Avec ce début de l’évangile, nous croyons entendre le langage des témoins de Jéhovah quand ils nous rendent visite. Un langage qui fait peur, comme celui du curé de mon enfance quand il nous décrivait l’enfer, avec la grande pendule : Jamais… jamais… jamais… Heureusement il nous rassurait quand on le voyait à table. Ce langage est emprunté à un genre littéraire qui ne date pas d’aujourd’hui, car il s’est développé en gros entre les années 150 av. J.C et 100 après., dans la littérature juive, une façon de parler de choses que l’on ignore.
Celui qui parle est un visionnaire qui prétend avoir une connaissance secrète du passé, du présent et de l’avenir, et surtout de la fin des temps. Il abonde en images, en symboles, parfois terrifiants pour exprimer le combat ultime entre Dieu et les armées de Satan.
Sans avoir à y recourir, nous pouvons exprimer la même chose en ouvrant notre journal ou la radio : réchauffement de la planète, trous dans la couche d’ozone, la crise qui s’installe, le chômage qui augmente, le mariage pour tous, la guerre, la vraie, celle qui écrase les populations, les jette sur les routes de l’exode. Ce sont toujours les petits peuples qui en font les frais : Syrie, Palestine, Soudan, Afghanistan, combien d’autres
Dans les apocalypses, tout est décidé d’avance.
Mais il n’en va pas de même dans l’évangile
qui insiste fortement sur la liberté de l’homme
qui fait l’histoire et l’oriente vers son accomplissement.
Parler de Christ Roi, c’est dire deux fois la même chose, un pléonasme, car le mot Christ désigne en effet celui qui a reçu l’onction royale, celle dont il est question à la fin de la première lecture. Innombrables sont les textes qui nous parlent de la royauté de Dieu, le grand roi au dessus de tous les dieux. C’est que parmi les personnages de la terre on ne connaît pas de plus grand personnage que le roi, le seul dont la volonté s’impose sans discussion. L’imagination va très loin. On se représente Dieu assis sur un trône, servi par une multitude de subalternes célestes, au-dessus de tout et de tous.
Nous avons du mal à dépasser cette métaphore, tant il est important de reconnaître que la loi divine, le grand commandement tel que Jésus nous l’a donné, doit être préférée à toute décision des pouvoirs humains. Cette royauté de Dieu s’exprime, prend forme dans le Christ, le Verbe fait chair, Parole créatrice qui à l’œuvre depuis toujours, se révèle, se manifeste pour ainsi dire en Jésus.
Avec lui, la royauté de Dieu, son Royaume est présent parmi nous, en nous. Secrètement elle travaille l’humanité pour parvenir à sa plénitude à la fin des temps, au delà de l’histoire. En attendant il est au travail en nous et entre nous. On est loin alors de la vision de Dieu trônant sur son trône. L’autorité du Christ n’est pas comparable à celle des souverains de ce monde. Dans l’évangile nous ne voyons jamais Jésus forcer la main de qui que ce soit. Par contre abondent les expressions « si tu veux » et « celui qui veut… ».
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Jésus ne dit pas l’origine de tous les maux que nous aurons à subir... Ne pensons pas trop vite qu’il s’agit de châtiments infligés par Dieu aux pêcheurs que nous sommes. Certains textes le disent mais assez curieusement, c’est plutôt pour nous rassurer. Il n’est pas absent de nos malheurs, ce que nous souffrons a un sens, nous ne sommes pas sous le régime de l’absurde.
Dieu, notre source, est bien impliqué, mais plutôt à titre de victime que de justicier.
N’est-ce pas, en fin de compte ce que nous révèle la Croix ?
Ne porte-t-il pas alors le péché du monde ?
Toutes les catastrophes sont symbolisées ici par la destruction du Temple. Il est la figure, la matérialisation de la présence de Dieu sur la terre. Il est l’habitation qu’Il a choisie. Souvenons-nous « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure ». C’est pourquoi tous les maux que nous subissons, tous ceux que nous provoquons, sont l’expression de nos tentatives de chasser Dieu, de chasser l’amour de notre univers.
C’est le Christ que nous retrouvons :