Je voudrais seulement essayer de commenter trois mots : commandement, demeurer et aimer.
Ces paroles de Jésus sont parmi les dernières qu’il est donné aux apôtres d’entendre, son testament, des paroles d’une exceptionnelle gravité. Mais l’on est surpris d’entendre que le dernier mot soit celui de commandement, une consigne, un ordre, un mot que nous n’aimons pas beaucoup.
L’aboutissement de notre foi serait-il une éthique, une morale, une façon de vivre ? Le mot est employé dix fois dans le chapitre. Pourquoi ?
Sans doute en référence aux commandements de la Loi pour faire apparaître ce qui en est l’âme, l’amour dont elle est issue. Elle n’a de sens que si nous aimons les commandements. Ainsi les conduites selon l’amour sont multiples. Elles sont l’effet de la réalité invisible qui nous habite, l’Esprit qui nous permet de donner sens à ce que nous vivons. L’Esprit est en nous comme la sève dans le cep et les sarments. Il est en nous présence du Père et du Fils, donc de cette relation d’accueil et de don qui fonde tout ce qui vit. Dieu demeure ainsi en nous et nous demeurons en lui dans la mesure où nous reconnaissons cette présence en nous. Rien ne se passe sans notre liberté. Il s’agit de faire notre demeure dans cet amour dont nous sommes aimés..
Trois mots par lesquels Jésus se définit, dit qui il est.
Trois mots qui peuvent également s’appliquer à Dieu : « Qui m’a vu a vu le Père. Je suis dans le Père et le Père est en moi »
Des mots qui disent la proximité, mais auxquels il ajoute la distance. Il doit partir pour rejoindre le Père.Les disciples ont du mal à comprendre, tout comme nous. Jésus va disparaître à leurs yeux pour leur préparer une place
« Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous »
Il y a à la fois distance et intériorité réciproques. Dieu est là, il fait en nous sa demeure, mais nous avons à ratifier sa présence par un accord, un amen, un mouvement, par l’engagement de notre liberté.
Nous n’apprécions pas beaucoup d’être comparés à un troupeau. Ce côté grégaire semble nous confondre dans l’anonymat avec les moutons de Panurge en fond de tableau. Or Jésus inverse cette image : le bon berger connaît chacune de ses brebis et l’appelle par son nom. Il la connaît comme lui-même connaît le Père. Elle n’est pas pour lui un objet standard, interchangeable, mais une personnalité singulière. Et c’est pour cela qu’il n’abandonne pas la brebis blessée, malade ou perdue, qu’il s’agisse de détresse physique, mentale ou morale.
Chacun est unique pour le Dieu Un et personne ne doit être perdu.
C’est une relation personnelle que Dieu établit avec nous en Jésus Christ, relation inconcevable si elle n’est pas libre.
Tout au long de l’Écriture, nous voyons Dieu solliciter la liberté de l’homme