Ce sont les apôtres qui interviennent en faveur d’un supplément de foi. Les chapitres précédents traitaient des problèmes qui survenaient au sein de la communauté des disciples, les rivalités, le besoin d’être reconnu, les scandales, le besoin de patience de pardon. Tout ce groupe ne formait pas une communauté angélique !
Les apôtres dont nous parle S.Luc représentent les responsables des communautés chrétiennes. Ils sont particulièrement concernés par ce besoin de vigilance, de confiance : Ajoute-nous de la foi !
La foi ? Il n’est pas nécessaire d’en ajouter. Il suffirait d’une dose minuscule comme un grain de sénevé pour oser dire à un sycomore : « sois déraciné et va te planter dans la mer, et il obéirait ». L’image n’est pas à prendre au pied de la lettre bien sûr !
Elle veut dire que ce qui semble complètement impossible à nos yeux,
Dieu peut le réaliser en eux.
Telle est la foi de l’apôtre.
Elle ouvre à l’action toute puissante de Dieu, maître de l’impossible.
Dans le monde entier un abîme sépare les riches de ceux qui sont plongés dans la misère. Une loi fatale de l’argent fait que les riches vivent à part : logement, loisirs, soins médicaux, mais ces murs que le riche construit deviendront à sa mort un abîme infranchissable.
Jésus nomme le pauvre Lazare, mais non pas le riche, ce qui va à l’encontre de nos usages habituels. Dans notre monde ceux qui ont réussi donnent leur nom à nos rues, nos monuments, nos institutions. Les autres sont la main d’œuvre, les salariés. Mais à sa mort, de nombreux amis sont autour de Lazare : les anges, Abraham, père des croyants, alors que le riche se trouve seul, sans personne pour le défendre, nous faisant comprendre que l'isolement fait partie de l’enfer.
« Ne méprisez aucun de ces petits car leurs anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux »
Mt 18/10
Jésus parle du riche en premier. N’est-ce pas sur lui que porte la parabole ? avec Abraham il est le seul à prendre la parole. S’agit-il de le critiquer ? Plutôt de venir en aide à tous ceux qu’il représente, tous ceux qui oublient de prendre les Lazare en pitié. Ils doivent changer d’attitude s’ils veulent échapper un jour à l'isolement.
Cette parabole a de quoi nous dérouter. Comment peut-on féliciter un fonctionnaire véreux ? L’habileté des malfaiteurs de ce monde, les petits comme les grands, nous la connaissons depuis des siècles, elle dépasse celle des croyants dans leur vie de foi. Mais Jésus veut nous faire comprendre autre chose. Les escrocs savent ce qu’ils veulent. En est-il de même pour nous ? Nous voulons bien suivre le Christ tant que ça va bien, mais quand ça ne va plus nous réagissons souvent comme ce gérant incapable : travailler ? bêcher ? mendier ?
La plupart du temps, le culte de l’argent et de tout ce qu’il représente prend racine dans un profond sentiment d’insécurité. On veut se prouver qu’on est quelque chose, quelqu’un, parce qu’en définitive on en doute. Servir Dieu ou l’argent signifie mettre sa confiance en l’un ou en l’autre. Il ne s’agit pas d’efforts de volonté ni de moralisation de la vie, mais d’abandon entre les mains de Dieu. Il s’agit de la foi. Elle ne consiste pas à croire des choses, mais à mettre sa confiance en quelqu’un.