Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs,
Aujourd’hui nous célébrons avec l’Eglise universelle la Toussaint. Cette fête est inséparable du jour de prière pour les défunts, que l’Église commémore le 2 novembre. C’est-à-dire demain. Si la Toussaint est vécue dans la joie, le jour des défunts est plus en lien avec les souvenirs nostalgiques que nous conservons de nos biens aimés qui nous ont précédés au ciel.
Comme son nom l’indique, la Toussaint, c’est la fête de tous les saints (connus et inconnus). En la célébrant, nous honorons avec l’Église la foule innombrable de ceux et celles qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ. En ce sens, la Toussaint, c’est aussi l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté. C’est donc là une bonne nouvelle.
Effectivement, la bonne nouvelle d’aujourd’hui, frères et sœurs, c’est que Jésus nous proclame les béatitudes, c’est-à-dire comme leur nom l’indique également, des bonnes nouvelles. Et la bonne nouvelle, c’est que le regard de Dieu n’est pas celui des hommes. Les hommes recherchent le bonheur dans l’avoir, le pouvoir, le savoir. Mais les cœurs purs sans mélange qui cherchent véritablement Dieu savent que ce n’est pas de ce côté-là qu’il faut chercher. Dieu se révèle aux pauvres de cœurs, aux doux, aux assoiffés de justice, aux miséricordieux, aux artisans paix, des constructeurs de ponts entre les hommes.
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Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs, après la question dimanche dernier sur la licéité de payer l’impôt à César ou pas, cette fois-ci c’est sur l’ordonnancement de la loi que Jésus est interrogé : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » (Mt 22, 36). Comme avec la question sur l’impôt, les interlocuteurs de Jésus ne sont pas de bonne foi, ils cherchent « à le mettre à l’épreuve » (Mt 22, 35). Mais, de la même manière qu’il a dérouté les sadducéens sur l'impôt, la réponse de Jésus va surprendre les autorités religieuses qui l’interrogent.
Évidemment, puisqu’on l’interroge sur la loi, Jésus puise sa réponse dans la Loi mais les emmène bien au-delà du juridisme classique qui alimente leurs querelles sur la primauté des lois. Pour bien saisir sa réponse, il convient de rappeler que depuis le 3è siècle de notre ère, le Talmud (expression exacte de la loi morale du judaïsme rabbinique) ainsi que des recherches tardives ont dénombré 613 commandements dans l’Ancien Testament dont 248 commandements sur le « faire » et 365 commandements sur le « ne pas faire ». C’est beaucoup, c’est même trop pour qu’une personne puisse les respecter.
« Alors pourquoi la Loi ? [Selon St. Paul dans la Lettre aux Galates], elle a été ajoutée, pour que les transgressions soient rendues manifestes, jusqu’à la venue de la descendance à qui ont été faites les promesses » (Gal 3, 19). Du point de vue biblique, ce qui importe, ce n’est donc pas le nombre des commandements mais leur objectif : libérer le peuple de l’aveuglement pour le conduire à l’avènement du Messie, le Christ, ainsi que l'affirme St. Paul toujours aux Galates : « Avant que vienne la foi en Jésus Christ, nous étions des prisonniers, enfermés sous la domination de la Loi, jusqu’au temps où cette foi devait être révélée. Ainsi, [poursuit-il] la Loi, comme un guide, nous a menés jusqu’au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification. » (Gal 3, 23-24).
Homélie du P. Désiré
Frères et sœurs, aujourd’hui, la question que les pharisiens posent à Jésus est extrêmement compromettante et formulée avec la pire intention. « En ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler » (Mt. 22, 15). Avons-nous bien saisi ce qui se trame ? Ces gens-là cherchaient le moyen de compromettre Jésus dans ses paroles, afin de trouver une raison pour l'accuser. Pour atteindre leur funeste volonté, tels des griots, ils lui font entendre d’abord du plaisant : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens » (Mt 22, 16) ; puis vient la question piège : « Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » (Mt 22, 17).
Frères et sœurs, les palais sont remplis de ces courtisans qui ne manquent pas de trahir ou de tuer le roi à la moindre occasion ; nos familles, nos communautés et organisations sont remplies de ces personnages qui chantent et vantent des mérites de ceux qui nous gouvernent mais c’est toujours à leur profit. Ils avancent toujours avec un ton faussement respectueux qui cache habilement leurs sordides intentions. Souvenez-vous de la fable de la fontaine : « Le corbeau et le renard ». Méfiez-vous donc des flagorneurs… Ils vivent au dépend de celui qui les écoute. Ici, en lieu et place d’une question : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? », ces pharisiens tendent à Jésus un piège qu’il ne pourrait logiquement pas éviter.
Pour bien comprendre ce piège, il faut se souvenir que Jésus est en route pour Jérusalem.