Plusieurs fois nous voyons Jésus ne pas tenir compte de la Loi... Or ici nous le voyons y renvoyer cet homme. Mais précisément il s’agit d’un spécialiste de la Loi qui vient l’interroger sur la vie éternelle. « Qu’y a-t-il d’écrit ? » demande Jésus. Il doit savoir et il le prouve par une bonne réponse, disant ce qui fonde la Loi, c’est-à-dire l’amour, ce qui nous met au monde, ce qui nous fait exister. La Loi ne nous vient pas de l’extérieur, elle est « dans notre bouche et dans notre cœur », notre raison d’être. On peut la comparer aux lois de la nature, ce qui nous fait grandir.
Si elle nous commande d’aimer,
c’est que nous existons par les autres,
car nous sommes un tissu de relations.
Aimer l’autre, de ce point de vue, c’est nous aimer nous-mêmes. Le juriste de notre évangile n’en est pas là. Pour lui, il y a ceux qu’il convient d’aimer, et puis il y a les autres : deux catégories. Que va répondre Jésus ?
Souvenez-vous : dimanche dernier, le même saint Luc nous racontait cet épisode surprenant de Jean et Philippe voulant mettre le feu à un village de samaritains qui refusait de les accueillir. C’est assez proche de l’évangile d’aujourd’hui. Les apôtres voulaient répondre par la violence au refus des samaritains, réflexe tout naturel que Jésus réprime vigoureusement.
De nos jours on entend souvent dire que les religions engendrent la violence. Or il est impossible d’imposer la foi de cette façon. Chaque fois que nous avons eu recours aux armes pour imposer la foi, chaque fois que nous avons fait peser quelque contrainte économique ou culturelle, nous avons agi en contradiction avec l’évangile, en particulier avec les textes que nous venons de lire. Les quatre évangélistes disent bien que, lors de sa passion, Jésus a refusé tout recours à la violence. Les légions d’anges ne sont pas convoquées (Mt 26/53).
L‘évangile d’aujourd’hui nous aide à comprendre
pourquoi nous devons nous présenter démunis
lorsque nous prétendons annoncer l’évangile...
Le moment est venu, Jésus vient de prendre la décision d’aller à Jérusalem. Il décide résolument de faire route vers la ville où il mourra. Le texte grec dit que Jésus « durcit sa face » comme pour le serviteur d’Isaïe qui avait rendu sa face dure comme un silex face aux outrages qui l’accablaient. A travers cette épreuve le Père accomplit « l’enlèvement de son Fils », le prenant dans la gloire. Luc aime ces contraires, comme à Noël quand la naissance de Jésus dans le dénuement le plus complet est le signe de la royauté et de la gloire.
Jérusalem ! Le diable y avait conduit Jésus et l’avait quitté jusqu’au moment fixé. Ce temps est désormais tout proche. Pour atteindre la capitale de la Judée, Jésus doit traverser la Samarie, une région peu accueillante. Devant le refus de les accueillir les disciples plus ou moins adeptes de la violence, Jacques et Jean, proposent rien moins que de mettre le feu au village. Jésus les rabroue vivement comme lorsque Pierre l’avait déclaré prématurément « Christ Fils du Dieu vivant ». Dans les deux cas, ils ne comprennent pas qui Il est vraiment.
Trois rencontres vont permettre de faire la vérité.