Deux questions : Qui est Jésus ? Qui est Jean Baptiste ?
La première, venant de Jean Baptiste est surprenante. Il connait Jésus, on l’a vu le baptiser au c.5 du même évangile, il a dû entendre la voix du Père le déclarer son Fils bien-aimé. Ne devrait-il pas être le premier à le connaître ?
La réponse est sans doute dans ce qui lui arrive, sa situation de captif dans les prisons d’Hérode. Celui-ci n’a pas supporté ses reproches au sujet de sa conduite conjugale. Il avait pris la femme de son frère. Mais est-ce là le Royaume de justice et de paix annoncé par Jésus ? En homme de l’ancienne Alliance, partisan de la rigueur et du droit ce n’est pas ce que Jean Baptiste attendait. Il n’avait pas encore appris de Jésus qu’il était doux et humble de cœur.
« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route »
A deux pas d’ici, sous le porche de la rue Montmorin, deux ouvriers paveurs ont travaillé à remettre la chaussée en état. Ils ont commencé par extraire les gros pavés en grès de Fontainebleau, travail pénible qui ne doit pas arranger la colonne vertébrale, un dur et beau travail, avant de tout remettre en place.
En les voyant, difficile de ne pas penser à Jean Baptiste que l’évangile nous présente comme une sorte de paveur en chef.
Autour de lui, toute une foule, des gens venus de Jérusalem, de Judée, de Samarie, tous dans l’attente d’un Messie. Depuis des semaines, des deux côtés de l’Atlantique, nous sommes aussi en attente d’une sorte de personnage messianique, un homme fort, puissant. Nous savons que pour beaucoup cette attente revêt un caractère tragique. Nous parlons beaucoup alors que des dizaines de milliers doivent fuir leurs maisons à Alep ou à Mossoul. Mais de tout temps les hommes ont désiré et choisi spontanément ce genre de dirigeants.
Jean Baptiste, qui annonce-t-il ? Le contraire !
Le Christ est venu, nous avons cru au message des apôtres en mettant au monde au milieu de nous, non sans peine, un monde nouveau. Au delà du nombre, plus ou moins grand, de nos assemblées, c ‘est toujours un grand peuple.
Et pourtant la liturgie nous renvoie en quelque sorte au point de départ, au temps de l’attente, celui de l’ancienne alliance, qui nous est si familier. N’est-il pas celui de nos insatisfactions, de notre fatigue de vivre, de la communion avec tous ceux qui, dans la détresse s’écrient : jusques à quand Seigneur ?
Mais n’est ce pas aussi celui des lendemains qui chantent, des promesses de tout programme d’avenir, des psaumes chantés dans la joie, de la venue de l’homme nouveau ?