M… Me voici !
Me voici, dit le Seigneur.
Me voici, dis-je.
Fête de Noël, et le Seigneur nous redit son désir de naitre en nos vies. Il est là, dans la fragilité et la remise de soi d’un enfant… Il est là, dans le concret d’une maison, d’un couple, de bergers,… Ouvrons-lui les portes de nos cœurs, de nos vies… Ca vaut le coup !!! Les anges eux-mêmes en témoignent : « Je viens vous annoncer une bonne Nouvelle, une grande joie pour TOUS »
La messe de la nuit de Noël fut suivie d’un chocolat chaud. en communauté, le réfectoire nous attendait décoré et illuminé par les soins du noviciat : Chapeau !
"Sœur Maïlis,
que demandes-tu ?"
"La miséricorde de Dieu
et la grâce de partager votre vie monastique en ce monastère
Notre Dame de Jouarre."
"Promets-tu de professer pour trois ans :
la stabilité dans cette communauté,
l’obéissance à l’exemple du Christ ;
et la conversion en menant
la vie monastique
selon la Règle de saint Benoît ?"
"Je le promets."
"Reçois-moi, Seigneur,
selon ta Parole,
et je vivrai,
ne déçois pas mon attente."
(Psaume 118)
Seigneur notre Dieu, par le don de l’Esprit
tu as allumé dans le cœur de Sr Maïlis l’ardent désir de répondre à ton appel :
elle a tout quitté pour ne servir que toi seul,
donne-lui la grâce de demeurer toujours en toi ;
fortifiée par ton secours, qu’elle marche dans la confiance
dans la voie où elle s’engage
et qu’elle parvienne au bonheur que tu promets
à ceux qui te gardent leur foi.
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Amen.
Homélie du Père Michel
« Sa mère gardait ces événements dans son cœur »
Et Joseph son père dont c’est la fête aujourd’hui ? Avec Marie, n’ont-ils pas vécu ensemble l’une des épreuves les plus terribles que puissent connaître des parents : voir disparaître un enfant sans savoir pourquoi ni comment ; le perdre pendant trois jours, remonter la caravane, interroger, revenir au point de départ pour finalement le trouver là, installé comme chez lui. Il est resté au Temple, à l’insu de ses parents. Déjà il se pose en adulte, prenant distance par rapport à eux. Il écoute, interroge, s’instruit et en même temps on s’étonne de sa sagesse. Il est au milieu d’eux comme celui qui enseigne. Il est chez lui dans ce Temple. Toute la nouveauté de l’évangile s’inscrit dans le cadre de la Loi.
Marie et Joseph ne comprennent pas . Marie le lui dit clairement : « Pourquoi nous as-tu fait cela ? »
« Ne saviez vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ?... » Ils auraient dû savoir. L’un et l’autre avaient reçu chacun de leur côté la visite de l’ange porteur de la bonne nouvelle du salut. Luc le raconte, dans la scène de l’annonciation l’ange avait attendu la réponse de Marie, son « oui ». A Joseph, il avait demandé de faire le contraire de ce qu’il avait décidé : prendre avec lui Marie après avoir décidé de s’en séparer. De part et d’autre une décision extraordinaire, un oui porteur du destin de notre humanité.
Jésus apparait clairement conscient de sa filiation divine. Eux ne comprennent pas. Son mystère reste voilé. Puis vient un nouveau contraste : « Il descendit avec eux et il leur était soumis ». Il vient de leur montrer son autonomie et librement il se soumet à leur autorité, sans bousculer les relations les plus naturelles de la vie. Pour eux, ils vont garder ces événements dans leur cœur, avec bien d’autres, comme la prophétie de Siméon qui commence à s’accomplir. Joseph va continuer sa mission : donner à l’enfant le nom de Jésus, en faire un homme. Leur itinéraire de foi, c’est aussi le nôtre. Il faut du temps pour comprendre ce que nous avons reçu comme un don sans toujours en savoir tout le prix.
Sr Maïlis s’est engagée sur ce chemin dès son baptême, au sein de sa famille. Elle a reçu par elle dans l’Église, ce qui ne fera que s’enrichir par la suite. Aujourd’hui elle fait un pas de plus pour continuer à vivre de l’évangile selon une forme de vie particulière avec ses sœurs de Jouarre et d’ailleurs, la foule des disciples, ceux qui écoutent sa parole et l’accomplissent. Nous avons besoin d’elle, non seulement de sa joie, de sa jeunesse, de ses talents de boulangère mais surtout de sa foi, de sa fidélité. Le oui qu’elle va prononcer, nous en avons besoin comme du lien qui relie les membres d’un même corps.
Elle nous donne la preuve qu’il est possible d’aimer Jésus, de tout son cœur pour la vie.
19.3.16
Suite à la remise de la charge abbatiale par Mère Geneviève, la communauté a élu Mère Christophe le 6 août 2014, fête de la Transfiguration du Seigneur, en présence de notre évêque, Mgr Nahmias. La bénédiction abbatiale fut célébrée le 4 octobre, en la fête de saint François d’Assise, cher au cœur de Mère Christophe. La célébration fut présidée par le Père Joël Chauvelot, Abbé de l’abbaye de Tournay.
La célébration s’est ouverte par le chant : « Il est plus grand que notre cœur, le cœur de Dieu ; elle est plus forte que notre force la faiblesse du Christ, folie pour les hommes, sagesse du Royaume. Heureux les humbles, ils possèderont la terre. » La première lecture était le passage de l’épître aux Philipiens, 2, 1-11, ce beau passage de saint Paul, sur les relations fraternelles puis le chemin d’humilité du Christ. Le psaume responsorial ; quelques versets du psaume 33, celui qui est cité par saint Benoît dans son Prologue : « venez mes fils écoutez-moi… ». L’Évangile enfin, Mt 11, 25-30. Le Père Joël a donné une homélie originale et très bien adaptée, en s’inspirant de 3 prénoms chers à Mère Christophe. (voir ci-dessous)
Le rite de bénédiction abbatiale
Il y a des interrogations adressées à Mère Christophe, par exemple :
- Veux-tu avec tes sœurs faire de ce monastère un lieu de communion où l’on apprenne à chercher Dieu et à reconnaître les signes de la Présence du Christ, de sa charité et de sa miséricorde ?
- Oui, je le veux.
Après la litanie des saints que nous invoquons sur notre nouvelle abbesse et la communauté, vient la prière de Bénédiction, qui reprend des phrases de la règle de saint Benoît:
Dieu, Père tout-puissant, tu as envoyé dans le monde ton Fils unique
Pour qu’il soit au service de tous et en bon Pasteur livre sa vie pour ses brebis.
Nous te supplions humblement de bénir et de fortifier ta servante Mère Christophe
Accorde-lui de manifester par toute sa vie ce qu’indique son nom d’Abbesse.
Qu’elle apprenne à servir plus qu’à dominer,
Qu’elle témoigne d’une égale charité envers toutes en accueillant chacune avec sollicitude,
Qu’elle fasse toujours passer la miséricorde avant le justice n’oubliant jamais sa propre fragilité,
Qu’elle sache encourager et favoriser la paix et l’espérance,
Qu’elle ait le souci des malades et l’amour des pauvres,
Qu’elle sache écouter l’avis de toutes et prenne ses décisions avec discernement et mesure,
Qu’elle veille à garder ses sœurs ouvertes aux appels de l’Esprit dans l’Église pour qu’elles se hâtent toutes ensemble,
le cœur dilaté dans la voie de tes commandements.
Répands sur elle les dons de ton Esprit :
Dans la fidélité à l’engagement de son baptême et de sa profession monastique
Pour ta gloire et le salut du monde,
Qu’elle se livre tout entière au feu de l’Évangile et ne cesse d’y entraîner ses sœurs.
Qu’elle mette le Christ au-dessus de tout,
Et qu’elle leur enseigne à ne rien préférer à son amour,
Ainsi pourront-elles, leurs lampes allumées et s’abandonnant à ta miséricorde
Accueillir le Christ quand il viendra au dernier jour.
Lui qui règne avec toi pour les siècles des siècles.
AMEN
Mère Geneviève transmet ensuite à Mère Christophe le livre de la Règle, puis Père Joël lui remet l’anneau d’abbesse et le "bâton pastoral".
Homélie
Dans la Règle de St Benoît, si deux chapitres entiers (2 et 64) sont consacrés à l'abbé/abbesse, nombreux sont les autres chapitres où cette mission pastorale est mentionnée, soulignée, explicitée. De plus, tout ce qui est dit de l'abbé ou à l'abbé, dans la Règle, intéresse tout le monde car une 'abbesse' n'existe pas « en soi », elle est toujours l'abbesse d'une communauté, élue par ses sœurs pour une redoutable mission, les guider sur les chemins de l’Évangile. Une mission avant toute relationnelle. Ces quelques mots que je t'adresse, Sœur Christophe, ils sont pour nous tous : la communauté de Jouarre, ta famille, tes sœurs et frères en vie monastique et les amis nombreux venus t'entourer.
Trois prénoms peuvent susciter notre prière : Claire, François, Christophe !
Claire ! Le faire-part indique que tu as été baptisée en recevant ce beau prénom. Avec la vie reçue, la grâce du baptême est le premier don de Dieu et St Paul l'affirme : les dons de Dieu et son appel sont sans repentance (Rm 11, 29) Claire : un nom qui parle de lui-même. Fraîcheur, limpidité, pureté, transparence... autant de qualités que tu as pu déjà développer tout au long de ta vie. En te confiant la charge de les conduire, tes sœurs te demandent de continuer à honorer ces qualités qui sont des vertus. St Benoît le dit avec ses mots et la liturgie de cette bénédiction s'en fait l'écho : l'abbesse doit avoir une parole claire, une pureté de vie, une limpidité dans ses comportements. Dans le couvent d'Assise où vécut Sainte Claire, chaque jour des fleurs sont déposées par les pèlerins là où elle se tenait, à l'église ou au réfectoire. Quand la parole, parfois, n'est plus possible, en pensant à Claire, dis ce que tu voudrais dire « avec des fleurs » ! Baptisée 'Claire' tu le restes encore pour tes proches ; devenue bénédictine, tu n'es pas « pauvre dame » mais « abbesse de Jouarre » héritière d'un titre glorieux…! Que cette appellation qu'il te faut assumer, ne te fasse jamais oublier l'eau vive dans laquelle tu as été baptisée au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Claire nous conduit à François, comme François conduit à Claire. François, le pauvre d'Assise, dont nous célébrons l'heureuse mémoire en ce jour, a pris l’Évangile au sérieux. C'est le message que nous laisse sa vie et que veut rendre actuel le pape François. Belle leçon de l'Histoire : tout renouveau dans la vie de l’Église, au 6°, au 13° siècle n'a été possible et ne le sera au 21° siècle qu'en prenant l’Évangile au sérieux. Le pape François ne cesse de nous inviter à fuir les mondanités. Écho dans la Règle de St Benoît de cet instrument de l'art spirituel : aux manières du monde se faire étranger, inséparable de celui qui le suit : ne rien préférer à l'amour du Christ. (RB 4, 20-21) Discernement assurément délicat, car si nous ne sommes pas du monde, nous sommes bien dans ce monde. Avant François, Benoît, lui aussi a pris l’Évangile au sérieux... Bossuet, l'évêque « aigle » de Meaux n'a-t-il pas bellement qualifié la Règle de «précis d'Évangile». La Règle mentionne une dizaine de fois l’Évangile quand il est question de l'abbé ! Sur le faire-part de cette bénédiction, une parole du pape François : ne nous laissons pas voler l'Évangile. Le choix de cette parole dit que c'est là que tu es attendue par tes sœurs et par tout le réseau de relations tissée depuis des siècles par la communauté. Que l'Évangile, sans en voiler les exigences radicales, soit clairement annoncé et vécu ici. Personne ne veut vous le voler mais tous nous comptons sur toi pour être entraînés à le vivre plus radicalement.
Après Claire et François, Christophe. Nom reçu, nom par lequel tu es connue, reconnue. Son étymologie a la simplicité et la luminosité de Claire ; elle a aussi la densité et le poids du message de François : porte-Christ ! Le chapitre 27 de la Règle est explicite : l'abbé, l'abbesse doit porter sur ses épaules la brebis égarée et St Benoît va plus loin -si l'on peut dire- que l'Évangile puisqu'il dit que l'abbé, l'abbesse doit ramener au troupeau la brebis portée sur ses épaules. La référence au Pastorat du Christ est très présente dans la Règle et ta responsabilité d’abbesse est de signifier et de servir ce pastorat du Christ pour la communauté qui t'est confiée. Un changement t'est demandé, celui de consentir à ce que ton nom ne soit plus précédé du qualificatif « sœur » -bien que tu le restes au fond des cœurs- mais de celui de « Mère » Christophe. Le changement est d'importance et là, c'est entre vous -abbesse et sœurs- qu'il doit s'opérer, s'affermir dans la clarté et dans la durée parce qu'il dit quelque chose d'important dans la manière dont l'Évangile est vécu en communauté.
Claire, François, Christophe... à ne garder que les initiales, cela donne CFC ! A ton imagination et à celle de tes sœurs, de trouver d'autres mots auxquels ces initiales renvoient. Ce pourrait être : Clarté, Franchise, Communauté ou encore Communion, Ferveur, Charité etc.