Qui faut-il voir à travers ces deux fils ? La réponse vient à la fin de la parabole. Il y a d’un côté les prêtres et les anciens, et de l’autre les publicains et les prostituées. Les gens bien et les autres.
Une première remarque : les uns et les autres sont présentés comme des fils, fils de Dieu, aimés par Dieu qui veut le salut de tous les hommes. On ne nous dit pas comment ils en sont venus à être ainsi qualifiés, on dit seulement qu’ils ont même origine.
On comprend que les chefs des prêtres et les anciens, les gens en place, n’aient pas envie de changer et d’accueillir du nouveau. Ils ne sont pas sans mérite, mais ils en ont sans doute trop conscience et ils sont satisfaits de leurs mérites. Ils se trouvent bien tels qu’ils sont, comme ce pharisien de St Luc qui énumère ses mérites en se comparant au publicain. Il m’arrive de bien aimer les pharisiens, parce que je me retrouve souvent en eux. C’est facile de les condamner sans balayer devant notre porte.
Mais nous avons tous à comprendre que nous sommes en route vers un ailleurs ou un autrement. Il y a deux ans, un ami, décédé depuis, m’a bien rendu service en me disant qu’il fallait « vivre autrement ». J’y pense souvent, sans doute parce que j’étais bien disposé à l’entendre.
La vie, n’est pas derrière soi, mais devant soi, de toute façon pour la donner.
Parler ainsi ressemble bien à de la provocation. A quoi bon travailler plus si l’on ne peut pas gagner plus ? Comment ce qui nous apparaît comme une injustice flagrante pourrait-il ne pas nous révolter, à moins que d’entendre cet évangile chaque année finisse par nous laisser indifférent. Une énigme irritante qui ne nous empêche pas de dormir, que nous écoutons ou lisons plus ou moins distraitement.
Pour des juifs qui avaient observé la Loi depuis toujours, c’était insupportable ! La première lecture nous a prévenus :
"Mes voies ne sont pas vos voies".
Jésus nous dit que Dieu n’est pas juste, que le salaire qu’il nous donne n’a rien à voir avec la quantité ou la qualité de notre travail, nos efforts, notre petit capital de mérites ? Alors pourquoi se fatiguer ? Pourquoi faire le bien ?
Mais souvenons-nous de l’évangile de dimanche dernier. En dernière analyse, nous ne méritons rien, nous sommes tous débiteurs, nous sommes tous dans le rouge. Notre vie, notre intelligence, notre cœur, nous les avons reçus. Le bien que nous faisons vient de la source qui nous fait exister.
Le salaire n’est pas une réponse au travail fourni, mais une manifestation de la bonté du maître.
. Une question et sa réponse
. Une explication
. Un petit mot important
. Des applications.
La question : Pardonner jusqu’où ? Jusqu’à sept fois ?
Peut-être avons-nous la chance de n’en vouloir à personne, mais si nous cherchons bien n’y a-t-il pas en nous quelque rancune cachée, une sourde animosité, un « c’est bien fait » prêt à sortir quand l’autre connaît quelque échec, une couleuvre difficile à avaler ?…
On peut penser à ce beau récit d’un ancien déporté chrétien, qui a fait tout un cheminement spirituel dans le camp de concentration, mais qui déclare à plusieurs reprises qu’il ne pardonnera jamais ce qu’on lui a fait subir. On peut penser aux victimes du 11 septembre et à ce qui a suivi, en Irak ou en Afghanistan…
La réponse de Jésus est simple « jusqu’à 70 fois 7 fois », c’est à dire à l’infini…
Suit une explication, sous forme de parabole, l’histoire d’un roi qui pardonne à un serviteur qui lui, ne pardonne pas. Comme cet homme de dimanche dernier qui refusait de voir ses torts, malgré les interventions de ceux qui essayaient de les lui faire reconnaître, il s’exclut de lui-même de tout pardon et se met à l’écart de la communauté ecclésiale.