. Il vient de l’intérieur, c’est un ennemi de l’intérieur.
Homélie de St Jean Chrysostome sur l’Évangile de St Matthieu
Et un lépreux venant à lui l’adorait en lui disant: Seigneur, si vous le voulez, vous pouvez me guérir (2). Et Jésus «étendant la main le toucha en lui disant: Je le veux, soyez guéri. Et aussitôt sa lèpre fut guérie (3). » Cet homme fait preuve de beaucoup de sagesse et de foi en approchant de Jésus-Christ. Il ne va point inconsidérément interrompre son discours. Il ne fend point la foule pour venir avec précipitation jusqu’au Sauveur. Il attend paisiblement une occasion favorable, et lorsqu’il le voit descendre, il s’approche de lui, non d’une manière indifférente, mais avec une humilité profonde. Il se prosterne à ses pieds, comme le marque un autre évangéliste, avec un respect qui montrait quelle foi sincère il avait, et quelle grande idée il se faisait de Jésus-Christ. Il ne lui dit point: Si vous priez Dieu pour moi; mais: « Si vous le voulez, vous pouvez me guérir. » Il ne dit pas non plus: « Seigneur, guérissez-moi : » mais il lui laisse tout entre les mains; il le rend maître absolu de sa guérison, et il rend témoignage à sa toute-puissance. Mais, dira-t-on, si l’opinion du lépreux était une opinion erronée ?... —Alors il eût fallu détruire l’opinion, et reprendre et redresser celui qui l’avait. Or est-ce que Jésus-Christ l’a fait? Point du tout; au contraire il confirme et corrobore ce qu’a dit cet homme, C’est pourquoi il ne dit pas simplement: soyez guéri, mais: « Je le veux, soyez guéri, de sorte que le dogme de la toute-puissance et de la divinité de Jésus-Christ ne repose plus seulement sur l’opinion d’un homme quelconque, mais sur l’affirmation même de Jésus-Christ. Les apôtres ne parlaient pas de la sorte, et ne s’attribuaient pas ainsi cette puissance dans les miracles qu’ils faisaient. Car voyant les hommes surpris et étonnés des prodiges qu’ils faisaient en leur présence, ils leur disaient : « Pourquoi nous regardez-vous avec admiration, comme si c’était nous qui par notre « propre puissance eussions fait marcher cet homme?» (Act. III, 12.) Mais le Seigneur, lui, que dit-il, lui qui parlait d’ordinaire si humblement de lui-même, et dont le langage était infiniment au-dessous de sa gloire; que dit-il, pour établir le dogme de sa divinité, devant toute cette multitude qui le regarde avec stupéfaction? « Je le veux, soyez guéri. »