Pour la première fois, Jésus vient de déclarer clairement à ses disciples qu’il devra être rejeté, tué, puis ressusciter trois jours après. Pierre a réagi vivement et il s’est fait rabrouer. Cette réaction de Pierre n’est elle pas celle de bien des chrétiens quand ils découvrent réellement ce que fut la passion du Christ ? C’est alors qu’il prend avec lui Pierre Jacques et Jean et les conduit sur une « haute montagne ». Ces trois disciples seront aussi appelés à l’accompagner à Gethsémani avant de devenir les piliers de l’Église.
Les voici sur cette montagne, et Jésus est alors enveloppé d’une lumière étincelante qui préfigure sa résurrection, ce qui vient au terme de toute l’Écriture. Moïse et Élie, la « loi et les prophètes », sont là, témoins de ce qu’ils ont annoncé et qui va s’accomplir. Ils évoquent tout le cheminement passé de l’humanité vers la lumière, alors que les trois disciples en sont l’avenir. L’illustration parfaite du « Christ hier, aujourd’hui et toujours »
Un petit garçon les conduira…
Is 11/6
Jésus vient d’être baptisé et d’entendre une voix qui lui dit « Tu es mon Fils bien-aimé, tu as tout mon amour ». L’Esprit vient de « descendre sur lui » et aussitôt le même Esprit le pousse au désert où il va connaître des tentations. Le passage est rude entre la douceur de la colombe et la mise en présence de Satan qui cumule toutes les forces du mal et de la mort. D’emblée nous avons la réponse à la question qui va parcourir tout l’évangile « Qui est donc cet homme ? », question qui se posera encore au moment de la crucifixion. Il est le Fils bien-aimé du Père.
Mais il n’est pas dit comment il va devoir vivre humainement cette divinité. Il va devoir renoncer à cette image de la Toute Puissance divine que nous portons tous en nous, celle d’un Dieu qui dirige tout, qui peut tout arranger, image que ne cesse de lui présenter le Tentateur. Cette illusion de la Toute Puissance, nous la trouvons dès le début du livre de la Genèse, quand le démon suggère à Adam et Eve de se « faire comme Dieu ». Vous saurez tout, vous pourrez tout.
Dans l’Écriture toutes nos maladies ou infirmités ont un sens spirituel. La cécité est un aveuglement devant la vérité. La surdité est inaptitude à entendre la Parole, etc… La lèpre occupe une place à part, car elle est contagieuse et elle exige l’isolement. Elle provoque des plaies et elle est vue comme impureté et prend alors une signification religieuse. Elle concerne le prêtre. Celui qui est guéri est dit « purifié ». Elle est symbole de déchéance humaine, de l’homme jeté dehors, nuisible. La première lecture résume tout cela.
Nous en retrouvons bien des éléments dans la pandémie actuelle, à l’exception de sa signification religieuse, bien rarement entrevue. En d’autres temps n’aurions-nous pas organisé des processions et des neuvaines plutôt que des confinements ou des vaccinations ?
Le lépreux représente bien le mal qui affecte l’homme. Comme Adam il doit faire une longue marche pour retrouver la terre qui lui avait été donnée. Déchéance et rédemption, nous y sommes tous soumis. Ce qui concerne l’humanité entière nous concerne, chacun de nous.
Inutile de croire que nous n’avons pas besoin d’être pardonnés, recréés, réintégrés.
Le Christ vient nous libérer de tout ce qui nous détruit et nous exclut.
A nous de le désirer et de l’accueillir.