Il a fallu bien longtemps avant que la Bible ne parle de résurrection. Il en est seulement question aux alentours de l’an 200 avant J.C et encore on ne sait pas bien s’il s’agit de résurrection générale ou de résurrection réservée à ceux qui seront jugés dignes d’avoir part au monde à venir, comme dit notre évangile. Certes l’Église a tranché, mais il apparait que les choses ne sont pas si simples.
Affirmer la résurrection n’a été ni pour Israël, ni pour les premiers chrétiens, ni pour nous chose facile. Il eut été plus simple de parler seulement d’immortalité de l’âme. Avec quel corps allons-nous ressusciter ? C’est la question qui agite les Corinthiens au temps de saint Paul, dans l Cor 15/35. Il répond en disant qu’il y a plusieurs manières d’habiter un corps. Il parle de corps spirituel, à même d’assurer parfaitement ses fonctions de relation, de communion Les évangiles nous parlent d’un Jésus ressuscité qui échappe à toutes les prises de nos sens. On le voit certes, mais on ne le reconnait pas, sinon à des signes comme la fraction du pain.
Si notre corps actuel est instrument de toute relation, il est aussi ce qui nous sépare, nous individualise en établissant une frontière entre nous et les autres. Le corps spirituel est le lieu d’une relation sans frontière, parfaitement adapté à notre désir de communion.
Zachée, ce petit personnage qui nous rappelle le catéchisme de notre enfance a tout ce qu’il faut pour plaire : petit, il court, il monte aux arbres tout ce dont rêvent les enfants. Pour bien des adultes il a pour lui d’être riche, chef des collecteurs d’impôts, une sorte de trésorier payeur général. Il n’en reste pas moins qu’il est exclu, par son appartenance à une catégorie professionnelle méprisée, infréquentable, pas question pour un juif de partager sa table. Jésus le savait bien. Lors de l’appel de Matthieu il le fit et s’attira la critique des pharisiens.
Il y a quelque chose d’unique chez Zachée : il pressent qu’il lui manque quelque chose il cherchait à voir qui est Jésus, une aspiration qui ne datait pas de ce jour-là . A la différence d’Hérode qui cherchait lui aussi à le voir dans sa perplexité, c’est la personne de Jésus qui intrigue Zachée. D’où une première question pour nous :
avons-nous ce même désir,
avec la même force qui le rend capable
de braver les conventions,
de nous comporter comme un enfant,
de courir comme s’il y avait urgence ?
En écoutant pour la nième fois ce récit de saint Luc, croyons-nous que Zachée peut nous aider à rencontrer Jésus une nouvelle fois, aujourd’hui ?
Dans l’histoire, on n’a pas toujours rendu service aux saints. Non seulement en martelant leurs visages aux portails des cathédrales, mais sans doute pire, en écrivant, avec les meilleures intentions du monde, leur vie dans un style bien pensant, souvent affligeant de fadeur et de mollesse.
Ici il n’y a pas de statues de saints, à part celle, fort belle, de la Vierge Marie. On ne les voit pas affublés d’habits de parade qui les rendraient bien incapables de faire le ménage ou de scier une planche. Même St Benoit et Ste Scholastique n’ont droit qu’à un petit vitrail bien caché que les sœurs autrefois ne pouvaient pas voir.
On leur a vissé sur la tête des couronnes de crainte qu’ils ne passent inaperçus.
Bref on les a souvent déshumanisés, oubliant qu’ils ont eu mal aux dents, des cors aux pieds, de l’arthrose comme tout le monde.
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