Dans la première lecture, nous avons vu le prophète Isaïe annoncer au roi Acaz la naissance d’un enfant alors que sa femme était jusque là stérile. Matthieu reprend cette prophétie en la modifiant.
Avec lui la « jeune femme » d’Isaïe devient une « vierge »
et le nom « Dieu avec nous » (Emmanuel) devient « le Seigneur sauve » (Jésus).
Ainsi la prophétie se trouve prononcée au temps d’Acaz et accomplie, c’est-à-dire vérifiée, portée à un terme qui la dépasse, avec Joseph. Ainsi ce qui se passe dans le « purement humain », l’énoncé d’une parole, recèle déjà une présence active de Dieu qui ne se révélera et n’atteindra son sommet que lorsque l’homme et Dieu ne feront plus qu’un.
De même par le baptême nous sommes déjà enfants de Dieu, mais ce que nous serons par l’accomplissement de cette seconde naissance n’a pas encore été manifesté. Ainsi l’Avent ne concerne pas seulement le Christ, mais notre propre marche vers notre ultime venue au monde par laquelle nous lui deviendrons semblables 1 Jn 3/2
Dans notre évangile deux questions d’identité : « Qui est Jésus ? Qui est Jean Baptiste ? »
Étonnante la question de Jean. Au chapitre 3 du même évangile on l’a vu baptiser Jésus et il a entendu la voix venue du ciel le déclarer Fils bien aimé. Mais il fait encore partie de l’Ancienne alliance. La nouvelle alliance qu’il annonce garde encore pour lui son secret. Il en reste à l’attente d’un messianisme temporel, au triomphe social et politique attendu par son peuple.
Or le voici en prison, victime de la cruauté d’Hérode. Est-ce cela le Royaume de Dieu annoncé ? Pourtant au fond de lui la foi demeure. Il ne fermera pas les yeux sur l’adultère d’Hérode, jusqu’à en mourir. Et c’est à Jésus qu’il envoie des messager pour savoir s’il est celui qui doit venir ou s’il faut en attendre un autre. Écoutons bien la réponse du Christ : il n’annonce pas un triomphe politique ou militaire, mais il révèle que Dieu est tout entier miséricorde, en alliance avec toutes les victimes du mal qui empoisonne le monde. La Croix est à l’horizon.
« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez la route »
J’ai entendu autrefois un ingénieur des travaux publics, marseillais, déclarer à un jeune cantonnier : « pour faire une route, après avoir creusé, tu mets une première couche de catounes, puis 20 cm de caillasse, 10 cm de caillasson et une couche de gravillon » Je pense souvent à lui en lisant cet évangile qui nous présente Jean Baptiste comme une sorte de paveur en chef.
Autour de lui, toute une foule, des gens venus de Jérusalem, de Judée, de Samarie, tous dans l’attente d’un Messie. En combien de pays prévaut cette attente d’une sorte de personnage messianique, un homme fort, puissant. Nous savons que pour beaucoup cette attente revêt un caractère tragique. Nous parlons beaucoup alors que des dizaines de milliers doivent fuir leurs maisons, leur famille, en Orient, en Afrique. Mais de tout temps les hommes ont désiré et choisi spontanément ce genre de dirigeants.
Jean Baptiste, qui annonce-t-il ?
Le contraire !