Parler de Christ Roi, c’est dire deux fois la même chose, un pléonasme, car le mot Christ désigne en effet celui qui a reçu l’onction royale, celle dont il est question à la fin de la première lecture. Innombrables sont les textes qui nous parlent de la royauté de Dieu, le grand roi au dessus de tous les dieux. C’est que parmi les personnages de la terre on ne connaît pas de plus grand personnage que le roi, le seul dont la volonté s’impose sans discussion. L’imagination va très loin. On se représente Dieu assis sur un trône, servi par une multitude de subalternes célestes, au-dessus de tout et de tous.
Nous avons du mal à dépasser cette métaphore, tant il est important de reconnaître que la loi divine, le grand commandement tel que Jésus nous l’a donné, doit être préférée à toute décision des pouvoirs humains. Cette royauté de Dieu s’exprime, prend forme dans le Christ, le Verbe fait chair, Parole créatrice qui à l’œuvre depuis toujours, se révèle, se manifeste pour ainsi dire en Jésus.
Avec lui, la royauté de Dieu, son Royaume est présent parmi nous, en nous. Secrètement elle travaille l’humanité pour parvenir à sa plénitude à la fin des temps, au delà de l’histoire. En attendant il est au travail en nous et entre nous. On est loin alors de la vision de Dieu trônant sur son trône. L’autorité du Christ n’est pas comparable à celle des souverains de ce monde. Dans l’évangile nous ne voyons jamais Jésus forcer la main de qui que ce soit. Par contre abondent les expressions « si tu veux » et « celui qui veut… ».
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Jésus ne dit pas l’origine de tous les maux que nous aurons à subir... Ne pensons pas trop vite qu’il s’agit de châtiments infligés par Dieu aux pêcheurs que nous sommes. Certains textes le disent mais assez curieusement, c’est plutôt pour nous rassurer. Il n’est pas absent de nos malheurs, ce que nous souffrons a un sens, nous ne sommes pas sous le régime de l’absurde.
Dieu, notre source, est bien impliqué, mais plutôt à titre de victime que de justicier.
N’est-ce pas, en fin de compte ce que nous révèle la Croix ?
Ne porte-t-il pas alors le péché du monde ?
Toutes les catastrophes sont symbolisées ici par la destruction du Temple. Il est la figure, la matérialisation de la présence de Dieu sur la terre. Il est l’habitation qu’Il a choisie. Souvenons-nous « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure ». C’est pourquoi tous les maux que nous subissons, tous ceux que nous provoquons, sont l’expression de nos tentatives de chasser Dieu, de chasser l’amour de notre univers.
C’est le Christ que nous retrouvons :
Il a fallu bien longtemps avant que la Bible ne parle de résurrection. Il en est seulement question aux alentours de l’an 200 avant J.C et encore on ne sait pas bien s’il s’agit de résurrection générale ou de résurrection réservée à ceux qui seront jugés dignes d’avoir part au monde à venir, comme dit notre évangile. Certes l’Église a tranché, mais il apparait que les choses ne sont pas si simples.
Affirmer la résurrection n’a été ni pour Israël, ni pour les premiers chrétiens, ni pour nous chose facile. Il eut été plus simple de parler seulement d’immortalité de l’âme. Avec quel corps allons-nous ressusciter ? C’est la question qui agite les Corinthiens au temps de saint Paul, dans l Cor 15/35. Il répond en disant qu’il y a plusieurs manières d’habiter un corps. Il parle de corps spirituel, à même d’assurer parfaitement ses fonctions de relation, de communion Les évangiles nous parlent d’un Jésus ressuscité qui échappe à toutes les prises de nos sens. On le voit certes, mais on ne le reconnait pas, sinon à des signes comme la fraction du pain.
Si notre corps actuel est instrument de toute relation, il est aussi ce qui nous sépare, nous individualise en établissant une frontière entre nous et les autres. Le corps spirituel est le lieu d’une relation sans frontière, parfaitement adapté à notre désir de communion.