« Il faisait route vers Jérusalem », un refrain qui rythme le récit depuis la montée de Jésus avec ses disciples vers la ville sainte, lieu de sa passion.
Sur cette route, on pose à Jésus une question débattue à l’époque. Des rabbins enseignaient : « Ceux qui périssent sont plus nombreux que ceux qui seront sauvés ». D’autres affirmaient le contraire : « Tous les israélites auront part au monde futur ». Selon ces derniers, il suffisait d’appartenir au peuple élu pour être sauvé. Déjà Jean Baptiste avait vigoureusement combattu cette conviction...
Il n’y a pas si longtemps, elle avait cours chez nous, au temps du jansénisme, soutenue par des prédicateurs qualifiés parfois de terroristes, tant ils faisaient trembler. Heureusement ils rassuraient quand on les voyait à table !
Peu nombreux ? Tous ? Comme Jean Baptiste avant lui, Jésus attire l’attention sur la responsabilité de chacun. La porte du Royaume est étroite, on ne la passe pas à plusieurs en se fondant dans un groupe, comme on traverse la porte d’une ville. Chacun y entrera selon la manière dont il aura vécu. Il convient de lutter pour vivre selon la justice. De plus c’est urgent. Personne ne sait quand la porte sera fermée. Alors on aura beau crier, se réclamer d’avoir fréquenté Jésus. La sentence tombera : « Éloignez-vous de moi, ouvriers d’injustice »
A l’inverse être ouvrier de justice est la condition pour entrer dans le Royaume.
Le feu, il en est souvent question depuis quelques mois. Il y a les feux de forêt comme chaque année à cette époque, mais il y a eu surtout celui de Notre Dame, avec toutes le questions qu’il n’a pas fini de nous poser.
Jésus lui, dans l’évangile, de quel feu parle-t-il à propos de celui qu’il est venu apporter sur la terre et de ce grand désir qu’il a de le voir s’allumer ?
On peut, sans trop se tromper évoquer celui du Sinaï, ce buisson ardent qui attire la curiosité de Moïse, ce feu à la fois attirant et redoutable, cette nuée lumineuse qui guide le peuple dans la nuit du désert lors de son exode. C’est du feu que Dieu parle à Moïse en lui donnant les tables de la Loi. Celui-ci doit cacher l’éclat de son visage avant de purifier par le feu l’idolâtrie du veau d’or.
Ce feu parcourt donc toute l’Écriture.
Pourquoi lire ce récit de la visitation en cette fête de l’Assomption ? Rassurez-vous, il n’y a pas d’erreur.
La première réponse c’est que l’évangile n’en parle pas.
La seconde c’est pour mettre en relief la démarche de Marie dont Luc nous dit « qu’elle se mit en route en hâte vers le haut pays » (Lc 1/39). Depuis la chute, Dieu ne cesse jamais de chercher l’homme : « Adam, où es-tu ? » (Gen 3/9). Parfois la recherche est couronnée de succès, avec Moïse, l’un ou l’autre prophète, les poètes des psaumes. Trop souvent l’homme reste sourd, jusqu’à ce jour extraordinaire au cours duquel Marie accueillit la Parole qui prit chair en elle.
La Révélation de Dieu ne se ferait pas de façon écrasante,
mais dans le silence d’un dialogue, la liberté d’un oui.