Apprenons-nous à aimer dans la famille ? Il est vrai qu’en général les bébés sont cajolés et que leurs premières expériences du contact avec autrui sont des caresses et des soins divers. Quand cela fait défaut la blessure peut marquer toute la vie. Jésus a-t-il appris l’amour dans sa famille ? Certes l’amour qui habitait Marie et Joseph était déjà d’un certain point de vue participation à Dieu lui-même comme pour nous tous. Pourtant Jésus a dû apprendre lui-même à être un homme, donc il a dû faire l’expérience de l’amour reçu et donné. Luc écrit que « l’enfant grandissait, se développait et se remplissait de sagesse » (2/40-2/52). Bien sûr la sagesse dont il s’agit est l’art de discerner, de distinguer entre le bon et le mauvais. Si Jésus a grandi dans ce domaine, c’est bien qu’il a dû l’apprendre.
Prenons au sérieux l’humanité du Christ. Ce monde qui vient de lui, il le découvre, il s’extasie devant les fleurs des champs, découvre la croissance du minuscule grain de sénevé. Bref il découvre toutes les réalités naturelles et humaines auxquelles « le Royaume de Dieu est semblable »
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Jean Baptiste arrêté, sa mission s’arrête et Jésus prend le relais. Il part au nord, en Galilée et sa prédication se résume en cette formule :
« le Royaume de Dieu est tout proche »
Si nous entendons par Royaume de Dieu, sa domination sur toutes choses et en particulier sur le mal, elle n’a jamais cessé. Il est Seigneur de toute éternité. Mais la façon dont il domine le mal nous est révélée par Jésus Christ. Dominer le mal ne signifie pas le faire disparaître, mais prendre appui sur lui, l’utiliser, comme Jésus le fait dans la Passion en laissant Satan épuiser ses forces. Il ne pouvait pas faire pire que de s’attaquer à la vie de Jésus, mais en vain, car impossible de prendre la vie de quelqu’un qui accepte librement de la donner.
Toutes nos épreuves peuvent prendre sens à cette lumière si nous croyons que Dieu vivant en nous continue à remporter la même victoire, dès que nous accueillons ce royaume si proche de nous.
Le royaume de Dieu est à portée de nos mains,
c’est à nous de nous en saisir.
Tout ce que nous avons à subir peut être référé à la Croix du Christ. Non pas de manière abstraite, mais en nous unissant à Celui qui nous habite et traverse en nous toute sorte de mort et de victoire. C’est ce à quoi nous invite saint Paul quand il nous dit : « glorifiez Dieu dans votre corps ».
Nous venons d’entendre Jean Baptiste déclarer à deux reprises en parlant de Jésus : « Je ne le connaissais pas ». Surprenant ! Il était quand même son cousin, n’avait-il pas tressailli dans le sein de sa mère à son approche ? Dans bien des familles nous nous connaissons parfois fort mal, mais l’ignorance dont parle Jean est bien réelle, c’est même celle dont nous souffrons tous.
Comment connaître le Dieu tout-puissant
sans être disposé, poussé préparé à cette rencontre ?
C’est précisément ce qui se passe lorsque l’Esprit Saint descend sur Jésus, tout comme sur Pierre, Jacques et Jean au jour du Thabor, sur Paul à l’entrée de Damas, sur tel ou telle d’entre nous le jour où sa vie a basculé.
« j’ai vu l’Esprit Saint descendre du ciel sur lui »