D’un côté les collecteurs d’impôts et les pêcheurs. Ils étaient déjà présents lors du repas que Matthieu avait offert en l’honneur de Jésus. Ils s’approchaient de Jésus pour l’entendre sans le suivre comme ses disciples. D’ l’autre côté les pharisiens et les scribes. Chez Mathieu ils murmuraient déjà : pourquoi mangez-vous avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs. Ils n’ont pas changé.
En réponse à leurs accusations deux premières paraboles. Jésus s’adresse à chacun et non pas à un groupe : « Quel homme d’entre vous ? » Chacun de nous est concerné. Un homme d’un côté, une femme de l’autre. La brebis perdue, tout comme la drachme devient unique. D’une parabole à l’autre la conclusion est presque identique « La joie advient dans le ciel ou chez les anges de Dieu pour un pêcheur qui se convertit »
Deux paraboles qui donnent à découvrir comment Dieu voit le pêcheur : c’est quelqu’un qu’il perd, comme le berger une brebis et la femme une drachme. Il ne regarde pas la responsabilité du pêcheur, mais il part à sa recherche jusqu’à ce qu’il la trouve. Alors sa joie éclate et il la communique. Pour lui, se convertir, c’est être trouvé par lui. Quelqu’un vient l’écouter, c’est que Dieu l’a trouvé.
Il y a plus de 2000 ans, un peu avant la venue du Christ, l’auteur du livre de la Sagesse était saisi par l’énigme et le mystère de toutes choses :
« nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre (…) ; ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ? »
Qu’aurait dit ce même auteur aujourd’hui, alors que les découvertes de la science nous rendent toujours plus conscients de la complexité de la nature et de l’immensité de l’univers ?
Pourtant, le livre de la Sagesse reconnaissait que, malgré toutes les énigmes de la nature et du monde, des habitants de la terre avaient su découvrir la volonté de Dieu, parce qu’ils avaient accueilli en eux la Sagesse et l’Esprit Saint.
Mais qu’est-ce que découvrir la volonté de Dieu ? Avant la venue du Christ, il y avait déjà des chemins pour cela ; la Loi d’Israël, avant tout, donnait des repères, des indications, des commandements pour savoir ce qui plaît à Dieu, ce qui est sa volonté ; et quant à ceux qui n’appartenaient pas au peuple d’Israël, ils pouvaient eux aussi être guidés par certaines lois de leurs nations, et surtout ils pouvaient suivre la voix de leur conscience lorsqu’elle leur faisait percevoir ce qui est juste et bon.
Avec le Christ, une nouveauté survient : connaître ce qui plaît à Dieu, faire sa volonté, cela passe désormais par le fait de devenir disciple de Jésus. Et cela de manière radicale, comme nous l’avons entendu dans l’évangile :
« si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »
On imagine bien. Jésus invité à ce banquet où on l’attend au tournant : qu’est-ce qu’il va encore nous dire, ce Jésus ? Et le fait est qu’il ne peut pas se retenir… Qu’est-ce que vous voulez, ça lui saute aux yeux, ces gens qui se précipitent l’air de rien vers les places d’honneur. C’en est drôle. J’imagine qu’il s’en amuse d’abord, et puis… derrière une forme ironique il leur dit quelque chose de très sérieux.
Il leur dit : « Mais à quoi jouez-vous ? Vous vous êtes vus ? Vous cherchez les honneurs, vous vous flattez mutuellement, je t’invite aujourd’hui et tu m’inviteras demain… » Nous sommes en pleine mondanité. La mondanité, c’est ça : on s’entretient mutuellement dans sa propre gloire. Pour Jésus, ce sont des faux-semblants, ce n’est pas dans la vie.
« Dites-donc, dit Jésus, il serait peut-être temps de changer de jeu, d’arrêter de jouer et de commencer à vivre ! Il serait peut-être temps d’entrer dans le jeu de la vie. » Vous voulez « grandir », vous voulez croître en humanité, donner à votre vie plus de poids, plus de sens, plus de bonheur aussi ? Eh bien je vais vous indiquer la voie royale pour grandir en humanité : elle s’appelle le chemin d’humilité. C’est cela que suggère la parabole.