Dans le monde entier un abîme sépare les riches de ceux qui sont plongés dans la misère. Une loi fatale de l’argent fait que les riches vivent à part : logement, loisirs, soins médicaux, mais ces murs que le riche construit deviendront à sa mort un abîme infranchissable.
Jésus nomme le pauvre Lazare, mais non pas le riche, ce qui va à l’encontre de nos usages habituels. Dans notre monde ceux qui ont réussi donnent leur nom à nos rues, nos monuments, nos institutions. Les autres sont la main d’œuvre, les salariés. Mais à sa mort, de nombreux amis sont autour de Lazare : les anges, Abraham, père des croyants, alors que le riche se trouve seul, sans personne pour le défendre, nous faisant comprendre que l'isolement fait partie de l’enfer.
« Ne méprisez aucun de ces petits car leurs anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux »
Mt 18/10
Jésus parle du riche en premier. N’est-ce pas sur lui que porte la parabole ? avec Abraham il est le seul à prendre la parole. S’agit-il de le critiquer ? Plutôt de venir en aide à tous ceux qu’il représente, tous ceux qui oublient de prendre les Lazare en pitié. Ils doivent changer d’attitude s’ils veulent échapper un jour à l'isolement.
Cette parabole a de quoi nous dérouter. Comment peut-on féliciter un fonctionnaire véreux ? L’habileté des malfaiteurs de ce monde, les petits comme les grands, nous la connaissons depuis des siècles, elle dépasse celle des croyants dans leur vie de foi. Mais Jésus veut nous faire comprendre autre chose. Les escrocs savent ce qu’ils veulent. En est-il de même pour nous ? Nous voulons bien suivre le Christ tant que ça va bien, mais quand ça ne va plus nous réagissons souvent comme ce gérant incapable : travailler ? bêcher ? mendier ?
La plupart du temps, le culte de l’argent et de tout ce qu’il représente prend racine dans un profond sentiment d’insécurité. On veut se prouver qu’on est quelque chose, quelqu’un, parce qu’en définitive on en doute. Servir Dieu ou l’argent signifie mettre sa confiance en l’un ou en l’autre. Il ne s’agit pas d’efforts de volonté ni de moralisation de la vie, mais d’abandon entre les mains de Dieu. Il s’agit de la foi. Elle ne consiste pas à croire des choses, mais à mettre sa confiance en quelqu’un.
Ces deux premières paraboles nous rappellent que nous sommes partis loin de notre patrie, souvent voués au culte de nos veaux d’or, fruits de ce génie qui nous a été donné pour un tout autre usage : adoration du profit, de la notoriété, de tous les produits de nos sciences et de nos techniques. Tous ces acquis sont à même de nous trahir.
Notons que dans ces deux paraboles, la brebis et l’argent perdu ne prennent aucune initiative, c’est le berger et la propriétaire qui font tout le travail. Plus rien ne compte sinon l’objet de leur recherche, façon de nous dire que, pour Jésus, l’intérêt de Dieu porte avant tout sur ceux qui sont perdus.
Dieu va très loin pour nous trouver,
mais faut-il encore que nous répondions en toute liberté.
Il ne peut rien faire pour nous malgré nous.
Nous convertir c’est donc accepter de se laisser trouver.