Homélie du P. Désiré
Dimanche dernier, nous avons lu la parabole du semeur. D’elle nous avons appris que la Bonne Nouvelle ne rencontre pas toujours les oreilles attentives et les cœurs ouverts dans lesquelles produire des fruits en abondance. Ce dimanche, la parabole du semeur pose la problématique de l’identification des causes de nos échecs dans la mission d’évangélisation à savoir : doit-on prendre des mesures tout de suite lors que nous avons identifié les causes de nos échecs ? Pour beaucoup d’entre nous, il paraît évident que si l’on a identifié les causes de ses échecs, il vaudrait immédiatement prendre des mesures qui s’imposent pour éradiquer le mal, n’est-ce pas ?
Homélie du P. Jean-Marc Chéné, ocso
L’illustration la plus visible de la parabole que nous venons d’entendre se trouve devant nos yeux, disposée par la sœur qui a préparé les bouquets pour ce dimanche. Une petite graine jetée en terre a produit cette tige d’avoine avec ses flocons. Elle a donc été jetée dans une bonne terre pour croître et produire le fruit de sa semence.
Des trois premiers types de terrain dont parle Jésus, seule la bonne terre offre les conditions voulues au grain semé pour qu’il donne du fruit. Et même dans ce cas, les rendements peuvent varier de cent pour un à soixante pour un, ou même trente pour un. Bien sûr, la préparation du terrain, le soin apporté aux cultures et la météo ont leur importance, mais la nature du sol est déterminante.
En racontant cette parabole, Jésus n’avait pas du tout l’intention d’apprendre quelque chose de nouveau sur le plan de la culture à ses auditeurs. Pourquoi a-t-il donc raconté cette parabole ? C’est la question des disciples qui semblent étonnés : « pourquoi leur parles-tu en paraboles ? »
Pour une fois d’ailleurs, leur question leur vaut une petite consolation : « à vous, il est donné de connaître les mystères du Royaume des Cieux, mais ce n’est pas donné à ceux-là ! », « heureux vos yeux puisqu’ils voient et vos oreilles puisqu’elles entendent ! Amen, je vous le dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre de que vous entendez, et ne l’ont pas entendu ».
Homélie de P. Désiré
« Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux » (Zach 9, 9b).
Ce dimanche, frères et sœurs, le ton de la première lecture est triomphant. Ceci suggère que la prédication de Zacharie a été faite en temps de crise ou probablement de guerre. Le peuple est fatigué, meurtri par la durée de la guerre et les atrocités de celle-ci ; comment ne pas imaginer la misère de certains qui sont en exil notamment à Babylone. Dans ce contexte, le prophète Zacharie prononce un oracle de consolation pour redonner espoir à son peuple et l’invite à se réjouir avec lui : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi » (Zach 9, 9a).
Seulement, au lieu d’accompagner son peuple dans ses rêves de grandeur et de conquête, ce roi qui vient, se consacrera exclusivement au service de son peuple : « il fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre ». (Zach 9, 10). C’est-à-dire qu’il fera taire définitivement les armes pour que le peuple vive en paix.
Frères et sœurs, en ce temps de turbulences et violences urbaines dans nos cités mais aussi de guerre qui continue en Ukraine, de reprise de violence en Palestine sans oublier les autres points chauds de la planète, nous avons besoin d’écouter un message de consolation. En ces moments, où nous avons l’impression du vide spirituel, laissons-nous convaincre que le doux Jeune homme de Jérusalem est ce Roi-Messie dont parle Zacharie et que le prophète Isaïe dans ses fameux « chants du serviteur » présente comme un « serviteur souffrant ».
Jésus est ce roi annoncé qui devait venir ; Il est venu et il a habité au milieu des siens. Doux, humble et fidèle, Jésus a accompli l’œuvre de Dieu au milieu des hommes et n’a point hésité à affronter la persécution comme l’a fait le serviteur souffrant d’Isaïe (Is 50,6 ; 53,7) ; Jésus a souffert régulièrement le fardeau de la controverse avec les pharisiens, scribes, sadducéens et les chefs religieux. Il a porté le fardeau de l’incompréhension voire du rejet par les siens qui l’ont même soupçonné d’avoir perdu la tête (MC 3, 20-21). Dans sa chair, il portera le joug de la passion et de la croix, mais c’est dans sa souffrance même que l’humanité trouvera le chemin de la paix et de la réconciliation avec Dieu ; c’est ce que nous révèle sa mort et sa résurrection. En cela, Jésus est le véritable roi humble, qui ne portera pas de titre de roi, mais de Messie ; une seule chose comptera à ses yeux : instaurer la paix et l’amour entre les hommes et pour toute l’humanité. En d’autres termes, faire la volonté de Dieu.