Homélie du P. Michel
Les traditions qui ont donné naissance à la Bible se sont formées dans des civilisations dominées par l’homme. Or nous voyons nos écrits bibliques dépasser peu à peu ce point de départ.
Notre première lecture est le plus ancien des récits de création. Il fait surgir l’homme en premier. Celui-ci reçoit le don d’un univers végétal et animal dont il prend possession en le nommant. Mais cela ne suffit pas à l’arracher à sa solitude Il a besoin d’un être semblable à lui. Faire sortir la femme du côté de l’homme endormi (tout près de son cœur, selon St Augustin) signifie qu’aucun des deux n’est complet sans l’autre et que l’être humain achevé nait de l’union des deux.. « Chair de ma chair et os de mes os » s’écrie Adam. Chacun est pour l’autre ou plutôt peut l’être car il y faut tout l’apport de notre liberté au fil d’une histoire.
Homélie du P. Michel
Qui n’a pas hurlé avec les loups, dit comme tout le monde, pour ne pas se désolidariser du groupe qui vous protège, pour ne pas avoir d’histoires ?
Regardons ce qui fait mal. Quand nous parlons de « péché » pensons d’abord à ce qui fait du mal à quelqu’un, à ce qui le blesse ou l’exclut. A ce sujet, il faut prendre très au sérieux la seconde lecture. Quand Jésus dit : « celui qui entraînera la chute d’un de ces petits qui croit en moi », on doit comprendre : « celui qui fera perdre la foi en moi à l’un de ces petits, faibles dans leur foi ». Le péché, tel que Jacques le présente est meurtrier à trois points de vue : il lèse, dans son droit à vivre, une personne humaine et par là il est meurtrier, il détruit, en celui qui le commet, l’image de Dieu qui fait vivre, il incite la victime à ne plus croire à la bonté de Dieu et à rejeter le Christ de qui nous nous réclamons. En Église ou individuellement, portant le nom du Christ, nous le compromettons par tout ce que nous faisons. Tout comportement de ce genre induit les autres en tentation de ne plus croire. Tout péché est donc tout à la fois contre soi-même, contre le prochain et contre Dieu.
Tout cela qui est très vrai est bien douloureux. N’oublions quand même pas qu’évangile signifie « bonne nouvelle ».
Homélie du P. Michel
Nos trois lectures s’accordent. La seconde décrit avec vigueur les conséquences désastreuses de la volonté de domination : un univers sans paix et sans justice, régi par l’idolâtrie du pouvoir, génératrice de violence. Une violence qui s’exerce avec un acharnement particulier contre les messagers de paix. Ne prétendent-ils pas que la vérité de l’homme réside dans la décision de servir ? La première lecture décrit de façon saisissante l’hostilité des partisans de la puissance envers celui qui proclame la justice, la douceur, la patience. Fidèle à son message il ne peut pas répondre par la violence aux coups qu’on lui porte. Tout cela est si proche des récits de la Passion. Pas de doute, nous sommes ici devant le drame central de l’humanité. Nous le retrouvons dans tous les conflits qui déchirent notre monde.
Si nous relisons l’évangile d’aujourd’hui, nous voyons que les disciples sont pris dans le mensonge du culte de la grandeur. C’est un tableau saisissant. Nous voyons sur le vif comment Jésus ne se contente pas dans son enseignement de commenter un texte. Il part de la vie, de ce qui se passe sous nos yeux. Il marche vers Jérusalem, vers la ville qui « tue les prophètes ». Il sait ce qui va arriver.