Dans l’histoire, on n’a pas toujours rendu service aux saints. Non seulement en martelant leurs visages aux portails des cathédrales, mais sans doute pire, en écrivant, avec les meilleures intentions du monde, leur vie dans un style bien pensant, souvent affligeant de fadeur et de mollesse.
Ici il n’y a pas de statues de saints, à part celle, fort belle, de la Vierge Marie. On ne les voit pas affublés d’habits de parade qui les rendraient bien incapables de faire le ménage ou de scier une planche. Même St Benoit et Ste Scholastique n’ont droit qu’à un petit vitrail bien caché que les sœurs autrefois ne pouvaient pas voir.
On leur a vissé sur la tête des couronnes de crainte qu’ils ne passent inaperçus.
Bref on les a souvent déshumanisés, oubliant qu’ils ont eu mal aux dents, des cors aux pieds, de l’arthrose comme tout le monde.
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Il n’y a pas bien longtemps Zachée est déjà descendu de son arbre pour nous aider à rencontrer Jésus. Ce devait être pour la fête de la Dédicace de cette église.
Zachée, ce petit personnage qui nous rappelle le catéchisme de notre enfance qui a tout ce qu’il faut pour plaire : petit, il court, il monte aux arbres tout ce dont rêvent les enfants. Il n’en reste pas moins qu’il est exclu, par son appartenance à une catégorie professionnelle méprisée, infréquentable, pas question pour un juif de partager sa table. Jésus le savait bien. Lors de l’appel de Matthieu il le fit et s’attira la critique des pharisiens.
Il y a quelque chose d’unique chez Zachée : il cherchait à voir qui est Jésus, une aspiration qui ne datait pas de ce jour là. A la différence d’Hérode qui cherchait lui aussi à le voir dans sa perplexité, c’est la personne de Jésus qui intrigue Zachée. D’où une première question pour nous : avons-nous ce même désir, avec la même force qui le rend capable de braver les conventions, de nous comporter comme un enfant, de courir comme s’il y avait urgence ?
Deux hommes qui marchent dans la même direction, vers le Temple.
Tous deux commencent leur prière de la même manière : Dieu…
Mais la ressemblance s’arrête là.
Le pharisien se tient debout comme pour s’élever à la hauteur de Dieu, traiter d’égal à égal avec lui. Le publicain lui, multiplie les gestes qui maintiennent l’écart entre le Seigneur et lui : il se tient à distance, n’ose même pas lever les yeux au ciel, se frappe la poitrine en signe de repentir. Devant Dieu, l’un se grandit, l’autre s’abaisse.
Le pharisien prie comme s’il se parlait en lui-même. Il part de lui et va vers Dieu : je te rends grâce parce que je…
Le publicain lui parle à Dieu, il lui dit sa requête, le suppliant de venir vers lui dans une demande de faveur toute gratuite : sois-moi favorable. Il s’en remet totalement à la miséricorde de celui qu’il prie.