Stabilité !
La stabilité dans le monastère est inséparable de cet autre vœu que nous faisons au jour de notre profession : la conversion. Et l'évènement de ce 2 janvier est un bel exemple de cette alliance entre stabilité et conversion... et obéissance aussi ! Nous avons en effet vécu un "changement d'emplois". Et dans le concret, ca veut dire quoi ? Ca veut dire que chacune s'est préparée à transmettre le service qu'elle rendait, le lieu où elle travaillait, à une autre ; que chacune s'est aussi préparée à découvrir là où désormais on compte sur elle ! Belle occasion de (re)prendre conscience de tout ce que l'on reçoit les unes des autres, d'en rendre grâce... et de poursuivre le chemin de conversion tout en restant dans la même maison !
Les semaines à venir vous permettront de découvrir les sœurs qui désormais vous répondent au téléphone, vous accueillent à la liturgie, vous préparent les livrets des offices, vous fabriquent ou vous vendent confitures et santons, vous servent à la salle St Benoit ou vous souhaitent la bienvenue ! Belles découvertes !
Ici commence la présentation de la nouvelle loi. Nous sommes loin de ce que l’on cherche dans une religion : des pratiques à observer, des jeûnes, des rites par lesquels on mérite le salut. Jésus en parle peu au point que, quand on lit l’évangile, on pourrait croire qu’il nous appelle à vivre de bons sentiments en oubliant les anciens préceptes. Ce serait une grave erreur ! Il n’enlève rien de ce qui nous était transmis par Moïse et les prophètes, mais il nous invite à le vivre autrement, avec le cœur, dans la lumière de Pâques.
Mais c’est alors que commencent les oppositions : « On vous a dit, moi je vous dis », répété six fois, sans doute une habitude prise à la synagogue où, après une première lecture en hébreu et une traduction en araméen, chacun pouvait s’exprimer, en commençant par cette formule « vous avez appris qu’il a été dit, moi je vous dis » Jésus, quant à lui « parlait avec autorité » Mt 7/29
Jésus ne remet pas en cause les exigences de la Bible, il ne se contente pas non plus d’en faire le commentaire :
SEL ET LUMIÈRE Mt 5/13-16
Il y a une vingtaine d’années,le maire d’une ville voisine a convoqué les habitants d’un quartier où, à la suite de la disparition de bâtiments publics s’offrait la possibilité d’édifier un ensemble de logements populaires. La population du quartier était plutôt de classe dite moyenne.
Les réactions furent d’emblée défavorables au point que le maire en vint à s’écrier : « Existe-t-il encore des chrétiens parmi vous ? ». Lui-même n’était pas précisément chrétien, mais il savait que le sel de l’évangile devait se manifester. Combien aujourd’hui sont dans la même atttente ? Ils étaient salés, constitués sel. La plupart étaient baptisés et selon le rite ancien le prêtre leur avait même déposé un peu de sel sur la langue pour bien signifier ce qu’ils devenaient, appelés à donner du goût, de la saveur autour d’eux.
L’évangile ne s’en tient pas au sel fondu dans la masse, mais il fait appel aussi à la lumière aisément repérable, mise en évidence. Et Jésus insiste :
« Que votre lumière brille aux yeux des hommes …afin qu’ils glorifient votre Père qui est aux cieux ».
Pourtant il dira au chapitre suivant : « Gardez-vous de pratiquer votre justice aux yeux des hommes…que ton aumône reste dans le secret » Saint Augustin dans son sermon « sur les brebis » explique qu’il faut tenir ensemble les deux consignes. Ce qui fait la différence, c’est l’intention profonde de nos comportements : si notre but est d’être bien vu et d’en retirer quelque prestige, nous nous mettons en quelque sorte à la place de Dieu ; si au contraire nous cherchons à convaincre les autres de la valeur du message qui nous fait vivre, la « gloire » ne vient pas sur nous, mais va à Dieu.