Un roi, c’est celui qui a le pouvoir de décision. Dans l’Antiquité, il avait à la fois le pouvoir législatif et exécutif. Parler de royauté divine signifie qu’il n’y a aucun pouvoir supérieur à celui de Dieu. Mais la bible nous montre le Créateur confiant l’univers à l’homme : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez la ». Dieu se dessaisit donc de son pouvoir en faveur de l’homme. Mais ce dernier va se trouver affronté à bien des forces qui le dépassent, à commencer par celles qui commandent les phénomènes naturels. Il faudra qu’il apprenne à les connaître, les désarmer, les utiliser. Nous sommes encore loin de compte !
Affirmer que Dieu est le roi de la création revient à dire que nous ne sommes quand même pas abandonnés par lui, mais qu’Il est là, à l’œuvre avec nous, même si nous n’avons pas fini de déchiffrer le mystère de sa Royauté.
Une parabole archiconnue ! On l‘interprète souvent dans le but de développer nos aptitudes, oubliant que Jésus n’est pas venu d’abord pour nous donner des leçons de développement personnel, mais pour nous faire connaître le Père.
Quelques remarques pour commencer :
Le maître en donnant son argent à ses employés ne leur donne aucune consigne au sujet de son emploi. Il ne leur dit même pas de le faire fructifier. Ils auront à le découvrir d’eux-mêmes. C’est comme dans le Décalogue quand après nous avoir dit d’aimer, il ne nous est pas dit comment. Il indique seulement ce qu’il ne faut pas faire. Aimer ne peut pas être commandé de l’extérieur, cela doit venir de l’intérieur.
(Dans les confessions d’autrefois le prêtre entendait souvent : je n’ai pas tué, pas volé, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire de mal…Il eut fallu entendre : j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’avais soif.. etc. Quelle réponse ai-je donné ? Une simple aumône ou un engagement plus sérieux ?)
La valeur de nos vies ne se mesure pas seulement au bien que nous avons fait, mais aussi à celui que nous n’avons pas fait. Il faut lire jusqu’au bout le ch.25 de st Matthieu ! Ce qui condamne le riche, c’est de ne pas avoir regardé Lazare affamé devant sa porte.
Mais là n’est pas le plus important dans cette parabole.
Nous sommes tous invités à des noces. Ces jeunes filles nous représentent tous. Les lampes allumées disent notre vigilance, l’intensité de notre foi, le sens profond que nous donnons à notre vie.
C’est justement ce qui est mis à l’épreuve par la durée de l’attente et par la nuit. Dans notre monde marqué par tant de catastrophes, d’incertitudes, de crises diverses, il est facile de se décourager, d’oublier de mettre dans la lampe l’huile nécessaire pour entretenir la flamme. Il en faut une bonne réserve pour ne pas perdre cœur et ne pas se laisser entraîner par ce qui fait recette, du côté du pouvoir ou de l’argent, en vivant dans ce que l’instant peut procurer de plaisir immédiat. L’évangile nous dit que nous allons vers des noces, mais ce n’est pas la joie des noces que l’avenir nous promet.
Non seulement l’époux tarde à venir, mais il fait nuit. On ne le voit pas, on entend seulement un cri dans la nuit qui nous annonce son arrivée.
Ce cri, c’est celui des prophètes, des apôtres qui nous disent au long des siècles, que Dieu existe, qu’il s’approche.