Homélie du P. Michel
« Tu es le Messie », dit Pierre à Jésus. Que veut-il dire ? Messie, veut dire l’homme imprégné de l’onction divine. Le mot onction est une allusion au rite du sacre royal : le prêtre versait de l’huile sur la tête du futur roi. Pourquoi de l’huile ? Parce qu’elle était censée fortifier et passait pour pénétrer les matières les plus dures. Quand la Bible parle du Messie à venir, elle évoque un personnage détenteur d’une autorité qui surpasse toutes les autres : il a un programme : restaurer la justice, établir la vérité dans un monde plein d’erreurs et de mensonges. A Pilate qui lui demande s’il est roi. Jésus répond : « Tu l’as dit, je suis roi, je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » Jean 18/37. Notons le mot « témoignage ». Il ne vient pas imposer la justice par la violence, mais simplement en se comportant selon cette justice et cette vérité.. Ainsi la liberté des hommes, cette liberté qui les fait ressembler à Dieu, sera respectée.
Mais reconnaître en Jésus le Messie, l’homme imprégné de Dieu, ne va pas de soi, et cette identification constitue la première étape de la foi. Première étape, parce que dire que Jésus vient de Dieu, se prononcer sur son origine, ne dit pas encore où il va ni comment il y va. Certes il vient du Père et va au Père, mais l’humilité de la crèche doit s’accomplir dans l’humiliation de la croix. Il est déjà bien difficile de reconnaître le Messie dans l’enfant de Bethléem, et c’est peut être pour nous éviter de penser à l’anéantissement de la croix que nous avons fait de Noël la fête de l’enfance. Cette première étape est toujours difficile à franchir : admettre que Dieu, Créateur de l’univers, a pensé, parlé et agi par et dans cet homme, l’unique Messie, qui a vécu il y a 2.000 ans en un point obscur du globe terrestre. Pierre y parvient, il a su reconnaître l’origine divine de cet homme unique. Mais ce n’est pas acquis une fois pour toutes. Au cours de la Passion, il dira bien : « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez »
Il y a un second passage obligé.
Homélie du P. Michel
Entendre l’évangile, l’écouter, ce n’est pas écouter n’importe quelle lecture, mais c’est accueillir une parole de révélation qui projette une double lumière, sur nous même et sur Jésus.
Nous savons bien des choses sur nous-même, mais il y a aussi ce que nous ignorons, ce que nous préférerons ne pas voir, ce qu’une honnête médiocrité nous empêche de voir, avec ce rappel de Jean à l’église de Laodicée :
« Tu n’es ni froid ni bouillant, mais parce que tu es tiède je vais te vomir de ma bouche. Parce que tu dis : je suis riche, je n’ai besoin de rien, tu ne sais pas que tu es misérable, pitoyable, pauvre aveugle et nu »
Nous savons bien que nous ressemblons tous à ce sourd muet. Tous, même les disciples de saint Benoît. Est-ce pour rien que le premier mot de la Règle est précisément «écoute » ?
Homélie du P. Michel
Pourquoi Jésus s’en prend-il aux pratiques de pureté rituelle ? En principe elles ne sont pas mauvaises. Souvent inspirées par l’hygiène, elles peuvent avoir un sens spirituel. Ce qui est pur, c’est ce qui est sans mélange. Le vin pur vaut mieux que celui qui est mêlé avec de l’eau. Mais le rite peut se priver de son sens. Il ne vaut rien s’il ne vient pas du cœur.
Or le contraire de la pureté du cœur,
c’est la duplicité, le mensonge.
Quand la foi se cantonne dans le culte, les dévotions, mais ne passe pas dans la vie, il y a duplicité, impureté. Pourtant, qui peut s’affirmer exempt de toute duplicité, de tout « paraître » dans le domaine religieux ? Le reconnaître, le regretter, le confier à Dieu, c’est déjà prendre un chemin de purification.